Une nouvelle instruction extravagante du wali de Béjaïa

Après avoir défrayé la chronique avec des mesures qu’il a prises au lendemain de son investiture, en juillet dernier, dont l’interdiction signifiée aux chefs de daïra et aux maires de sortir du territoire de la wilaya sans son autorisation, le wali de Béjaïa, Ouled-Salah Zitouni, vient d’instruire tous les responsables des établissements culturels sous son autorité d’interdire toute activité partisane ou politique dans leur enceinte. Selon une instruction officielle datée du 23 septembre 2015, et dont nous détenons une copie, le premier magistrat de la wilaya notifie à tous les responsables de l’exécutif (directeur de la culture, chefs de daïra, présidents d’APC) de «veiller scrupuleusement à l’interdiction de l’utilisation des maisons de la culture, des salles de cinéma et des salles de théâtre à des fins autres que celles pour lesquelles celles-ci sont destinées». L’objectif est clair : empêcher les partis politiques et autres associations d’y animer des conférences essentiellement politiques ou de libre débat, comme ils avaient jusque-là l’habitude de le faire, en introduisant une simple demande d’autorisation à l’autorité locale ou, parfois, en louant des salles. Le wali se réfère, dans sa décision, à une série de dispositions légales, dont une ordonnance datée du 8 juin 1966 portant Code pénal modifié et complété, et aussi à la loi 28/89 datée 31 décembre 1989, relative aux manifestations publiques, modifiée et complétée. Ce qui a fait dire à un observateur local que ce wali «s’est trompé à la fois de région et d’époque !» La décision est déjà mise en application, quoiqu’en catimini, puisqu’une conférence prévue cette semaine, qui devait être animée par Ali Yahia Abdenour dans une salle de cinéma à Akbou, a été interdite par les autorités locales en application de l’instruction du wali. Au sein de l’opposition politique locale, l’indignation est à son comble. Pour eux, il est hors de question de laisser passer cette «énième forfaiture» d’un wali qui, en cherchant à juguler le dynamisme politique parfois débordant de cette région, veut carrément bâillonner l’expression publique par tous les moyens. Mythifié par la vox populi qui lui prête une volonté surhumaine pour redresser une situation catastrophique à tous les niveaux, ce wali s’est révélé, au fil des jours, être un vrai autocrate.
R. Aït Ali

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