Lettre à l’ambassadeur Mezri Haddad : la déstabilisation du Maghreb par tous les moyens

Suite à votre texte intitulé : «Qu’avez-vous chers compatriotes à vous soulever contre votre libératrice Al-Jazeera ?», je tiens à vous faire connaître ma sympathie militante pour votre combat contre le terrorisme et le néo-colonialisme et à vous féliciter pour le gain de votre procès contre la journaliste Khadidja Benguenna. Nous vivons une époque où les prédicateurs de tous bords s’infiltrent dans la presse et les médias pour inoculer à notre jeunesse un wahhabisme néfaste qui nourrit le terrorisme. Al-Jazeera, de création américano-sioniste, est l’arme de désinformation la plus sordide et le lieu de débats les plus nocifs afin de capter notre jeunesse inexpérimentée. Nos médias et nos partis politiques dans le Maghreb fragilisé n’ont pas fait leur devoir de contrecarrer cette chaîne par des analyses sérieuses et des informations crédibles. Al-Jazeera a fait à Ben Guerdane ce qu’elle a fait à Alger dès 1998 pour déstabiliser l’Algérie, alors en butte à la barbarie du FIS et du GIA. Elle fait ce qu’elle a fait depuis sa création là où on lui dit de faire, c'est-à-dire qu’elle est une arme médiatique de déstabilisation par la désinformation comme elle l’a fait dès 2009 pour la partition du Soudan, comme elle l’a fait en 2011 à Benghazi, à Tripoli, au Caire, à Deraa, à Homs, à Sanaa… Et des exemples de manipulations et d’intoxications, on pourra citer des centaines. Je tiens également à remercier la Tunisie, le peuple tunisien et feu Bourguiba d’avoir hébergé et aidé l’Algérie en guerre contre la France coloniale. Sans la Tunisie de Bourguiba, le Maroc de Mohammed V et la Libye du roi Senouci qui ont permis à l’ALN de s’installer et de monter ses bataillons et sa logistique, je me demande ce qu’aurait pu être le déroulement de notre combat libérateur. Nous devons beaucoup à la Tunisie et aux Tunisiens, les Algériens ne l’oublient pas. A l’époque, nous nous sommes sentis concernés par le bombardement de Sakiet Sidi Youssef ainsi que par l’attaque de Bizerte. C’était une époque de la vie de nos peuples en combat contre le colonialisme et l’occupation. Epoque où nous envisagions l’avenir d’un Maghreb uni après la conférence de Tanger. Un Maghreb ouvert à toutes les espérances consolidées par la création de l’UMA, en 1989. Nous continuons d’y croire, ici, en Algérie, car nous savons lire l’Histoire qui rappelle que la Numidie antique n’était, déjà, que ce Maghreb en construction jusqu’aux limes romains d’abord et au-delà vers Volubilis sous le règne des Juba et qui s’était poursuivi à l’époque des Mérinides, des Zianides et des Hafcides. Par la raison, par la géographie, par l’Histoire, par la culture, pour des intérêts économiques et sécuritaires, le Maghreb est condamné à se faire et se construire. Citoyen algérien, ancien officier de l’ALN et militant pour l’union du Maghreb, je suis avec appréhension les événements qui se déroulent en Tunisie et parmi les manipulations, vous dénoncez celle d’Al-Jazeera et son tuteur le Qatar. Avec l’expérience de l’Algérie du fait des événements qu’elle a connus lors de la décennie noire des années 1990, la Tunisie doit veiller au rapprochement avec mon pays pour combattre le terrorisme et toutes les manipulations que vous dénoncez. Comme vous le dites, «la liberté vient après la sécurité de nos peuples», surtout la pseudo-liberté de la presse, qui souvent, parlée ou écrite, n’est qu’une caisse de résonance pour grossir et aggraver les événements, induire en erreur les lecteurs et servir de pont d’information pour les officines, les réseaux souterrains, les cyberactivistes comme l’écrit le professeur Ahmed Bensaada dans son livre Arabesques.
Dans mon livre Le terroristequi vient de paraître chez Edilivre (Paris), il est soulevé la question des commanditaires des actions terroristes en rapportant les techniques d’endoctrinement de notre jeunesse formatée par des chouyoukh incultes et autoproclamés, lançant des opérations sous couvert de «Printemps arabe», de charia et d’islamisme, tout cela inventé et mis en œuvre par les Etats-Unis et certains pays occidentaux dans le cadre du GMO. Par la poésie qui peut mener à la révolution et la défense du territoire, comme du temps des révolutionnaires mexicains qui chantaient à la gloire de Porfirio Diaz pour combattre l’empereur Maximilien en 1818 ou encore par «Le temps des cerises» de J.-B. Clément, chanté par les révolutionnaires français lors de la Commune de Paris en 1891 et surtout «min djibalina talaâ saoutou’l ahrâr», notre chant qui a permis d’unir les Algériens, je vous adresse ce poème :
«"Il pleut sur Tunis
Comme il pleut dans mon cœur"
Des cimes aux cybers
Ne chutent que des rumeurs.
Rumeurs palestiniennes
Rumeurs libyennes
Aux larmes lasses qui durent
Rumeurs tunisiennes
En des El-Jaazirates impures.
Quand vous reverrai-je,
Vérité, Honneur, Patrie
Etes-vous éphémère neige
Dans un Maghreb meurtri
Il faut repeupler nos forêts
De platanes de pins et de mots
Eduquer les sots avec des poèmes
Récolter la pluie comme l’a fait Hanon
Parti de Carthage pour unir les peuples.»
Cordialement et de tout cœur avec vous et le peuple tunisien.
Abderrahmane Zakad
Urbaniste, écrivain

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