Décès d’Aït Ahmed : le message de condoléances du président Bouteflika comporte une erreur historique

C’est la seconde fois que des impertinences sont relevées dans les messages attribués au président de la République. Après le fameux quiproquo qui a caractérisé le message lu au nom du chef de l’Etat à l’occasion de la fête de la Victoire célébrée le 19 mars à Ghardaïa, dans lequel le Président s’était attaqué avec une rare virulence à la presse et aux partis d’opposition, avant que ce passage soit retiré, une faute grave s’est glissée dans le message de condoléances adressé à la famille de Hocine Aït Ahmed, et publié dans son intégralité par l’agence APS. Dans le passage consacré au parcours du défunt dans le mouvement national, le rédacteur du message cite les nombreuses rencontres et conférences internationales auxquelles Hocine Aït Ahmed a pris part, «en passant par son évasion des geôles du colonisateur». Or, Aït Ahmed ne s’est jamais évadé de prison pendant l’époque coloniale. La seule fois où il a été emprisonné durant la guerre de Libération, ce fut suite au célèbre détournement de l’avion, le 22 octobre 1956, en compagnie de quatre autres dirigeants de la Révolution. Et on sait que les «cinq» n’ont été libérés qu’après la signature des accords du cessez-le-feu du 19 mars 1962. Hocine Aït Ahmed s’est évadé de prison, une fois dans sa vie, dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1966, après deux ans passés au pénitencier d’El-Harrach. Ce n’était donc pas dans les geôles coloniales ! Comment une telle grossière erreur a-t-elle pu se glisser dans un texte portant la signature du chef de l’Etat et, de surcroît, destinée à une large diffusion ? La première hypothèse qui pourrait être avancée est que le rédacteur s’est emmêlé les pinceaux sur ce double parcours qu’a connu Aït Ahmed. Il est également possible que l’auteur ait confondu le parcours de feu Hocine Aït Ahmed avec celui de son compagnon au sein de l’OS – mais qui deviendra néanmoins son geôlier à l’Indépendance –, c’est-à-dire Ahmed Ben Bella qui nous quittés le 11 avril 2012 et qui, lui aussi, a eu droit au même hommage de la nation. Car, en effet, Ben Bella s’est évadé de prison, suite au démantèlement de l’organisation, suivie de l’arrestation de ses dirigeants. L’ancien président a réussi à s’évader de la prison de Blida, en mars 1952, avec Ali Mahsas, pour gagner, peu de temps après, l’Egypte, où il va retrouver notamment Hocine Aït Ahmed et Mohamed Khider pour diriger la section du MTLD au sein du bureau du Maghreb. La confusion est telle que le message de condoléances adressé à la famille d’Aït Ahmed aurait pu très facilement s’appliquer à Ben Bella. Dans tous les cas de figure, cette imprécision dans le message du Président dénote le peu d’attention et de rigueur avec lequel sont élaborés les messages du chef de l’Etat, au niveau de la présidence de la République. Des irrégularités qui renforcent ceux qui, depuis quelque temps, émettent des doutes sur le fonctionnement normal des affaires de l’Etat au niveau de cette institution.
R. Mahmoudi

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