Benflis : «Le système politique est personnalisé à l’extrême»

Le président du parti de Talaie El-Houriyet, Ali Benflis, a présenté, aujourd’hui lundi, lors d’une conférence de presse, son livre blanc sur la révision constitutionnelle qu’il a rejetée dans le fond comme dans la forme. Ali Benflis, qui a déjà fait un premier livre blanc sur la fraude électorale lors de la présidentielle d’avril 2014, a décortiqué le processus de cette révision «non consensuelle» et a constaté que «le peuple algérien – qui est le seul constituant – a été totalement exclu de l’intégralité du processus de révision constitutionnelle». Cet homme politique, qui milite pour le retour à la légitimité de l’urne, se dit plus que certain que «le peuple, qui est loin d’être aussi naïf ou indifférent que certains croient, est parfaitement conscient qu’il n’a rien à attendre de cette révision constitutionnelle, et qu’il est intimement convaincu que cette révision constitutionnelle n’a jamais été conçue pour aider notre pays à sortir de l’impasse politique, économique et sociale vers laquelle le régime politique en place l’a mené». Par ce livre blanc, Ali Benflis veut apporter les preuves confirmant que «la révision constitutionnelle n’est qu’un autre jeu du sérail, qu’elle est foncièrement inopportune et inutile, et qu’elle est destinée seulement à différer le règlement de la crise de régime et non à la résoudre». Ce juriste souligne la «durée exceptionnelle de ce processus de révision constitutionnelle et se dit persuadé qu’il a battu tous les records de longévité comparativement à des processus similaires conduits par d’autres pays du monde». «En bien moins de cinq ans, d’autres pays ont convoqué des constituantes et ont adopté des Constitutions entières et n’ont pas seulement procédé à des révisions constitutionnelles limitées», a souligné Ali Benflis pour lequel «le résultat n’a pas été à la hauteur des attentes que ce record de durée pouvait laisser espérer». Le président de Talaie El-Houriyet dit aussi que ce livre blanc a pour but de relever combien les suspicions, les doutes et les craintes que la révision avait suscités étaient justifiés. Il estime, en tant que chef d’un parti politique qui milite pour la démocratisation de l’Algérie, que le peuple doit savoir que «contrairement à tout ce que prétendent ses auteurs, cette révision constitutionnelle ne change rien de fondamental ou d’essentiel dans la nature du système politique algérien». Le livre blanc montre clairement qu’«avant, comme après la révision constitutionnelle, le système politique algérien est personnalisé à l’extrême, qu’il est bâti sur le culte de l’homme providentiel, qu’il est autocratique et qu’il est totalitaire». Ali Benflis veut justement démontrer par ce livre blanc «comment la révision constitutionnelle a accentué la personnalisation du pouvoir et comment elle a conforté la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul homme». «Notre parti s’est fait un devoir envers nos concitoyennes et nos concitoyens de se prononcer régulièrement sur cette révision constitutionnelle. Il a exprimé son opinion et pris clairement sa position à chacune des étapes qu’elle a franchies. Après que cette révision ait été menée à son terme, notre parti a estimé qu’il était utile et nécessaire pour nos concitoyennes et nos concitoyens d’être informés au moyen d’un livre blanc sur les desseins inavoués, sur les objectifs véritables et sur le caractère foncièrement inutile de cette révision constitutionnelle», a-t-il insisté, estimant que ce livre blanc n’est pas le produit d’un parti de l’opposition «qui se complaît à faire de l’opposition systématique et méthodique». Il considère que sa publication est une responsabilité politique et un devoir national. Une responsabilité politique par ce qu’il faut dire au peuple «notre part de vérité sur cette révision constitutionnelle. Un devoir national parce qu’il faut dire à nos concitoyens qu’avec cette révision constitutionnelle la crise globale actuelle ne sera pas derrière nous et qu’elle restera devant nous». Ali Benflis revient, enfin, sur le pouvoir qui est vacant et le sommet de l’Etat qui est vide. Un vide qui ne pourrait selon lui être comblé par ce vacarme soulevé autour de la révision de la Constitution.
Sonia Baker
 

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