Louisa Hanoune à Saïdani : «Je ne vous servirai pas d’escabeau»

La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, refuse de rejoindre l’initiative du parti du Front de libération nationale (FLN) pour la création d’un front de soutien au programme du président Abdelaziz Bouteflika. Très critique vis-à-vis de l’action gouvernementale et doutant fortement que le chef de l’Etat soit «au courant» de tout ce qui se fait et se passe en Algérie, Louisa Hanoune estime qu’elle ne peut pas servir d’escabeau à ceux qui veulent arriver rapidement au sommet du pouvoir. La patronne du PT ne voit aucun sens à donner à une telle démarche, elle qui milite «pour la préservation de la souveraineté nationale et des acquis sociaux des Algériens» et qui «craint pour la stabilité du pays». S’exprimant dans une conférence de presse animée aujourd'hui samedi, la SG du PT a, en effet, appelé à préserver la stabilité sociale du pays, à travers la sauvegarde du secteur public, la préservation du pouvoir d'achat des citoyens et l'édification d'une économie génératrice de richesses. Mme Hanoune a mis en garde contre la paupérisation des couches sociales défavorisées. Elle dénonce une nouvelle fois «la tendance générale du projet de loi de finances 2016 qui va vers la paupérisation de la classe moyenne de la société et la précarisation totale des couches les plus vulnérables». «Je le dis maintenant et le redirai à l’Assemblée populaire nationale à travers le groupe parlementaire du PT : le projet de loi de finances pour 2016 est dangereux pour le pays», a-t-elle relevé, affirmant qu’elle va être plus précise lors de son intervention à l’APN. «Je vais mieux viser», a-t-elle insisté, soulignant que ce projet de loi consacre ainsi l’abandon de la souveraineté nationale au profit d’une «oligarchie» qui «veut privatiser l’Etat». Mme Hanoune dit être attachée à la démarche du groupe dit des dix-neuf (dont se sont retirés quatre membres) qui demandent à rencontrer le président de la République pour l’alerter sur le virage dangereux pris par le gouvernement en matière économique. «Le retrait de quelques signataires ne remet pas en cause notre démarche qui est toujours maintenue», a-t-elle assuré, précisant n’avoir toujours pas reçu de réponse du président Bouteflika. «Ni négative ni positive», a-t-elle précisé. Pour elle, le groupe reste déterminé à poursuivre sa démarche citoyenne afin qu’il fasse éclater la vérité sur ce qui se passe actuellement en Algérie. Insistant beaucoup sur le projet de loi de finances qui sera soumis à débat à l’APN dès ce dimanche, Mme Hanoune estime que l’adoption de cette loi risquerait de «pousser le pays vers une récession économique, un recul de la consommation avec l'effondrement du pouvoir d'achat, la chute de la production nationale et l'annulation de grands projets qui accentuerait le problème du chômage». Elle compte à travers les députés de son parti apporter plusieurs amendements, espérant qu’ils seront acceptés et retenus. Mme Hanoune n’a pas épargné, par ses critiques, le projet de loi sur les investissements, mettant en garde contre «les fuites des capitaux vers l'étranger, la privatisation des entreprises publiques, la menace contre le secteur public et la souveraineté économique du pays». Elle assure qu’elle ne va pas se taire et qu’elle continuera à dénoncer haut et fort ce qu’elle qualifie de «dérives» à la fois politiques et économiques qui hypothèquent l’avenir des Algériens.
Rafik Meddour

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