Selon The Independent : les services secrets allemands savent que Riyad soutient le terrorisme

En une page et demie, un mémo publié début décembre dernier, le BND – services secrets allemands – a placé dans le collimateur l’Arabie Saoudite pour son jeu trouble sur la scène moyen-orientale et son appui aux groupes terroristes. Le BND rappelle que l’Arabie Saoudite a encouragé la création en Syrie de l'Armée de la conquête, constituée de terroristes enrôlés au sein du groupe Ahrar al-Sham et du Front al-Nosra, filiale d'Al-Qaïda dont elle favorise, par ailleurs, au Yémen, sa branche régionale Aqpa à travers la guerre engagée contre le mouvement houthi et l'armée yéménite, au moment, ajoute le BND, où les Etats-Unis tentent vainement, depuis des années, d'affaiblir Aqpa par les frappes de drones. Le quotidien britannique The Independentqui rapporte cette information souligne le rôle du ministre saoudien de la Défense et vice-prince héritier Mohammed ben Salmane (29 ans), présenté comme le fils préféré du roi Salmane ben Abdelaziz Al-Saoud, dans ce qui est décrit comme une «politique impulsive d'intervention» qui explique en même temps l’activisme dont fait preuve l’Arabie Saoudite pour déstabiliser les pays perçus comme hostiles, c'est-à-dire alliés de l’Iran. Pour le BND, le soutien, à peine caché, de l’Arabie Saoudite aux groupes terroristes en fait un pays dangereux à cause de son imprévisibilité. The Independentexplique que c’est l'exécution du religieux chiite cheikh Nimr al-Nimr et de 46 autres personnes, le 2 janvier, qui a sonné l’alerte des gouvernements sur la menace que constitue l’Arabie Saoudite motivée par sa rivalité avec l’Iran et par son ambition de prendre le leadership dans le monde arabe et d’être le chef de file des sunnites. Cette politique est engagée, fait observer le BND, depuis l’arrivée sur le trône du roi Salman en janvier 2015 après la mort du roi Abdullah. En développant la diffusion de l’idéologie wahhabite et en accordant aux groupes terroristes le financement qui leur permet de recruter et d’acheter des armes en vue d’actions criminelles en Syrie et maintenant dans les pays européens, comme en France le 13 novembre dernier, l’Arabie Saoudite agit de plus en plus pour son propre compte et devient un allié dont se méfient les pays occidentaux. Le BND met en garde contre les agissements du prince Mohammed et avertit que la concentration de tant de pouvoir dans ses mains «recèle un risque latent qu'en cherchant à s’établir dans la ligne de succession dans la vie de son père, il peut outrepasser les limites». En toile de fond, The Independentavance comme raison principale à cet aventurisme de l'Arabie Saoudite, traduit dans des actions unilatérales, la déception causée par l’accord conclu entre les Etats-Unis et l’Iran sur la question du nucléaire. Des voix s’élèvent en Allemagne pour arrêter les exportations d’armes européennes en direction de l’Arabie Saoudite à cause du soutien apporté par ce régime aux groupes terroristes. La note du BND, les dépassements des migrants à Cologne, mais surtout, sans doute, l’attentat d’Istanbul qui a tué neuf touristes allemands, ajoutés aux menaces d’actions terroristes en Allemagne même, sont autant d’arguments pour la révision des relations internationales qui lie ce pays à l’Arabie Saoudite, perçue de plus en plus comme une plaque tournante du terrorisme. Il faut rappeler que l’Allemagne a toujours été une terre d’asile pour les islamistes extrémistes recherchés dans leur pays, l’essentiel pour les autorités allemandes est qu’ils se limitent à diriger leurs attaques contre leurs pays d’origine. Mais les attentats commis en France et les tentatives déjouées en Allemagne même montrent que les terroristes ne respectent plus cette règle et utilisent le pays d’asile comme base pour leurs projets criminels. L’éradication de ce fléau est en train de passer en tête des critères de la politique étrangère des pays européens, dont l’Allemagne.
Houari Achouri
 

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