Les négociations sur une transition au Yémen progressent

Les négociations de paix au Yémen qui ont débuté le 21 avril au Koweït sous les auspices de l’ONU ont enfin abordé la question de la transition politique après avoir buté sur les questions du cessez-le-feu et de l’ordre du jour des discussions entre les deux belligérants représentés par la délégation de Sanaa (Ansar Allah et le parti de l’ex-président Ali Abdallah Salah) et celle du gouvernement du président démissionnaire Abd Rebo Mansour Hadi, soutenu par Riyad et reconnu par l’ONU. Les positions qui étaient éloignées les unes des autres, concernant aussi bien la question du cessez-le-feu et sa violation ainsi que l’ordre du jour proposé aux discussions par l’envoyé spécial de l’ONU, au Yémen, semblent s’être rapprochées pour aborder la question de la transition politique de façon globale et non plus exiger au préalable d’Ansar Allah (Houthis) de restituer les armes et de se retirer de la gestion des villes qu’ils occupent depuis le début du conflit, comme stipulé par la résolution 2216 du 14 avril 2015 de l’ONU. La délégation de Sanaa s’est appliquée à expliquer que ces questions ne pouvaient être tranchées que dans le cadre d’une feuille de route globale avec la mise en place d’institutions de la transition de l’Etat yéménite disloqué par le conflit et pour ne pas laisser de vide pour les groupes terroristes comme Daech et Al-Qaïda, comme cela s’est passé à Aden. Cette fermeté des négociateurs de Sanaa a obligé l’envoyé spécial de l’ONU à revoir l’ordre du jour des discussions et affirmer que celles-ci devaient se faire «sans préalable», contrairement à l’exigence formulée de la délégation du gouvernement Hadi qui ne demandait pas moins qu’une reddition de Ansar Allah et de Saleh, c’est-à-dire un retour à la case départ. Les discussions abritées au Koweït ont d’abord buté sur l’application du cessez-le-feu ordonné par l’ONU le 10 avril et qui a été plusieurs reprises violé jusqu’à ce jour du 28 avril, tout comme les questions du blocus et de l’acheminement des aides, dans un pays mis en situation de catastrophe humanitaire. Ce qui a envoyé un signal négatif au peuple yéménite sur les intentions réelles de la coalition saoudienne et ses alliés d’arrêter la guerre et d’ouvrir la voie à des négociations loyales pour la paix. L’alerte a été ressentie par la communauté internationale, notamment les cinq pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, de l’UE et du pays hôte des pourparlers qui se sont mobilisés pour permettre la poursuite des négociations. Ould Cheikh a alors déclaré : «On ne quittera pas le Koweït avant d’avoir établi la paix, même si cela doit prendre du temps.» La délégation de Sanaa a eu à rencontrer les 18 ambassadeurs des pays de l’UE, de la Chine et des pays du Golfe. Avec les représentants de l’UE, l’entretien, selon Khabar, «a porté sur le blocus saoudien imposé contre le Yémen, la nécessité de la mise en place d’une trêve durable, la cessation des opérations militaires et l’entente sur une solution politique urgente», car «après 13 mois de guerre, il était impossible qu’il y ait une confiance envers l’autre partie, notamment en ce qui concerne la remise de leurs armes». Le porte-parole du mouvement Ansar Allah, Mohamed Abdesselam, a fait savoir que son mouvement ne donnerait son accord pour la mise en application de la résolution 2216 des Nations unies qu’à condition qu’un gouvernement d’union nationale soit constitué et «que les postes ne soient pas attribués par népotisme», et ce, dans le cadre d'un règlement engageant tous les belligérants. Sans cela, «il sera inutile de parler de déposition des armes». Selon les dernières informations, les négociateurs se sont mis finalement d’accord pour donner aujourd’hui samedi 30 avril leurs solutions de sortie de crise à l’envoyé spécial Ould Cheikh qui a rencontré les deux délégations séparément puis réunies, selon l’agence yéménite Khabar, qui estime que «samedi» sera «décisif» pour les négociations de paix. Ismail Ould Cheikh Ahmed a déclaré dans un communiqué que «le comité du gouvernement démissionnaire du Yémen a procédé à des discussions sur les principaux sujets et a requis l’avis des experts de l’ONU». La délégation nationale (Ansar Allah + Congrès général) a présenté ses revendications par écrit à l’émissaire onusien qui portent notamment sur la formation d’un gouvernement d’union nationale, d’une période de transition incluant les modalités pour l’application de la résolution 2216 de l’ONU, ainsi qu’un conseil présidentiel et un conseil militaire, selon les mêmes sources. Contrairement à ceux de Genève et aux discussions informelles à Oman qui les ont précédés, les pourparlers de paix de Koweït ont toutes les chances d’arriver à «un accord historique», selon l'agence de presse koweïtienne (Kuna). Il faut souligner que cet émirat a déployé des efforts pour rapprocher les points de vue et assurer le succès de ces rencontres pour permettre une sortie honorable au royaume des Ibn Saoud, du bourbier yéménite, dans lequel il n’aurait jamais dû se mettre, selon de nombreux analystes. Parmi les signes qui ne trompent pas que la fin de la guerre est proche, cette réfection du siège de l’ambassade des Etats-Unis à Sanaa en vue de sa réouverture, tout comme d’autres chancelleries ont demandé à le faire. Mais pour un pays comme les Etats-Unis, qui a soutenu la coalition saoudienne dans sa guerre contre le Yémen depuis le 26 mars 2015, cela confirme bien «l’accord», sinon «l’ordre» donné par Washington donné à Riyad de négocier la fin de cette guerre, selon des observateurs yéménites. Il faut rappeler aussi que le signal avait été auparavant par la fin des hostilités aux frontières entre l’Arabie Saoudite et le Yémen suite aux négociations le 9 mars dernier par l’intermédiaire des tribus vivant des deux côtés. Les missiles d’Ansar Allah avaient permis la conquête de fortes positions dans les villes saoudiennes de Jezzan, Assir et Nejran et menaçaient d’atteindre Riyad ! Les discussions entre Ansar Allah et l’Arabie Saoudite se seraient d’ailleurs poursuivies à «haut niveau» durant les pourparlers actuels au Koweït, selon l’agence Khabar.
Houria Aït Kaci
Journaliste

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