Argent destiné à la Mosquée de Paris et convoitises marocaines : les vérités de Mohamed Aïssa

Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a affirmé mardi que «l'Algérie a entamé officiellement les procédures d'appropriation de la Grande mosquée de Paris». Dans son exposé devant la commission des affaires étrangères de l'APN autour de la situation des lieux de culte de la communauté nationale à l'étranger, le ministre a déclaré que «les procédures visant à faire de la Mosquée de Paris une propriété de l'Etat algérien ont été entamées officiellement par le biais de l'ambassade d'Algérie à Paris». Cette démarche s'appuie sur une loi française qui stipule qu'«un pays étranger qui finance une association de droit français peut, passés 15 ans, prétendre à la propriété de cette entité, ce qui est le cas pour la Grande mosquée de Paris, administrée par la société des Habous». La déclaration du ministre intervient en réponse aux préoccupations de membres de la commission sur la gestion de la Grande mosquée de Paris et de la société des Habous qui ont «dévié des missions qui leur ont été assignées». A ce sujet, Aïssa a répondu : «Jusqu'à nouvel ordre, la société des Habous continuera à être gérée par la France selon ses lois». Il a rappelé dans ce contexte que la Grande mosquée de Paris est gérée par la société des Habous dans le cadre d'un accord de coopération signé en 2001 avec la France, portant création de cette association de droit français. Cette dernière travaille en coordination avec la Commission nationale des wakfs en Algérie. L'accord a permis à l'Algérie de «dépêcher des imams à cette société, présidée par le recteur de la Grande mosquée de Paris, pour les répartir par la suite sur les mosquées». Une «déclaration d'intention» a été signée fin décembre 2014 dans le cadre de cette coopération portant sur trois axes, «la formation des imams, les caravanes culturelles et la coopération religieuse pour la lutte contre l'extrémisme religieux». Concernant la gestion de la Grande mosquée de Paris, Mohamed Aïssa a précisé que «les aides financières octroyées par l'Algérie à cette institution sont déposées dans le compte de l'ambassade d'Algérie à Paris, laquelle se charge de les verser à la mosquée». Cependant, a-t-il relevé, l'opération s'effectuait «en l'absence d'un accord qui définit les voies de dépenses de ces fonds». Pour remédier à cette situation, il a été décidé en coordination avec le Premier ministre de geler les aides provisoirement, a fait savoir Aïssa. «Nous avons amorcé l'étape de la gestion réglementée suivant laquelle le budget alloué à la Grande mosquée de Paris (205 millions de dinars) sera réparti de manière claire et transparente». L'accord est entré en vigueur et la «décision de gel sera levée prochainement», a rassuré le ministre. S'agissant de la demande de certains députés d'ouvrir une enquête sur la destination des fonds «colossaux» collectés par la Mosquée de Paris après avoir obtenu la certification «halal», Aïssa a souligné que l'«Etat algérien n'a aucune relation avec le commerce halal qui est une activité purement commerciale qui s'exerce sur le territoire français». Il a saisi cette occasion pour préciser que «le gouvernement a ordonné la régulation des mécanismes de sélection des entreprises habilitées à certifier les produits halal importés par l'Algérie». Par ailleurs, le ministre a évoqué la lutte contre l'extrémisme parmi les jeunes de la communauté nationale à l'étranger qui s'explique par un rôle de moins en moins influent de la Grande mosquée de Paris et l'absence d'écoles algériennes, «qui font que les jeunes Algériens intègrent des écoles marocaines et saoudiennes». Il a souligné à ce sujet que l'«Algérie est aujourd'hui en position de force en matière de lutte contre l'extrémisme religieux». «C'est également une référence dans ce domaine avec la reconnaissance de l'Etat français. Cependant, cette place privilégiée se trouve menacée en raison de l'existence de concurrents potentiels qui risquent de prendre le monopole des mosquées si les efforts ne sont pas intensifiés», a-t-il mis en garde. Le ministre a présenté des statistiques sur les agressions islamophobes ayant ciblé les mosquées en France à la suite des attentats contre Charlie Hebdo. 140 incidents ont été enregistrés en dix jours. Même constat suite aux derniers attentats de Paris, avec 134 incidents, a-t-il précisé. La Grande mosquée de Paris bénéficiera d'une assurance contre d'éventuelles agressions, a annoncé le ministre. Aïssa a enfin tenu à rappeler que le nombre des mosquées concernées par la mesure de fermeture suite à ces évènements était de 100 mosquées, précisant qu'«aucune de ces mosquées ne relève de la Grande mosquée de Paris».
R. N.

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