Bouteflika invite le roi d’Arabie Saoudite pour normaliser les relations agitées entre Alger et Riyad

Il y a bel et bien crispation dans les relations entre Alger et Riyad. C’est le ministre d’Etat, conseiller du président Bouteflika qui l’a avoué, dans une déclaration à la presse, en marge de sa rencontre avec le roi d’Arabie Saoudite. Tayeb Belaïz a laissé entendre que les deux pays n’étaient pas sur une même longueur d’onde au sujet des dossiers liés au monde dit arabe. L’ancien ministre de la Justice fait allusion à l’agression armée que le régime wahhabite mène contre le peuple yéménite. «Notre pays respecte une doctrine héritée de la guerre de Libération nationale et basée sur le principe de non-intervention dans les affaires internes des Etats», a affirmé l’envoyé spécial de Bouteflika à Riyad, pour justifier le refus de l’Algérie d’adhérer à la coalition mise en place par l’Arabie Saoudite et à laquelle prennent part, outre les monarchies du Golfe, le Maroc, la Jordanie et l’Egypte. «Les différends entre l’Algérie et l’Arabie Saoudite ne sont toutefois pas de nature à altérer la relation fraternelle qui lie nos deux pays», a relativisé Tayeb Belaïz, qui a abandonné la langue de bois habituelle dans ce genre de circonstances, vu la gravité du problème. Les relations entre l’Algérie et l’Arabie Saoudite traversent une des périodes les plus difficiles depuis l’indépendance. Bouteflika a notamment veillé, depuis son avènement au pouvoir en 1999, à assurer un rapprochement entre l’Algérie et les pays du Golfe, vu la relation particulière que le président de la République entretient avec les dirigeants de ces pays qui constituent, à travers le Conseil de coopération du Golfe, le CCG, la locomotive du Moyen-Orient. Mais les derniers développements survenus sur la scène internationale ont sérieusement impacté cette «amitié». Outre le soutien financier aux organisations extrémistes à travers le monde, le régime rétrograde des Al-Saoud a adopté, depuis 2011, une nouvelle stratégie belliciste, apportant sa caution morale et son aide matérielle aux soulèvements qui ont abouti au désordre actuel dans plusieurs pays arabes. L’Algérie, quant à elle, s’est systématiquement opposée à l’interventionnisme érigé en droit international. En Libye, en Syrie et au Yémen, le régime des Al-Saoud a joué un rôle prépondérant dans l’état de guerre civile qui ravage ces anciennes républiques, où les groupes terroristes islamistes étendent leurs tentacules jusqu’à cibler y compris leurs bailleurs de fonds et leurs références idéologiques. Par ailleurs, les bruits de bottes qui retentissent à nos frontières ouest et l’arrogance affichée par le Makhzen dans l’affaire du Sahara Occidental, adoubé par sa proximité avec le régime saoudien qui lui garantit subventions et protection, font certainement partie des raisons qui ont poussé Bouteflika à dépêcher son envoyé spécial chez Salman Ben Abdelaziz. Tout en cherchant à rétablir le courant entre les deux capitales, Alger n’en a pas moins réitéré, par la voix du conseiller du président de la République, ses divergences de vue avec les Saoudiens. C’est cette constance dans la politique étrangère algérienne que Tayeb Belaïz est allé expliquer de vive voix au successeur d'Abdallah Ben Abdelaziz. On ne sait pas quelle a été la réponse de ce dernier à la main tendue par Bouteflika. On mesurera la réaction saoudienne à l’aune de la décision que prendra le roi : acceptera-t-il ou déclinera-t-il l’invitation que vient de lui adresser Abdelaziz Bouteflika ?
Karim Bouali

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