Mouloud Hamrouche se met-il en orbite en prévision de la succession à Bouteflika ?

Mouloud Hamrouche a été, aujourd'hui samedi, à Sétif où il a animé une conférence sur les libertés. Mais l'ancien chef de gouvernement sous Chadli Bendjedid a brassé large en parlant de la situation générale du pays et de la question de la succession au président Bouteflika, qui se pose avec acuité. Tout au long de son intervention, l'homme qu'on qualifie de «réformateur» a sérié les ratés du système et expliqué pourquoi le pays ne sortira pas de la crise si les dirigeants ne changent pas de politique. Alertant sur le fossé qui ne cesse de se creuser entre le régime en place et la population, Mouloud Hamrouche estime que le pouvoir s'isole au point qu'il ne puisse plus espérer un soutien de la part du peuple pour faire face aux défis auxquels est confronté le pays. Il considère que l'absence d'une société civile active et bien structurée handicape grandement le pays et ouvre la voie à tout type de dérapages. L'ancien chef de gouvernement ne trouve pas à son goût la dernière révision constitutionnelle qui n'a, selon lui, rien apporté de plus par rapport aux précédentes. Mouloud Hamrouche continue en considérant que rien n'a changé dans la pratique, notamment en ce qui concerne les libertés individuelles et collectives. Il constate que la politique menée par le pouvoir ne sortira pas le pays de l'impasse. Au contraire. Elle risque de générer de graves tensions que rien ne pourrait contenir. Revenu très fortement sur la scène politique depuis février 2014, Mouloud Hamrouche, connu pour être proche des thèses du plus vieux parti de l'opposition, le FFS en l'occurrence, n'est cependant avec personne. Il est moralement avec le combat de l'opposition, mais il refuse d'adhérer et de participer à ses démarches et rencontres. Il critique le pouvoir sans demander son départ. Toujours à la recherche du juste compromis, l'ancien chef de gouvernement plaide, ainsi, dans ses conférences qu'il anime depuis plus d'une année, pour une autre voie : celle d'un changement «intelligent et graduel» avec le pouvoir en place. Celui qui n'a jamais perdu espoir de présider un jour aux destinées du pays se présente comme une «synthèse» entre le pouvoir et l'opposition afin de sortir l'Algérie de la situation de crise. Dans une déclaration rendue publique le 17 février 2014, Mouloud Hamrouche s'était proposé, en des termes à peine voilés, comme une alternative pour éviter que des «victimes tombent», en assurant qu'il garantirait «les intérêts de tous les groupes» et œuvrerait à faire de cette crise «une opportunité pour l’avancée institutionnelle du pays». Hamrouche ne désespère pas d'accéder au sommet du pouvoir et se met en orbite dans ce contexte politique marqué par la préparation de l'après-Bouteflika.
Sonia Baker

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