Une loi boomerang
Par Kamel Moulfi – Sur le calendrier, le 11 septembre est passé depuis presque deux semaines, et les attentats terroristes qui ont frappé les tours jumelles de New York et le Pentagone, ce jour-là, en 2001, datent déjà de plus de quinze ans, mais l’événement continue de produire ses effets et le moindre n’est pas l’empoisonnement fatal qui menace les relations entre les Etats-Unis, où s’est produit le crime, et l’alliée prétendument fidèle, l’Arabie Saoudite, d’où est partie l’idée de l’attaque, selon certains indices qui ne sont pas encore suffisamment probants.
Mais pour le savoir et en avoir le cœur net, les familles des victimes veulent que la justice interroge les suspects qui se trouvent à Riyad. Le Congrès américain a accédé à leur souhait et a voté une loi en ce sens, alors que le président Obama refuse qu’une telle démarche soit engagée et lui a opposé son véto (voir article par ailleurs). Il craint le retour de boomerang devenu une arme imprévisible comme le démontre l’activité terroriste des djihadistes des pays européens envoyés en Syrie pour déstabiliser ce pays, et qui reviennent se faire exploser dans les rues de Paris ou dans l’aéroport de Bruxelles et on sait que leurs projets n’épargnent aucun lieu.
Dans le cas de l’application de la loi votée par le Congrès américain et qui ne pouvait trouver meilleur intitulé que «justice contre les sponsors d’actes de terrorisme», le risque de voir ce texte se retourner contre les Etats qui pratiquent le terrorisme «sous toutes ses formes», notamment la torture et la détention arbitraire, n’est pas exagéré et Obama est bien placé pour le savoir et pour l’envisager sérieusement. La liste des plaignants contre l’administration américaine serait infinie et mêlerait les torturés d’Abou Ghraïb et les familles innombrables des victimes qualifiées de «pertes collatérales» dans les frappes de drones aveugles, il y aurait aussi les détenus de Guantanamo et cette liste s’allongerait jusqu’aux familles des Japonais tués par les bombes atomiques américaines larguées sur Hiroshima et Nagasaki et même aux rescapés qui en subissent encore les retombées, etc.
On comprend le souci d’Obama de ne pas ouvrir la boîte de Pandore.
K. M.
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