La pré-colonisation de l’Algérie facilitée par les Turcs – Acte II

Par Abdelkader Benbrik – Le dey Mustapha répond à Bonaparte.
Alger, le 12 août 1802.
De la part du Très Haut Seigneur Mustapha, sultan d'Alger, la ville bien gardée, à notre compagnon et notre ami Bonaparte, Premier Consul, souverain de la République française et de la République italienne,

Par Abdelkader Benbrik – Le dey Mustapha répond à Bonaparte.
Alger, le 12 août 1802.
De la part du Très Haut Seigneur Mustapha, sultan d'Alger, la ville bien gardée, à notre compagnon et notre ami Bonaparte, Premier Consul, souverain de la République française et de la République italienne,
Je vous salue. La paix de Dieu soit avec vous ! Ci-après, notre ami, je vous avertis que j'ai reçu par l'intermédiaire d'un général de votre garde et par celui de votre chargé d'affaires Dubois-Thainville votre lettre en date du 29 messidor ; je vais vous répondre article par article.
Premièrement, ma réponse est que je désire vous satisfaire sur tous les points. Quant au capitaine Ali, dont vous vous plaignez, quoiqu'il ne soit pas du nombre de mes gens, je l'ai fait arrêter et garrotter pour lui ôter la vie sur le champ, et dans le moment où j'en avais donné l'ordre, votre chargé d'affaires est venu et m'a demandé sa grâce en votre nom ; je la lui ai accordée en votre faveur et je l'ai mis en liberté.
Secondement, vous vous plaigniez de la prise d'une polacre napolitaine sous le canon des côtes de France. Ce fait vous a été rapporté d'une manière qui n'est point vraie ; cependant, par égard pour vous, j'ai affranchi les 28 matelots qui s'y trouvaient et je les ai fait remettre entre les mains de votre chargé d'affaires.
Troisièmement, vous réclamez le navire napolitain qu'on dit être sorti de Corfou avec des papiers français, il n'a point montré ces papiers, mais en votre faveur, j'ai affranchi les matelots de ce navire, et je les ai remis à votre chargé d'affaires.
Quatrièmement, vous m'aviez demandé de faire arrêter le capitaine qui a emmené deux navires de la République française ; par considération pour vous, je l'ai destitué, mais je dois vous informer que mes capitaines ne savent pas lire et que, de tous les écrits chrétiens, ils ne connaissent que les passeports d'usage. Telle est la cause de leur erreur dans cette affaire. Il convient que vous donniez ordre aux négociants de prendre avec eux quelques signes distinctifs pour que mes gens puissent les reconnaître.
Cinquièmement, vous réclamez 150 personnes qui ont été, à ce qu'on dit, jetées sur la côte à la suite d'un naufrage. Dieu a disposé de leur sort et il n'en reste pas un seul ; ils sont tous perdus. Tel est l'état des choses.
Sixièmement, vous dites que les hommes qui se sont emparés de ma confiance mettent le trouble entre vous et moi ; mais nous sommes amis, notre amitié est sincère et ancienne, et tous ceux qui s'interposent entre nous sont des amis communs.
Septièmement, vous désirez que nous soyons amis avec la République italienne et que nous respections son pavillon comme le vôtre. Vos intentions seront remplies ; si tout autre que vous nous l'avait demandé, nous n'aurions pas accordé cet article.
Huitièmement, vous ne voulez pas m'envoyer les 200 000 piastres que j'avais demandées en indemnité des pertes que j'ai essuyées par rapport à vous, et conformément aux promesses de votre chargé d'affaires, mais que vous nous accordiez ou nous refusiez cette somme, nous n'en serons pas moins amis.
Neuvièmement, je me suis entendu avec notre ami, le chargé d'affaires Dubois-Thainville, relativement aux affaires de la Calle et à ceux qui viennent pêcher le corail. La Compagnie d'Afrique pourra travailler comme auparavant ; j'ai ordonné au Bey de Constantine de la protéger.
Dixièmement, j'ai fait tout ce que vous désiriez pour vous satisfaire sur tout ce que vous demandiez ; je vous prie d'en agir réciproquement de même à mon égard.
Onzièmement, apprenez que je vous respecte et donnez des ordres pour ceux qui sont mes ennemis ne puissent naviguer sous votre pavillon ni sous celui de la République italienne, afin d'éviter toute altercation entre nous, parce que je désire rester votre ami.
Douzièmement, j'ai ordonné à tous mes capitaines de respecter le pavillon français ; le premier qui emmènera un navire sera puni.
Treizièmement, je vous prie en grâce de donner les ordres nécessaires pour qu'on termine les affaires de Bacri et de Busnach, attendu les pertes qu'ils ont essuyées pendant la réclamation de ces fonds. Je vous prie d'arranger cette affaire, ainsi que Dubois-Thainville me l'avait promis de votre part (*).
Quatorzièmement, notre ami, s'il survient quelque chose entre nous, écrivez-moi vous-même et tout s'arrangera à l'amiable. Et le salut.
A. B.

(*) – Bonaparte donna des ordres pour que les comptes de ces juifs fussent examinés avec soin. Ceux-ci transmirent au ministre une nouvelle note de leurs créances, montant à 8 151 012 francs et 54 centimes. Pour ceux qui sont frappés d’amnésie, ils peuvent consulter l’histoire de la résistance de l’Algérie, contre toutes les colonisations et la révolution réelle ne date pas uniquement du 1er novembre, sinon nous portons atteinte à cette histoire et à tous les martyrs qui ont combattu et se sont sacrifiés pour la patrie à une époque où n’existaient ni super-avantages ni pétrole, ni gaz ni licences d’importation, ni DRS, ni FLN, ni coopératives de construction… Il y avait seulement l’amour de la patrie et surtout le nif.

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