Un affidé d’Al-Qaïda jugé en costume-cravate par la CPI et qualifié de «terroriste présumé»
Le procès d’un terroriste d’Ansar Dine, nommé Ahmad Al-Faqi Al-Mahdi, alias Abou Tourab, qui s’est ouvert lundi devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, aux Pays-Bas, comporte des aspects plus qu’indécents. D’abord, ce tribunal international nous «expose» le terroriste en costume cravate, et lunettes de vue qui le font ressembler à un intellectuel, en contraste total avec l’archétype médiatique habituel de l’énergumène en barbe hirsute et en tenue de combat «islamiste», arme et cartouchière en bandoulière. Qu’est-ce à dire ? Décidément, autant les terroristes islamistes font tout pour montrer que ce sont des sauvages prêts à massacrer et à réduire des villes entières en ruines, autant les Occidentaux s’échinent à les montrer sous un visage humain, évitant jusqu’à les qualifier de «terroristes» – il est question de «présumé terroriste», comme si une enquête avait été en cours pour confirmer la culpabilité du prévenu alors qu’il a été arrêté sur le terrain des opérations.
D’ailleurs, pour ce cas précis, le tribunal ne dit rien des crimes commis contre la population, viols et assassinats dont les victimes sont souvent des personnes désarmées et innocentes. La seule accusation portée à son encontre, «maître d’œuvre» – c’est l’expression utilisée par certains médias – de la destruction, en 2012, de monuments historiques et religieux dans la ville malienne de Tombouctou, paraît conforter l’idée qu’il serait presqu’un terroriste «propre». Pour le premier procès international de ce genre, les attentes de l’opinion publique concernent l’ensemble des crimes que ce terroriste a commis ou ordonnés, ce qui en ferait, en même temps, le procès du programme de l’Etat théocratique qui justifie et légitime ces crimes parmi lesquels la destruction de mausolées classés au patrimoine mondial de l’humanité.
Le message du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, diffusé à cette occasion, va dans le sens de la mauvaise démarche du CPI en évoquant «la destruction délibérée du patrimoine culturel dans les situations de conflit armé», sans inscrire ce fait dans la série des actes terroristes. On dirait que tout est fait pour fausser le procès de ce criminel et banaliser son acte en l’assimilant à n’importe quel délit susceptible d’être pardonné, sans lien avec ses activités terroristes. La «mansuétude» des Occidentaux à l’égard de ce terroriste est incompréhensible après les derniers attentats qui les ont frappés sur leur territoire, mais elle ne surprend pas les Algériens qui se souviennent de la campagne de parasitage qui a ciblé leur armée et qui visait à aider les terroristes à instaurer un Etat théocratique, pour faciliter une nouvelle colonisation.
L’Etat théocratique, qui est l’objectif déclaré là où ces groupes terroristes réussissent à s’implanter, à recruter et à agir, présente, en effet, les «meilleures» conditions de l’asservissement des pays où il est proclamé. A l’égard de l’Algérie, dans les années noires de la décennie 1990, en plus de la thèse du «qui tue qui ?», dont le but était d’exonérer les terroristes et leurs sponsors, tout en enlevant leur légitimité aux institutions de la République qui luttent contre le terrorisme, les pays occidentaux ont ajouté le refus de répondre aux besoins de notre pays en matière de lutte contre le terrorisme, notamment l’acquisition des systèmes de vision nocturne indispensables à la lutte antiterroriste. En fait, toute une décennie d’embargo sur la vente des armes au profit de l’Algérie qui a fait le jeu du terrorisme. De leur côté, dans leur travail d’intoxication de l’opinion publique internationale, les «experts» des pays occidentaux laissaient croire que c’est à la suite de la décision des autorités algériennes d’annuler le second tour des élections en janvier 1992, que les groupes islamistes intégristes ont intensifié leur campagne pour renverser par la violence le pouvoir.
La nature du terrorisme et ses méthodes sont mieux perçues aujourd’hui, mais le comportement de la CPI montre que les pays occidentaux n’ont pas l’intention de lui opposer la riposte appropriée.
Houari Achouri
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