Un cinéaste invité en Algérie décerne un prix à un film documentaire sur le «Sahara marocain»

Le jury makhzénien du Festival national du film documentaire sur la culture, l’histoire et l’espace sahraoui hassani vient de décerner un prix à Laâyoune, capitale du Sahara Occidental, à l'occasion de la «marche verte», au réalisateur Hassan El-Baharrouti, pour son documentaire L’identité d’un frontqui vante ostensiblement la «marocanité du Sahara». Jusque-là, rien d’anormal dans un pays où l’activité culturelle est totalement sous contrôle et conditionnée par les dogmes idéologiques et politiques dominants, notamment en ce concerne la question sahraouie. Mais ce qui attire l’attention, c’est que dans ce jury siège le réalisateur et scénariste marocain Saâd Chraïbi, celui-là même qui avait été désigné membre du jury du (très officiel) Festival du film maghrébin d’Alger organisé en mai dernier ! Comment expliquer cette légèreté avec laquelle les organisateurs algériens ont admis dans une instance officielle, dont les membres sont bien évidemment pris en charge par l’Etat algérien, un individu qui véhicule une pensée ou une attitude foncièrement anti-algérienne sur une question aussi essentielle que celle du Sahara Occidental ? Si on ne peut accuser la partie organisatrice algérienne de complicité dans le choix de ce cinéaste marocain, on est en droit de s’interroger sur le degré de vigilance et même de patriotisme chez certains de nos responsables qui, parfois, se laissent emporter par des relations «amicales» ou «confraternelles» qui sont justement exploitées par des officines étrangères ou des parties malintentionnées pour accomplir des missions précises. Une chose que les Algériens ont pu vérifier, en août dernier à Constantine, lorsque quelques poètes marocains invités à des «nuits de poésie» organisées dans le cadre de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» ont malicieusement réussi à faire signer à leurs collègues algériens une déclaration réclamant la réouverture des frontières entre les deux pays au nom de la «fraternité millénaire». Suite à l’information révélée par Algeriepatriotique,le ministère de la Culture a promptement réagi pour déjouer la manigance. Il y avait eu aussi, dans le même chapitre, le cas du mythe du football mondial Diego Maradona, qui a été invité à Alger dans le cadre d’une campagne promotionnelle qui a coûté une somme faramineuse à l’Etat algérien, avant d’aller danser à Laâyoune occupée à la même occasion. En revanche, les Marocains, eux, n’hésitent pas à sévir contre les personnes qu’ils croient avoir soudoyées. C’est le cas du roi du raï Khaled qui, après avoir longtemps chanté les louanges du pays voisin et de son roi, se trouve aujourd’hui indésirable sur le territoire marocain. Ainsi, on vient d’apprendre que son concert prévu le 15 janvier prochain à Casablanca a été tout simplement annulé. Une décision qui, on le comprend, a été prise par la haute administration (le Makhzen) suite au gala historique animé par Khaled à Tindouf, le 1er novembre dernier, cinq jours avant la commémoration, au Maroc, de l’occupation du Sahara Occidental.
R. Mahmoudi
 

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