Classement du terrorisme dans le monde : l’Algérie sort de la zone rouge
L’Algérie est en train de réussir sa sortie du cauchemar créé par l’activité terroriste sur son territoire. C’est ce que suggère la lecture du rapport annuel élaboré par l’Institute for Economics and Peace (IEP) sur les tendances mondiales du terrorisme établies à partir de la base de données du terrorisme mondial du National Consortium for the Study of Terrorism and Responses to Terrorism (Start) ainsi que d’autres sources. Certes, notre pays figure toujours dans la catégorie des pays qui subissent encore ce fléau, mais son rang (42e pays touché par le terrorisme sur 163) n’est pas dans la zone dangereuse. La France (rang : 29) et les Etats-Unis (36) ne sont pas mieux classés.
L’amélioration de la position de notre pays dans ce triste palmarès ne surprend pas les Algériens, qui ont commencé à constater depuis plusieurs années le recul du terrorisme avec un retour de la sécurité dans quasiment tout le pays. Les informations données par les communiqués du ministère de la Défense nationale prouvent que la lutte antiterroriste est menée avec détermination et succès, avec un axe de prévention dominant, comme l’indiquent les découvertes et destruction de caches d’armes, les arrestations de terroristes et la récupération de leurs armes et les redditions qui se poursuivent. Toutefois, il est maintenant établi que les résidus du terrorisme ne sont pas aisés à réduire et à éradiquer définitivement, ce qui prendra certainement encore du temps. Ils comportent une part de nuisance que les services chargés de combattre ce fléau ne négligent pas du tout.
Les succès remportés en Algérie contre le terrorisme sont mieux appréciés quand on les place dans le contexte régional et international, qui est marqué, selon les termes mêmes du rapport élaboré par IEP, par de grandes inquiétudes dues à «la poursuite de l’intensification du terrorisme dans certains pays et sa propagation à de nouveaux territoires».
Le Global Terrorism Index 2016 (GTI) fait ressortir que le nombre total de décès provoqués par le terrorisme a diminué de 10%, pour atteindre 29 376 en 2015, et son impact économique mondial a atteint 89,6 milliards dollars, mais il note que le nombre de pays enregistrant leur nombre de décès le plus élevé durant la même période a augmenté, pour passer à 23, soit six de plus que le pic précédent de 17 pays. Les inquiétudes soulevées par le rapport sont sans doute liées à la part que prennent les mercenaires européens dans le terrorisme en Syrie, et l’impact dévastateur, en retour, sur leurs pays d’origine. Ces pays, en particulier la France, la Belgique, l’Allemagne et, en dehors du continent européen, les Etats-Unis, restent sous une menace grandissante avec l’éventuel retour des terroristes qui agissent en Syrie et en Irak. A ce propos, le rapport a créé un curieux concept, «l’activité terroriste moderne», en évoquant les attaques perpétrées dans ces pays, et estime que ce «terrorisme moderne» doit avoir des réponses rapides et adaptées à l’évolution des organisations criminelles.
Le rapport de l’IEP sous-estime le facteur de l’extrémisme religieux, qui est pourtant dominant et déclencheur, et privilégie d’autres «origines» du terrorisme que sont les facteurs socioéconomiques, tels que le chômage des jeunes, le sentiment d’exclusion lié à des considérations identitaires et autres du même registre. Pour les pays en développement, le rapport suggère même que le terrorisme est une forme violente de contestation sociale en évoquant les niveaux de corruption et d’inégalités qui seraient parmi les causes des activités terroristes. Cette approche, qui néglige le fanatisme, qui est à la base des activités terroristes, risque de conduire à la complaisance dans la lutte antiterroriste.
Houari Achouri
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