La réponse subtile du roi Mohammed VI au président Bouteflika

A l’occasion du 27e anniversaire de la création de la défunte UMA, le président Bouteflika a envoyé une lettre ou un message au roi Mohammed VI. Protocole oblige, ce dernier a adressé, à son tour, une lettre ou un message au Président algérien. En lisant les deux correspondances, on est frappé par le décalage entre le président Bouteflika et le roi du Maroc. Le texte du Président algérien insiste sur la formule Union du Maghreb arabe (UMA). Il est porteur de beaucoup de démagogie et de subjectivités. Il est, aussi, porteur de suggestions de révision du système législatif de l’UMA, rappelant, ainsi, les dernières manœuvres politiques en Algérie (révision de la Constitution). Il renseigne sur son émetteur. Un donneur de leçons peu sûr de lui, qui ne défend pas les intérêts de l’Algérie, qui ne semble pas accorder d’importance à la «chose économique» et qui n’est donc pas en phase avec la conjoncture internationale, où la finance prime sur tout.
Le texte du roi Mohammed VI semble plus en phase avec son temps. Il défend les intérêts du royaume, précise ses conditions à la participation de la «réanimation» de l’Union magrébine (UM, il n’a pas été question de l’UMA), et indique la voie à suivre en saluant «la création de la Banque maghrébine d’investissement et du commerce extérieur, une institution qui contribuera à la consolidation des relations économiques maghrébines, au développement des échanges commerciaux et à l’instauration des règles de financement des projets productifs d’intérêt commun».
Concernant la défense des intérêts du royaume du Maroc, il faut relever que Mohammed VI a tenu à noter deux éléments clés : l’Union magrébine, c’est le Maroc (le traité de Marrakech) ; et il n’est pas question de Sahara Occidental en précisant, à cet effet, que «le Maroc ne ménagera aucun effort pour la réalisation de l’intégration entre ses cinq Etats membres», c’est-à-dire le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie et la Libye.
Mohammed VI a su saisir cette opportunité pour marquer des points. D’abord, sur le plan interne, bien que très proche des pays arabes du Golfe, il a tenu à préciser qu’il s’agit d’une Union maghrébine et non pas d’une Union du Maghreb arabe (pour le commun des mortels, le mot «arabe», concernant le Maghreb, est facteur d’exclusion). Ensuite, sur les plans régional et international, où il a tenu à préciser que le Maghreb «doit se faire» avec les cinq pays et non pas avec six, excluant ainsi la République sahraouie et balayant, de ce fait, l’idée du Maghreb des peuples. Et, enfin, en évoquant l’intégration économique régionale, s’alignant ainsi sur Bruxelles et Washington.
M. B.
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