Les gifles africaines
Par Houari Achouri – La visite du président soudanais Omar Hassan El-Bachir à Alger, alors qu’il fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) depuis 2009, donne des ailes à l'Afrique du Sud. C’est officiel, l’ANC (African National Congress), parti au pouvoir en Afrique du Sud, a annoncé sa décision de sortir le pays de la CPI, dont l'Algérie n'est pas signataire, et qui vient de donner une gifle à ce tribunal partial et au service exclusif de l'Otan. Une première gifle lui avait été assénée, en juin, par l’Afrique du Sud qui avait laissé le président soudanais quitter le pays, après sa participation à un sommet de l'Union africaine (UA), sans tenir compte de la décision contraire prise par un tribunal sud-africain. Malgré ces déboires, la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, ne désespère pas placer le président soudanais en prison, à La Haye, mais pour l’heure, elle doit certainement constater avec dépit l’impuissance de son institution à mettre à exécution ses mandats d’arrêt en Afrique. La CPI a perdu son crédit en révélant son alignement sur les pays occidentaux dont elle sert ouvertement les intérêts, comme le prouve son comportement avec l’entité sioniste où les criminels auteurs d’assassinats d’enfants à Ghaza, et ailleurs en Palestine occupée, circulent librement et peuvent voyager à l’étranger. Il est donc normal que l’Afrique prenne ses libertés avec la CPI et limite ses pouvoirs dans le continent. Les juges de la CPI ne peuvent pas débarquer partout, dans n’importe quel pays, comme ils le font en Côte d’Ivoire dont ils ont piétiné la souveraineté nationale en arrêtant Laurent Gbagbo. Au lieu de s’élargir à de nouveaux membres, la CPI perd les pays qui y ont adhéré et ont cru à ses principes. Mais plus largement, c’est tout le dispositif de restriction des souverainetés nationales mis en place par les pays occidentaux, abusivement autoproclamés «communauté internationale», qui est rejeté. C’est l’Afrique du Sud qui en fournit là également la preuve. Son Assemblée nationale a adopté une loi qui prévoit que 51% des compagnies de sécurité privées devront être contrôlées par des Sud-Africains, les capitaux étrangers étant limités à 49%. L’épouvantail des «engagements internationaux» sur le commerce des services (GATS) pris dans le cadre de l'Accord général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) n’a pas fait peur aux dirigeants sud-africains, ni d’ailleurs les menaces proférées par la mission commerciale américaine qui a fait savoir que l'Afrique du Sud perdra des financements du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. 51/49, un rapport chiffré qui peut être traduit en lettres par «souveraineté nationale». Comme chez nous. La visite du président El-Bachir aussi.
H. A.
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