Le roi du Maroc actionne deux baiseurs de main «républicains» pour ses besoins de propagande

C’est l’affolement au Maroc. L’ancienne ministre française de la Justice et garde des Sceaux, et actuellement eurodéputée, Rachida Dati, pure fabrication de Nicolas Sarkozy, a le pressentiment que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) confirmera l’arrêt rendu le 10 décembre 2015 qui a annulé l’accord de libéralisation des produits de l’agriculture et de la pêche entre le Maroc-UE, parce qu’il s’applique au Sahara Occidental, territoire sous occupation marocaine coloniale, selon le droit international. La CJUE avait alors donné raison aux associations de solidarité avec le peuple sahraoui et également aux eurodéputés qui avaient exprimé leur opposition, en 2012, à la signature de cet accord en violation du droit international. La CJUE a ainsi tenu compte du fait que la souveraineté de Rabat sur le Sahara Occidental n’est pas reconnue y compris par l’UE, et encore moins par les Nations unies. Cette jurisprudence conteste, en fait, le pillage des ressources naturelles du Sahara Occidental par le Maroc. Les sociétés internationales sont de moins en moins nombreuses, face à la mobilisation de l’opinion internationale, à être tentées par les appels du roi à aller faire des affaires dans cette dernière colonie d’Afrique. La décision de la CJUE les dissuade encore plus. C’est cela qui inquiète Rachida Dati. Elle a entraîné trois autres eurodéputés, Louis Michel, Gilles Pargneaux et Marc Tarabella, dans sa démarche pour ameuter le Conseil de l’Europe en cherchant à faire pression sur la CJUE sous couvert de l’encouragement et du soutien au Maroc dans «ses réformes démocratiques» et de lui éviter une catastrophe économique et sécuritaire. Elle invoque «la nécessité de garder le royaume du Maroc comme partenaire stratégique de l'Union européenne». Elle craint pour la stabilité économique et politique du Maroc, «au sein d'une région déstabilisée par les crises». Elle met dans la balance la part du Maroc dans la prévention de la radicalisation pour faire face aux défis sécuritaires actuels qui exigent, selon elle, «le développement d'une coopération renforcée au niveau de l'échange d'informations et le partage de bonnes pratiques». Le scandale provoqué par le comportement des ressortissants marocains qui ont commis des actes de violence à Cologne (Allemagne) contre des femmes, à l’occasion des fêtes du réveillon, tombe mal pour le Maroc dont Rachida Dati veut vendre la fausse image d’un pays modèle dans son partenariat avec l’UE «en matière de mobilité, de sécurité et de migration». Le ministre des Affaires étrangères marocain, Salaheddine Mezouar, s’est cru avisé en brandissant le chantage à la suspension de la coopération sécuritaire avec l’UE, mais c’est l’Allemagne qui pourrait suspendre l’aide qu’elle accorde au Maroc, après les actes de violence commis à Cologne. Jeudi dernier, Rachida Dati avait pratiquement mis en alerte le Conseil de l’Europe sur les conséquences d’une telle situation sur le Maroc et demandé que des garanties soient apportées à son pays d’origine. Elle avait interpellé Federica Mogherini, Haute représentante de l’Union européenne aux affaires étrangères et à la sécurité, dans une question qu’elle lui a adressée pour savoir ce que fera le Conseil de l’Europe si une telle éventualité se présente.
Le Sahara Occidental, zone interdite
La CUJE examinera à partir de la mi-janvier le recours introduit par l’UE et rendra sa décision après une procédure qui prendra plusieurs mois. Ce qui se passe au Sahara Occidental, dans le domaine des droits de l’Homme, ne plaide pas du tout en faveur du Maroc. Des délégations en provenance de la Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, du Canada, des Etats-Unis et de Suède ont été expulsées des territoires occupés du Sahara Occidental et de Goulimim (sud du Maroc) vers la ville marocaine d'Agadir, selon des informations données par l’agence sahraouie de presse. Le Comité norvégien de soutien au peuple sahraoui a fait savoir que dix Norvégiens, dont la vice-présidente de la jeunesse, Emilie Bersaas, ont été expulsés dimanche matin de Goulimim vers Agadir par des agents de la police marocaine qui ont ordonné au groupe de plier bagage, citant des déclarations d’Emilie Bersaas, rapporte la même source. La jeune Norvégienne a insisté pour connaître les raisons de cette expulsion, mais les responsables marocains ont refusé de répondre et de donner plus de précisions. D’autres médias ont rapporté le cas de Tove Liljeholm, membre du parti de la gauche radicale suédoise «Ung Vänster » (jeune gauche), qui a été stoppée par la police au niveau de la ville de Guelmim, l'empêchant d’entrer au Sahara sous prétexte que c’était une zone interdite. Ces délégations sont issues de partis politiques qui forment au sein du Parlement européen le groupe de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL). Ce groupe a proposé un amendement portant sur l'extension du mandat de la Mnurso à la surveillance et la protection des droits de l'Homme au Sahara Occidental occupé par le Maroc, qui a été adopté en décembre par 258 voix contre 251, à l'issue du vote de la résolution du Parlement sur le rapport annuel 2014 sur les droits de l'Homme et la démocratie dans le monde ainsi que sur la politique de l'UE en la matière. Les eurodéputés demandent aux Nations unies à doter la Minurso d'un mandat de surveillance des droits de l'Homme. La situation sécuritaire qui prévaut au Maroc facilite les atteintes aux droits de l’homme.
Des experts américains : le Maroc doit avoir peur pour son avenir
Trois experts universitaires américains, spécialisés dans les questions de terrorisme international, celui de Daech spécialement, viennent de lancer un sérieux avertissement sur la situation sécuritaire au Maroc. Ces trois experts, Max Abrahms, expert en terrorisme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et professeur adjoint de sciences politiques à l'université Northeastern à Boston, Haim Malka, directeur adjoint au Center for Strategic and International Studies à Washington, et Ann Wainscott, professeur adjoint de sciences politiques à l'université de St. Louis dans le Missouri, ont fait part au journal en ligne économique américain, International Business Times, de leurs craintes à ce sujet. Selon eux, derrière une fausse réputation de stabilité, le Maroc court à moyen terme un grave danger du fait qu’il est spécialement ciblé par Daech à partir de la Libye. Ils expliquent que «le Maroc porte en lui des facteurs de vulnérabilité, qui pourraient, si non résolus définitivement, causer sa perte». Ils citent particulièrement sa pauvreté économique, «qui le fragilise socialement et rend sa population, spécialement les jeunes souffrant à large éventail de chômage, extrêmement sensibles aux discours radicalisant et prédisposés à aller rejoindre Daech». Ce facteur est aggravé par «les inégalités sociales, l’extrême pauvreté d’une frange importante de la population, l’analphabétisme» qui sont, selon eux, les principales raisons «qui font que 1 500 Marocains ont rejoint Daech en Syrie et en Irak et 300 Marocains l’ont rejoint en Libye, et chaque semaine, les polices du royaume annoncent des opérations de démantèlement de cellules terroristes». Haim Malka estime que «le noyau djihadiste en Libye, qui attire les Marocains, les Tunisiens et les autres, est un défi majeur, qui sera de plus en plus difficile pour le Maroc de s’en prémunir». Pour les trois experts, «des facteurs comme l’instabilité grandissante en Libye, le chômage des jeunes Marocains et la politique hyper-sécuritaire qui risque de glisser vers l’arbitraire et l’injustice, et qui produirait ainsi un effet inverse, sont des éléments de menaces qui pèseront de plus en plus lourd sur l’avenir du royaume si rien de stratégique n’est entrepris pour solutionner ces problèmes». On sait qu’à l’approche des fêtes de fin d’année, Daech avait menacé de frapper le Maroc, notamment avec du gaz sarin, notamment à Agadir, Marrakech et Tanger. La menace terroriste sur le Maroc, d’où sont originaires les auteurs des attentats du vendredi 13 novembre 2015 à Paris, dont le cerveau lui-même, est bien réelle.
Houari Achouri

Lire la déclaration de Rachida Dati

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