Attentat contre un prédicateur saoudien aux Philippines : le début des assassinats ciblés

Le prédicateur fondamentaliste saoudien Ayedh Al-Qarni a été blessé et plusieurs personnes qui l’accompagnaient ont été tuées, hier mardi, suite à des coups de feu, aux Philippines. Alors que les commentateurs des médias arabes dominants s’interrogeaient encore sur les mobiles et les auteurs de cette attaque qui a ciblé celui qui a toujours défendu, dans ses prêches, la doctrine la plus conforme au wahhabisme saoudien fondée sur le fondamentalisme, même s’il est très popularisé par ses «innovations» dans le domaine de la morale et de la foi, le vrai débat doit être recentré sur le rôle et la responsabilité du royaume saoudien dans l’exacerbation de la violence dans le monde musulman. Car si les ressortissants saoudiens sont aujourd’hui la cible des plus extrémistes, c’est certainement la conséquence de la politique belliciste adoptée par les dirigeants du royaume, d’abord contre leurs voisins et leurs propres concitoyens chiites – la décapitation d’une quarantaine d’opposants chiites début janvier dernier en est un exemple édifiant, et surtout en alimentant les foyers de tension dans la région, en Syrie et Irak. Il reste que la confrontation avec Daech ou les déclarations attribuées au prédicateur «people» Al-Qarni dans lesquelles il s’attaquait à cette organisation terroriste sont sciemment surdimensionnées par la presse des pays du Golfe, pour conférer une légitimité aux multiples guerres décidées par Al-Saoud. Des guerres qui n’ont jamais eu comme priorité de combattre l’extrémisme ou le terrorisme. Bien au contraire, puisque le soutien apporté par l’Arabie Saoudite aux idéologies et groupes extrémistes n’est plus à prouver. A telle enseigne que les parlementaires dans certaines capitales européennes, comme Berlin, militent depuis quelques semaines pour obtenir l’interdiction de toute vente d’armes à ce royaume des ténèbres. Cela dit, c’est la première fois qu’un prédicateur fondamentaliste saoudien est visé par un attentat armé en dehors des frontières de son pays. C’est la preuve que le «rayonnement» politique et idéologique de l’Arabie Saoudite dans le monde musulman n’est qu’une vue de l’esprit. En constituant une coalition d’une quarantaine de pays musulmans, pour en faire un bouclier dans ses expéditions militaires, les dirigeants de la famille régnante à Riyad ont renforcé leur hégémonie sur les deux organisations qui décident des politiques à mener dans la région (l’Organisation de la coopération islamique et la Ligue arabe), tout en les neutralisant. Avec ce retour de feu qui tétanise aujourd’hui l’establishment religieux saoudien, les voix s’élèvent – dont celle de Youcef Al-Qaradawi qui devrait se sentir lui aussi menacé –, pour exiger une condamnation «sans ambages» d’un Etat islamique qu’ils avaient eux-mêmes nourri et fortifié à coup de fatwas et de prêches, et continuent à le faire sans le dire.
R. Mahmoudi
 

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