Akbou et Béchar : la justice informelle

Par Kamel Moulfi – A deux reprises, en l’espace d’à peine quelques jours, des citoyens ont violé la loi et bravé les institutions, en se faisant justice eux-mêmes, à Béchar, par l’incendie de la maison des présumés coupables de l’enlèvement et de l’assassinat d’un enfant, et à Akbou, en lynchant un voleur de bétail. Plus d’un millier de km séparent les deux villes, mais le même état d’esprit y règne avec une propension commune à la violence qui domine dans la population et il n’est pas exagéré de penser que des scènes identiques sont envisageables ailleurs, en n’importe quel autre point du territoire algérien, si elles ne se sont pas déjà déroulées.

Il y a dans ces deux faits l’expression d’une «solidarité» dans la violence, qui se manifeste avec une brutalité encore plus forte dans les batailles sanglantes et parfois mortelles entre familles ou entre gangs, armés de sabres et de couteaux, dans les cités et villages. On peut déceler le signe d’une indifférence à l’égard des institutions chargées de faire respecter l’ordre public et assurer la protection de tous en réprimant la délinquance. On ne peut pas affirmer que celles-ci ne font pas leur travail, puisqu’elles réussissent à limiter les dégâts en intervenant assez rapidement, mais il semble bien que l’ampleur de la dynamique de violence «collective» dans la société algérienne soit sous-estimée, ce qui explique les lacunes dans la démarche de prévention.

Les citoyens qui usent de violences pour régler des comptes donnent l’impression d’assimiler le laxisme dans l’action des pouvoirs publics à un vide qui les pousse à agir. Ce laxisme, tout le monde le constate dans la sorte de complaisance dont bénéficient souvent les gardiens de parkings sauvages, ainsi que les vendeurs ou acheteurs de produits divers, qui importunent les passants de façon agressive, particulièrement les femmes, directement sur la voie publique, au vu de tous, agissant impunément comme s’ils avaient l’autorisation de pratiquer leurs occupations illégales. En fait, c’est l’Etat de droit qui est défié.

K. M.

 

Comment (6)

    Anonymous
    12 novembre 2016 - 19 h 49 min

    Akbou est connu pour ses
    Akbou est connu pour ses massacres en 1962 : 2000 personnes ont été lâchement assassinées en quelques jours, à l’époque la cible ce n’était pas le voleur mais le « harki » comme pour le voleur il suffisait qu’une voix s’élève et désigne pour que la foule se déchaine sur la personne l’auteur qui a désigné la cible aura très vite réussi à éliminer un concurrent , un membre d’une tribu ennemie à la famille, …. Dans le passé, plusieurs lynchages ont lieu dans cette sinistre ville jamais personne n’a été jugé et condamné par la justice algérienne. Un conseil, si vous y allez un jour, éloignez vous de la foule on ne sait jamais ! si votre tête ne plait pas à quelqu’un, celui-ci risque de crier et vous êtes mort.

    Anonymous
    4 novembre 2016 - 21 h 30 min

    « On ne peut pas affirmer que
    « On ne peut pas affirmer que celles-ci ne font pas leur travail,…. »

    Si! on peut l’affirmer Du haut de leur « tour » les hauts responsables ne voient que ce qu’ils lisent des rapports qu’on leur présente!
    Nous, nous voyons mieux et savons plus que ces responsables qui soit n’ont pas la volonté, soit des paresseux, soit des opportunistes, soit des incompétents!
    Combien de vols de voitures, vols d’appartements ne sont pas encore élucidés? Le nombre va en augmentant et aucun de ceux dont je suis au courant , en simple citoyen dans la ville où je réside, n’est élucidé à ce jour et ce depuis des mois!
    On a mis à la disposition du citoyen le N° vert pour signaler tout fait contraire à la loi! Essayez d’appeler!!
    S’ils vous réponde c’est pour vous dire d’appeler le commissariat le plus proche, ou bien l’on prend note sans aucune suite. J’ai utilisé ce N° à 5 reprises : tout ce qui est en rapport avec la sécurité ou la tranquillité du citoyen (rixe, menace, tapage, chahut, insultes, grossièretés, blasphèmes etc dans les cités ou quartiers) n’est pas pris en considération ou très peu si le citoyen insiste vraiment trop! On n’intervient quand cela risque de prendre la dimension non souhaitée…Quand par exemple les faits discréditent l’autorité immédiate! Le reste, il faut… attendre!
    L’incivisme va crescendo souvent devant les agents de polices !
    Que peuvent bien faire les citoyens quand les représentants de la loi qui devaient protéger négligent leur mission?
    Même l’incivisme routier commence à ne plus être sanctionné! Ne parlons pas des commerçants qui accaparent les trottoirs, les gardiens de parkings sauvages qui font la loi, les transformations illicites des immeubles d’habitations par des « greffes » rendant les cités « bidonvilles »
    La police ne fait plus que 20% de sa mission à mon avis !!
    Le reste n’est que propagande ou diversion !

    Derradji
    4 novembre 2016 - 8 h 21 min

    Au pays de l’injustice et le règne d’Al Capone
    Il n’ y a de justice en Algérie. Tous les Procureurs et tous les Juges sont des corrompus c’est le règne du faux et du mensonge il n’y a plus de place pour les honnêtes gens dans ce pays.

    Bekaddour Mohammed
    4 novembre 2016 - 8 h 03 min

    antibiotique
    Des microbes rongent société et état, s’attaquent à tout, voilà ce qui nous arrive, ces microbes ont des costumes, des cravates, des 4X4, ou sont de simples quidams, ils ont des cabinets d’avocats, des titres administratifs, des permis de conduire, des femmes, des enfants, ils paraissent « normaux », ils détruisent toute l’Algérie, sa faune, sa flore, sa religion, ses campagnes, ses villes, ses administrations aux belles « apparences », ils empêchent même la pluie de tomber, ils ont court-circuité l’oeuvre divine, ils ont squatté l’histoire, et ses livres, microbes, Microbes, ya Sidi El Microbe, aies pitié d’El Jazaïr !

    UMERI
    2 novembre 2016 - 18 h 42 min

    justice punitive
    Cet acte barbare est a déplorer, on se croirait au moyen age, mais lorsque la justice est absente, ou qu’elle soit aux ordres, c’est ce qui arrive le plus souvent. La criminalité ayant augmentée, la population se sent abandonnée face aux agressions, provocations, harcèlement de femmes même de jour, encouragés par des imams radicaux, qui veulent mettre le pays a genoux, ils ne veulent ni de la modernité ni de la liberté. Dans certaines grandes villes, on a peur de circuler la nuit.

    New kid
    2 novembre 2016 - 11 h 36 min

    Farce ou justice?
    L’absence de l’état dans la sécurité du public est flagrante. Les sommes faramineuses dépensées par la nomenklatura et l’apparatchik pour leur sécurité, peuvent nourrir les 40 millions d’algérien pendant plusieurs années !
    La police ne sort que pour tabasser la population qui ne fait que demander du travail. « The squandering » des richesses du pays en échange de châteaux en Espagne, encourage l’incivisme. Le chômage, l’oisiveté, le manque de véritables associations de jeunesses, de loisirs allant du sport au théâtre, qui accompagnerait et rendre dans le bon chemin l’égarement de cette jeunesse ou génération sacrifie en échange d’appartements cossus dans les capitales occidentales ou de soins.
    Soit l’encadrement n’existe pas ou que l’éducation est déficiente qui favorise l’islamisation. Allons-nous devenir comme l’Arabie Tehoudite « Busy » à couper des mains a l’aide de sabre ?

Les commentaires sont fermés.