Les quatre erreurs fatales lors du débarquement français à Sidi Fredj

Par Khalil Oudainia – 14 juin 1830 au lever du jour, près de 50 000 soldats de l’armée française se trouvent sur le sol algérien, à Sidi Fredj exactement. Le rapport des forces était certes en faveur de l’armée française disposant d’une force de frappe redoutable et des canons plus sophistiqués. Mais même les plus optimistes des généraux français n’en reviennent pas d’un si facile débarquement. Comment cela a pu être possible ? Quelle a été la réaction du gouvernement algérien de l’époque ?
Déposition de Yahia Agha
La première grande erreur que Hamdane Khodja, fils de l’un des secrétaires de la Régence, a reprochée au dey Hussein dans son livre Le miroir était la déposition de Yahia Agha. Ce dernier était un chef militaire aguerri. Le dey Hussein, influencé par les calomnies du sérail, finit par croire les agitateurs. Il le remplace par son gendre Ibrahim Agha qui n’a aucune expérience militaire. Au contraire, il sera derrière la deuxième erreur fatale le jour du débarquement.
Laissez-les descendre, on va en finir une fois pour toutes !
Hamdane Khodja raconte : «Le temps n’était pas favorable à la marine française pour le débarquement. De Bourmont a commis l’erreur de faire descendre les hommes avant les canons et les fournitures de l’armée. Pendant trois jours, la marine se battait contre une mer agitée pour faire parvenir les bateaux de ravitaillement. Il y avait une occasion en or de séparer une partie de l’armée d’occupation du ravitaillement. Tout de même, Ibrahim Agha décide de laisser les soldats français débarquer tranquillement, puisque soi-disant il est décidé à décimer toute l’armée ! Malgré les tentatives ratées de résistance, la première mission de l’armée française est réussie. Les protections ont été entamées trop tard.»
Et si on s’éloignait d’Alger…
Ahmed Bey, gouverneur du beylick de l’Est, propose de s’éloigner d’Alger afin de dérouter l’armée française. Cette dernière sera obligée ou de suivre les résistants, ainsi, Alger est protégée. En outre, l’affrontement aura lieu sur un terrain favorable et connu par les Algériens, près de la rivière Mazafran. Ou elle décidera de marcher sur Alger, ainsi l’armée d’Ibrahim Agha pourra l’attaquer par l’arrière. Non, répond Ibrahim Agha. Ce n’est pas digne de fuir l’affrontement. Suite à la défaite de Staoueli, Ibrahim agha s’enfuit, craignant la réaction du dey. Mais après des médiations, il reprend la tête de son armée. Plus tard, après la prise du Bordj Mouley Hassan, le dey décide à déposer Ibrahim Agha. Il est convaincu enfin de l’incompétence de cet agha.
Une dernière option, évacuer Alger
Lors des tractations de la reddition d’Alger, Ahmed Bey proposa d’évacuer Alger de ses habitants et de se retrancher avec l’armée à l’intérieur du pays pour y organiser la résistance. L’armée française ne pourra pas subvenir à ses besoins sans le commerce avec les habitants locaux. Mais le dey refusa l’idée. Ces erreurs d’une extrême gravité ont contribué à la réussite du projet d’occupation. Mais même avant cela, la situation n’était pas meilleure. Citons à cet égard un passage du livre bien documenté de l’historien Tayeb Chentouf, Etudes d’histoire d’Algérie (XVIIIe et XIXe siècles) paru aux éditions de l’OPU. «En 1792, le dey de l’époque a refusé au bey de l’Ouest, Mohammed El-Kebir, de mettre en place une fabrique de canons. Cette fabrique pouvait bien combler le retard algérien en matière d’armement. Il craignait que le bey de l’Ouest, en devenant plus fort, songe à conquérir Alger.» Une fois de plus, les calculs des intérêts personnels des sultans font rater à l’Algérie une occasion de prendre la voie du développement.
Khalil Oudainia

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