Mon projet pour un sauvetage global de l’Algérie

Par Aïssa Nedjari – 2016. L'Algérie se trouve au plus mal. Pas un seul de ses secteurs d'activité : culturel, économique, social… n'est épargné. Ses caisses sont vides. Sa souveraineté alimentaire est dépendante des importations massives à plus de 80%. Sa culture, sa politique et sa morale se trouvent dans le caniveau. Partout le peuple gronde. Il a légitimement et définitivement retiré sa confiance à ses dirigeants. Sa paix sociale se trouve menacée de manière réelle et présente. Au sud, le réchauffement climatique et des activités néfastes de l'homme font irrémédiablement monter le Sahara à la vitesse d'un cheval au galop, dévaste des terres agricoles et de pacage, assèche des sources et des puits d'eau ou les rend salins, impropres à la consommation humaine, animale et à l'arrosage des cultures. Au nord, les mêmes causes font qu'océans et mers gonflent, montent, les tempêtes se multiplient et redoublent de force et de férocité, ravagent des plages, arrachent des quartiers résidentiels et érodent des terres de culture autrefois à haut rendement. Au centre, les grands domaines qui symbolisaient autrefois le grand colonat, des terres grasses et généreuses, des vergers luxuriants, ont été livrés à la mafia du foncier. Du vert du paradis, ils ont définitivement viré au gris béton et au noir macadam. En 1962, l'Algérie comptait neuf millions d'habitants. Elle en compte actuellement 40 millions. Au moment de son accession à l'indépendance, sa production agricole était cinq fois supérieure à ses besoins. Elle exportait vers la France et les autres pays européens son excédent, soit 3/4 de sa production nationale. L'Algérie a délibérément ruiné son agriculture. Elle a confié sa souveraineté alimentaire à des spéculateurs sans vergogne. Actuellement, l'Algérie importe plus de 80% de ses besoins en céréales, en légumes secs, en lait, etc. Le coût annuel de ses importations incompressibles est estimé à 40 milliards de dollars. Cette tendance ira en s'aggravant. L'Algérie qui fut surnommée le «grenier à blé de Rome», pays agricole par excellence, voit sa surface agricole se rétrécir comme peau de chagrin et à jamais stérile. Ses ressources en devises étrangères, soit plus de 97%, reposent sur son gaz et son pétrole dont les prix ont littéralement fondu comme neige au soleil. Qu'en sera-t-il dans 20 ans, quand la population algérienne comptera 80 millions d'habitants, le pétrole et le gaz totalement épuisés ?
Esquisse d'un projet révolutionnaire
Je propose, en plusieurs étapes, une esquisse d'un projet révolutionnaire de développement global. Sa conception sera l'œuvre de cerveaux algériens, sa réalisation par une main-d'œuvre locale et financièrement auto-entretenue. Dans un délai maximum de cinq années, l'Algérie doit recouvrer sa souveraineté alimentaire à un niveau égal ou supérieur à 80%. En prévision des aléas climatiques, il faut se constituer une réserve stratégique pour trois années, éradiquer de sa surface toutes formes d'habitat indigne, la débarrasser complètement de sa corruption, développer des structures touristiques au moins égales à celles des pays voisins. Le peuple algérien (Berbères, Arabes, croyants ou autres) a une histoire, des valeurs, mais aussi des vices. La modernité a les mêmes défauts, mais plus nombreux et plus graves. L'Algérien de demain doit apprendre à se servir d'un crible à mailles serrées pour séparer ses vertus de ses vices traditionnels et de la modernité et en faire une synthèse. Aussi doit-il étudier, avec minutie et sans parti pris, crises, catastrophes et tragédies qui se sont nouées ailleurs, en d'autres temps et autres lieux et comment ont-elles trouvé leur issue. On constatera que notre sort est grave, mais pas désespéré. Des solutions existent. L'Algérien, si on lui fait confiance, est capable de faire des miracles. Dans un passé récent, il a forcé l'admiration du monde. Il a fait preuve d'un courage et d'une générosité exemplaires. Cependant, aliéner sa liberté, se battre avec un fusil jusqu'au sacrifice suprême pour se libérer du joug d'un colonisateur relève certes de la haute noblesse, mais fonder un Etat de droit moderne à partir de rien, respectueux de ses propres droits et de ceux d'autrui, nécessite un personnel politique autre que celui que l'Algérie pouvait aligner en 1962. Autrement dit, certaines erreurs commises par certains dirigeants algériens, civils et militaires, étaient de bonne foi, inévitables, prescriptibles et pardonnables. En revanche, les nier et continuer à en commettre d'autres relèverait de crimes imprescriptibles et inexcusables. La classe politique algérienne doit reconnaître ses erreurs passées, éviter d'en commettre d'autres dans le présent et l'avenir en proposant un nouveau régime politique fondé sur l'antique principe : «vox populi, vox dei».
A. N.

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