FLN : «Aucun événement ne nécessite qu’une commission d’enquête soit instituée par l’APN»

Le parti du Front de libération nationale (FLN) justifie l’absence de commissions d’enquête parlementaires par l’inexistence d’événement national de grande importance. Pour l’ex-parti unique, il n’y a rien eu d’important qui nécessiterait qu’on institue une enquête parlementaire. Selon Saïd Lakhdari, vice-président de l’Assemblée populaire nationale (APN), «si aucune commission d’enquête parlementaire n’a été instituée» durant ces dernières années, «c’est parce qu’il ne s’est pas produit d’événements qui la mériteraient». Ce même responsable du FLN justifie l’absence d’une commission d’enquête parlementaire sur les fuites massives des sujets d’examen au baccalauréat par le souci des parlementaires de laisser la justice traiter cette affaire avec sérénité et sans la moindre interférence ! En quoi une enquête parlementaire peut poser problème à la justice ? Saïd Lakhdari semble ainsi avoir eu mal à trouver des arguments pour expliquer cette absence flagrante de commissions d’enquête parlementaires. Pourtant, la commission d’enquête est un instrument par lequel le parlementaire et l’APN exercent leurs prérogatives institutionnelles qui sont de légiférer, mais aussi de contrôler l’action de l’Exécutif. Hormis l’enquête sur les émeutes de janvier 2011, le Parlement n’a jamais bougé le petit doigt pour faire jaillir la lumière sur des événements qui ont bouleversé la vie nationale. L’APN n’a pas institué une commission d’enquête sur les événements douloureux de Ghardaïa ni sur l’affaire de l’exploration du gaz de schiste à In Salah ni sur les scandales de corruption qui ont éclaboussé plusieurs hauts responsables politiques du pays. Dominée par le FLN, l’APN mérite bien le sobriquet d’une chambre d’enregistrement. En dehors du vote des lois proposées par le gouvernement, elle ne fait absolument rien. D’ailleurs, l’absentéisme est tellement élevé qu’il a fallu prévoir de lourdes sanctions contre les récidivistes. Et selon certains observateurs, la session en cours est la plus «vide» de l’année. Très peu de textes de loi ont été examinés et approuvés. Peu de questions orales à l’adresse des membres du gouvernement. Selon les chiffres avancés par Saïd Lakhdari, sur quelque 826 questions orales, seulement 348 ont reçu des réponses par les ministres. Pire pour les questions écrites. Il affirme que sur 1 457, seulement 124 ont reçu des réponses. C’est là toute la «considération» que les membres de l’Exécutif ont pour les parlementaires ! Il n’est donc pas étonnant que l’on entende des explications des plus saugrenues de l’«inaction» de l’APN.
Sonia Baker

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