Lettre ouverte au président de la République
Par Nacer Boufelfel – Je suis un jeune citoyen algérien, âgé de 30 ans. Je ne suis ni du camp de l’opposition ni de celui des loyalistes. Je demande juste l’application de l’article 67 de la Constitution amendée, relatif aux mesures incitatives pour la construction de logements et de facilitation d’accès au logement au profit des couches démunies.
Abandonné par ma famille dès le jeune âge, j’ai longtemps galéré dans les rues d’Alger, après avoir tenté vainement d’intégrer les centres d’accueil de Beaulieu, puis de Draria. Même les démarches louables entreprises par les autorités pour me faire admettre au domicile familial, suite à la convocation de ma mère biologique, n’ont eu aucune suite.
A cause des conditions dures et impitoyables dans lesquels j’ai évolué pendant des années, sans toit ni famille, j’ai sombré dans le monde de la délinquance et de la criminalité. Ce qui m’a conduit à connaître l’établissement pénitencier de Serkadji, suite à une condamnation à 18 mois de prison. Gracié durant la même année, je me retrouve de nouveau dans les rues de la capitale. C’est ainsi que je suis devenu ce qu’on appelle dans le jargon des juristes un «récidiviste». J’ai alors engagé une longue bataille de procédures pour recouvrer mes droits et obtenir la réhabilitation. Je découvre que si l’ancienne loi ne ferme pas toutes les portes au récidiviste, dans le domaine de l’emploi notamment, la loi actuelle lui interdit tout : le travail, la liberté de déplacement, le droit au logement, etc. Autant le priver de sa nationalité algérienne !
En 2009, je me suis adressé à un centre de formation professionnelle pour m’inscrire en comptabilité, mais je n’y ai pas été autorisé à cause d’une circulaire ministérielle interdisant aux élèves littéraires de suivre une formation dans cette discipline. En mai 2011, je me suis marié, mais mon mariage n’a pas duré longtemps, puis j’ai loué un appartement dans une cité à Saïd Hamdine, de 2011 à 2013. Depuis cette date, je suis hébergé par un bienfaiteur, et ce, jusqu’au jour d’aujourd’hui.
Votre Excellence,
N’ai-je pas le droit à une vie digne ? Jusqu’à quand pourrais-je continuer à vivre dans le dénuement et sans logement ? Sachant que j’avais déposé une demande de logement social auprès de la daïra d’El-Harrach en date du 22 décembre 2011, et n’ai reçu aucune réponse à ce jour. Aussi, ai-je adressé des correspondances au président de la République, au ministre de l’Habitat et au wali d’Alger, sans résultat. C’est pourquoi, en guise d’ultime recours, je me suis adressé au «quatrième pouvoir», espérant que cette fois-ci je trouverais une réponse à mes doléances.
Je vous saurais gré, Votre Excellence, de recevoir ma demande et d’user de vos compétences pour me permettre d’accéder à un logement pour y construire un foyer comme tout citoyen appartenant à cette chère patrie.
Gloire à nos martyrs !
N. B.
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