De la déchéance à l’exclusion !
Par Anaaf – Il y a deux semaines à peine, nous avons signé une contribution ayant pour titre «Des événements de Corse à la déchéance». Depuis, nous avons assisté à une véritable levée de boucliers dans un pays où le débat est vraiment démocratique. Devant cette protestation qui a permis aux différents courants de s'exprimer librement, il est vite apparu que l'Exécutif ne pouvait, à l'évidence, réunir le quorum exigé par la loi pour voter ce projet contraire aux valeurs républicaines de la France. Voilà que, par une extraordinaire concomitance, ou mimétisme, allez savoir, c'est l'Algérie qui projette d'exclure ces mêmes binationaux de toute possibilité d'accéder à des fonctions «supérieures» de l'Etat ! En effet, dans son article 51, ce projet de Constitution contient cette honteuse proposition, écrite sans la moindre gêne vis-à-vis d'une diaspora qui a de tout temps levé haut, et en toute circonstance, l'étendard de sa patrie d'origine ! Cette insulte suprême des auteurs de cette inqualifiable méprise est à inscrire au panthéon des reniements envers les martyrs qui ont marqué l'histoire de notre pays, et dont ceux de la communauté ont écrit une page glorieuse et déterminante pour son indépendance. C'est oublier que l'ex-Fédération de France du FLN a permis à la révolution algérienne de disposer des moyens pour mener sa lutte, et sans lesquels le cours de l'histoire aurait certainement été autre. Cette indépendance qui a permis à des «cadres», aujourd'hui haut perchés dans ces hautes fonctions, de vouloir monopoliser le patriotisme ! A-t-on réfléchi aux conséquences d'une telle disposition qui discrimine délibérément une frange considérée jusqu'à présent comme partie intégrante du peuple algérien ? Tous ces cœurs qui battent à l'unisson avec la mère patrie, à chaque évènement qu'il soit fait de joie ou de peine, vont-ils être ignorés et considérés comme des parias ? Tous ces consulats et ambassades vont-ils rester ouverts pour accueillir une population non reconnue et désormais sans lien ombilical avec la nation algérienne ? Alors que toutes les nations accordent de la considération à leurs diasporas, en ayant de véritables politiques à leur égard, la communauté algérienne est orpheline depuis quelques temps et mal aimée par son pays d'origine qui n'a de liens que consulaires et froidement administratifs avec elle. Pis, avec cet article 51, on jette un véritable opprobre sur une jeunesse en lui barrant la route vers un éventuel retour, toujours rêvé, et enfui dans leur subconscient ! Quand d'autres nations, aujourd'hui puissances mondiales, telles que la Chine et même l'Inde, ont fécondé leur économie respective avec l'apport déterminant de leurs diasporas, l'Algérie se propose de mettre la sienne sur le banc des accusés, comme de potentiels traîtres à sa sécurité ! Cette dernière, au nom de laquelle le système a fonctionné, empêchant toutes les potentialités du pays de s'exprimer, et de donner libre cours à leur créativité, poussant des centaines de milliers, à justement s'expatrier pour enrichir d'autres pays, au détriment de l'Algérie ! Devant une telle injustice, osons espérer que le débat amènera les esprits égarés à revoir cette disposition. Nous faisons appel à Monsieur le président de la République, lui qui a la prérogative constitutionnelle de maintenir ou d'abroger cet article, et qui a mis toutes ses forces dans la réconciliation nationale, de réparer cette flagrante et intolérable injustice. Cela est d'autant plus indispensable qu'une telle mesure occulte pour le peuple en général, et à la communauté à l'étranger en particulier, le reste des dispositions du projet qui contient de véritables avancées démocratiques dans plusieurs domaines tels que la consécration de tamazight en langue nationale et officielle, la limitation des mandats présidentiels, les garanties pour des élections transparentes, la limitation de l'usage des ordonnances, la saisine du Conseil constitutionnel, etc. La communauté garde cet espoir et observe avec attention les prises de position des uns et des autres.
Alliance nationale des associations des Algériens de France
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