Ahmed Ouyahia défend l’article 51 et tacle le FLN

Le secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique, Ahmed Ouyahia, tacle de nouveau Amar Saïdani en affirmant que la victoire de son parti aux élections sénatoriales était «propre» et «sans la chkara (argent sale)». S’exprimant à l’ouverture de la session ordinaire du Conseil national du parti, Ahmed Ouyahia a d’emblée souligné le «choc» qu’ont provoqué chez certains les résultats obtenus par le RND. « Les résultats du renouvellement partiel du Conseil de la nation ont déplu à certains. Je les comprends. Ils misaient sur l’enterrement de notre parti et ils ont été surpris par sa victoire», a-t-il affirmé. Le SG par intérim du RND est revenu sur le projet de révision de la Constitution qui a suscité beaucoup de débats. Ahmed Ouyahia a ainsi regretté la surenchère faite autour de l’article 51 de ce projet de loi. «Certains veulent créer la polémique avec l’article 51 du projet de révision de la Constitution. La Constitution algérienne a toujours ignoré sa communauté à l’étranger depuis 1963 à nos jours. Lisez-le. Il y a l’article 24 qui parle de la responsabilité de l’Etat dans la protection des Algériens à l’étranger. Aucun article ne parle de la communauté algérienne établie à l’étranger. Le projet de révision de la Constitution proposé par le président de la République Abdelaziz Bouteflika consacre un article entier aux ressortissants algériens à l’étranger, à savoir l’article 24 bis dont personne ne parle», relève Ahmed Ouyahia. Il précise que cet article stipule que l’Etat œuvre à la protection des droits et des intérêts des citoyens à l’étranger dans le respect du droit international, des conventions conclues avec les pays d’accueil, de la législation nationale et de celles des pays de résidence. «L’Etat veille à la sauvegarde de l’identité des citoyens résidant à l’étranger, au renforcement de leurs liens avec la Nation, ainsi qu’à la mobilisation de leur contribution au développement de leur pays d’origine.» «Ce projet de Constitution qui reçoit des tirs de mortiers est le seul qui parle de la préservation des droits des Algériens vivant à l’étranger. Que dit l’article 51 ? Qu’un Algérien pour qu’il accède à de hautes fonctions comme ambassadeur ou ministre doit avoir exclusivement la nationalité algérienne. Combien d’Algériens vivant à l’étranger ou nés à l’étranger veulent occuper de hautes fonctions en Algérie ? 5 000 ? 10 000 ? Qu’est-ce qui est demandé à ces Algériens binationaux, c’est de renoncer à leur autre nationalité pour devenir ministre, ambassadeur ou wali. L’Algérie a besoin de renforcer son immunité», soutient-il. « C’est donc cet article 24 bis qui concerne directement les millions d’Algériens et d’Algériennes à l’étranger, qui attendent la présence de l’Algérie à leurs côtés, et qui souhaitent aussi se rapprocher davantage de leur patrie ou de la patrie de leurs parents et ancêtres. Quant à l’article 51 complété et qui fait l’objet de tant de commentaires, il vise simplement à garantir à l’Algérie que ceux qui voudraient la servir ou la représenter à de très hauts niveaux de responsabilités, n’aient de loyauté qu’envers elle et soient dégagés de tout lien avec une puissance étrangère, quelle qu’elle soit», insiste-t-il. «Quel crime y aurait-il à cela ? Quelle atteinte y aurait-il là aux droits de nos compatriotes possédant une autre nationalité ?» s’est-il demandé. Ahmed Ouyahia corrige ainsi le SG du FLN qui a dénoncé cet article. Le SG par intérim du RND est revenu sur les évolutions consacrées dans ce projet de constitution, comme l’officialisation de tamazight. Le SG du RND estime que les propositions faites par les partis, associations, organisations syndicales et personnalités nationales ont été reflétées dans le projet de révision de la Constitution. Il estime que l’opposition qui parle d’une Constitution non consensuelle ne serait pas en mesure d’avoir elle-même un large consensus sur un projet de Constitution.
«La crise n’épargne aucun pays»
Ahmed Ouyahia a défendu le bilan du président Bouteflika en affirmant que «le chef de l’Etat a tenu toutes ses promesses, ce qui a été réalisé en est la preuve». Il explique où sont passés les 800 milliards de dollars dépensés durant les 16 années de gouvernance de Bouteflika. «Les Algériens qui ont été relogés en quittant les baraques et les bidonvilles savent où est passé cet argent. Les Algériens qui ont été raccordés au gaz de ville, au réseau d’assainissement, au réseau d’eau potable et au réseau électrique savent où est passé cet argent. Les Algériens qui ont eu des routes goudronnées dans leurs patelins reculés savent où est passé cet argent…», souligne Ahmed Ouyahia, qui est également le directeur du cabinet de la présidence de la République. Commentant la situation économique et sociale dans notre pays, Ahmed Ouyahia affirme qu’il est nécessaire de «parler de la crise du marché mondial du pétrole, une crise qui semble durable et qui n’épargne aucun pays producteur, qu’il s’agisse de pays du groupe des huit premières puissances économiques mondiales comme la Russie ou le Canada par exemple, ou qu’il s’agisse de pays émergents comme le Mexique ou l’Arabie Saoudite, ou qu’il s’agisse de pays en développement comme le Nigeria ou l’Algérie». C’est une crise qui n’épargne aucun pays. «En effet, le prix du baril de Brent est passé de près de 110 dollars en janvier 2014 à moins de 30 dollars en janvier 2016, ce qui veut dire que notre pays perd près de 80% de ses revenus extérieurs. Bien sûr, un tel choc doit nous préoccuper, mais il doit surtout nous encourager à l’action, car l’Algérie dispose de plusieurs atouts pour préserver sa politique de justice sociale, et pour rebondir économiquement en mieux de cette crise», relève Ahmed Ouyahia pour lequel l’Algérie pourra préserver sa politique de justice sociale tant qu’elle conservera son indépendance de décision en matière économique et sociale. Cette indépendance, nous l’avons chèrement payée avec un programme d’ajustement structurel douloureux il y a deux décennies. Cette indépendance a été préservée grâce à la politique de désendettement extérieur mise en place par le président Abdelaziz Bouteflika. Pour Ouyahia, l’Algérie pourra aussi rebondir plus forte économiquement de cette crise en mettant en valeur ses importants atouts. «En effet, notre pays est jeune et notre jeunesse est formée. Nos infrastructures de base ont fortement été développées ces dernières décennies. La base industrielle du pays s’est élargie grâce à l’apport de nombreux opérateurs privés nationaux et de quelques partenaires étrangers. Nos potentiels agricole, minier et touristique sont quant à eux très prometteurs aussi. Il nous reste donc à réhabiliter le travail et à promouvoir la compétitivité.» Ahmed Ouyahia parle également de la nécessité de «progresser dans les réformes économiques nécessaires, des réformes qui ne remettront pas en cause nos principes fondamentaux, et la Constitution révisée le garantira à l’avenir». Le pays selon lui a besoin aussi de préserver la stabilité sécuritaire, politique et sociale, car «l’anarchie et la violence ne règlent pas les problèmes et surtout pas les problèmes sociaux».
Sonia Baker
 

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