La base militante du FLN à Amar Saïdani : «Vous avez trahi le serment des martyrs !»

Le mouvement de redressement du Front de libération nationale (FLN) reprend du poil de la bête. Profitant des derniers dérapages du secrétaire général contesté du parti, Amar Saïdani, le mouvement de redressement, dirigé par Abdelkrim Abada, saisit, par le biais d’une lettre ouverte, le président de la République en sa qualité de président honorifique du FLN. «Nous venons vers vous avec beaucoup de tristesse, dans un contexte marqué par des difficultés et des défis auxquels doit faire face le pays, pour vous exposer la situation lamentable dans laquelle se trouve notre parti. Une situation qui l’empêche d’assumer son rôle actif dans la gestion de cette période difficile», écrit Abdelkrim Abada qui affirme que le parti n’est jamais sorti de la crise qui a éclaté au lendemain du 9e congrès. Le mouvement de redressement énumère dans cette lettre ouverte une série de griefs retenus contre Amar Saïdani qu’il accuse de dévier de la ligne «sacrée» du parti et d’aller à contre-courant de la politique étrangère de l’Algérie et de ses positions immuables sur certaines questions comme celle du Sahara Occidental. Le premier reproche fait au secrétaire général du FLN, c’est d’avoir «privatisé» le parti en limitant son action à sa personne. Le mouvement de redressement souligne, parmi les nombreuses dérives de Saïdani, le fait d’avoir invité ceux qui veulent se renseigner sur l’état de santé du chef de l’Etat à s’adresser au président Hollande. Pour les redresseurs, «il s’agit d’une faute politique impardonnable pour un parti né du FLN historique». Le mouvement de redressement cite également les propos de Saïdani sur Chakib Khelil et sur les affaires de corruption qui sont au niveau de la justice. Des propos que les redresseurs dénoncent vivement et refusent d’assumer en tant que militants du parti. Ils estiment qu’Amar Saïdani, qui s’exprimait au nom du FLN, n’avait pas à commenter des affaires qui sont au niveau des tribunaux. Comme ils considèrent que ses propos sur la cause sahraouie comme une dérive sur laquelle «la base militante» ne veut pas se taire. Le mouvement de redressement dénonce ainsi le fait que Saïdani a affirmé qu’il avait une position autre sur la question sahraouie que la position officielle de l’Etat algérien. Pour eux, il a tout simplement trahi le serment des martyrs en se mettant au «service» des intérêts d’un autre pays. Dans la lettre adressée au chef de l’Etat, les redresseurs ont aussi critiqué les positions de Saïdani sur certains choix économiques faits par le gouvernement qui ne sont pas dans l’intérêt du citoyen algérien. Le mouvement dirigé par Abdelkrim Abada a remis en cause également l’initiative de Saïdani relative à la création d’un front commun pour soutenir le programme du président Bouteflika, dénonçant «l’arrogance avec laquelle Saïdani s’adresse au reste de la classe politique» et le non-sens d’une initiative qui invite tout le monde y compris l’opposition à soutenir le programme du président de la République. Ce mouvement appelle le chef de l’Etat à agir rapidement pour sauver ce qui reste encore du FLN. Il l’appelle aussi à agir pour «préserver les grands principes du parti» qui sont menacés, pour «protéger son identité qui risque d’être disloquée et pour conserver son héritage» qui risque d’être effacé. Les redresseurs considèrent leur lettre ouverte au président Bouteflika comme «une nécessité absolue» pour qu’il sache dans quel état se trouve le FLN sous Amar Saïdani. Un FLN en voie de «désintégration».
Rafik Meddour
 

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