L’espérance de vie d’un usager des routes algériennes
Par Aissa Nedjari – Vu le nombre excessivement élevé d'accidents de la circulation mortels, qui endeuillent quotidiennement des dizaines de familles algériennes, rester indifférents et/ou silencieux relèverait de la non-assistance à peuple en danger. Nous tentons ici une esquisse d'étude comparée du phénomène sur les deux rives de la Méditerranée et de pointer les principales causes. La population algérienne est actuellement de 40 349 296 d'habitants. Son parc automobile est de 5 425 558 véhicules. Soit une voiture pour un peu plus de 7,4 personnes. Le nombre d'accidents en 2015 s'élève à 24 388, causant la mort de 3 984 personnes et faisant 44 546 blessés. La population française est de 66,6 millions d'individus. Son parc automobile est de 38 408 000 unités. Soit une voiture pour un peu plus de 1,7 personne. De janvier à novembre 2015, en France, le nombre des accidents de la route est de 4 947 occasionnant 3 384 décès et 6 077 blessés. Reprenons. La population française compte 26,6 millions d'habitants et son parc automobile 32 982 442 d'unités de plus que l'Algérie. En revanche, cette dernière a déclaré en 2015 19 883 accidents de la circulation et 600 victimes de plus que la France. Les causes ? Le prix d'une voiture, du même standing et de la même marque, peut varier du simple au double. Il suffit de jouer sur la qualité de ses équipements : pneumatiques, suspensions, système de sécurité, confort des sièges, etc. Des sources nombreuses concordantes indiquent qu'au moins la majorité des Algériens conduisent sans permis de conduire ou, plus précisément, avec qu'un permis acheté. Ils ignorent ou négligent et le code et la courtoisie des usagers de la route. Les routes algériennes, souvent dépourvues de panneaux de signalisation, sont dévastées. Elles ressemblent plus à des cimetières qu'à des routes d'un pays du XXIe siècle, confortablement doté de ressources nombreuses et variées. Quand bien même un conducteur algérien serait pourvu d'un permis de conduire, respectueux du Code de la route, courtois, au volant d'une voiture neuve ou récente et bien entretenue, au bout d'une demi-heure de conduite sur des routes ravagées, à traverser quelques villes et villages, à freiner pour éviter un cratère à sa droite, une bosse (ralentisseur) à sa gauche, accélérer pour dépasser une épave qui crache des colonnes de gaz d'échappement noir, à freiner à nouveau pour éviter par-ci un piéton qui traverse n'importe où et n'importe comment, par-là un enfant distrait qui court derrière un ballon, quand bien même ses nerfs seraient d'acier, ils lâchent, il perd le contrôle de soi, de son véhicule et peu causer l'irréparable, un accident mortel. Pourquoi le taux de mortalité dû aux accidents de circulations est-il si élevé en Algérie ? En France ou dans tout autre pays civilisé et développé, il y a des routes impeccables, les automobilistes sont courtois et disciplinés, leurs voitures sont récentes et bien entretenues. En cas de survenance d'un accident, les victimes sont rapidement secourues par terre, mer et air, immédiatement dirigées vers les meilleurs hôpitaux du monde, équipés des plus performants appareils d'imagerie, dotés des meilleurs soins, immédiatement disponibles, en quantité suffisante, immédiatement pris en mains, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, par des praticiens qualifiés, compétents, cultivés, qui débordent d'humanité par leurs regard, geste et verbe. Tandis qu'en Algérie, les secours sont lents, trop lents quand on a besoin d'eux. Certains hôpitaux sont dépourvus de tout, crasseux et puants comme une écurie d'Augias. Moralité : soi-disant pour éviter des accidents de la circulation, l'Etat algérien sévit en augmentant le nombre de gendarmes et de radars le long des routes et multiplie les montants des contraventions. Un excès de vitesse vaut à son contrevenant la confiscation sur le champ de son permis de conduire et une contravention de 2 000 DA (environ 12 euros). Pour récupérer son permis, deux solutions s'offrent au contrevenant, soit il s'acquitte du montant de la contravention et attend environ un mois pour passer devant une commission ad hoc qui décide du délai de retrait, soit recourir aux bons vieux réflexes, aux passe-droits, en allant frapper à la porte du maire de sa ville ou de son village, le montant en liquide de la contravention en main, pour le faire intervenir afin récupérer son permis le jour même ou le jour d'après. Ce manège d'Etat ne tend nullement à prévenir ou à réduire le nombre des accidents et des morts, mais uniquement à légitimer la présence de légions de gendarmes et autres forces de l'ordre sur les axes routiers, pour intimider le peuple et sucrer ses auxiliaires véreux.
A. N.
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