Kouchner soutient Macron : «Oui, la France doit reconnaître ses crimes en Algérie !»
Dans une interview au journal Al-Quds Al-Arabi, publiée dans l’édition de ce samedi, l’ex-ministre socialiste français a exprimé son soutien à Emmanuel Macron face à la levée de boucliers soulevée par les propos que ce dernier avait tenus mardi dernier à Alger, qualifiant la colonisation de «crime contre l’humanité». Interrogé sur ce qu’il pensait de la polémique suscitée par la déclaration de Macron, Bernard Kouchner a répondu : «C’est vrai que la France a commis des crimes atroces en Algérie ; la France doit le reconnaître, parce qu’il existe des faits indéniables qui prouvent cette réalité.» Avant d’atténuer son propos, en estimant que le candidat d’ «En Marche !» n’a pas choisi les mots judicieux pour qualifier ces crimes. «Si ce n’était pas un lapsus, dû à un excès de ferveur, explique Kouchner, je dirais que ce pouvait être une manière d’attirer les électeurs français d’origine algérienne. Car, on ne peut traiter ce type de dossiers sensibles et cette histoire chargée de blessures et de douleurs par des déclarations aux conséquences incalculables», regrette-t-il.
Dans le même registre, le fondateur de Médecins sans frontières affirme que la France «n’a pas le courage de reconnaître les crimes qu’elle a commis durant la période coloniale, parce que les gouvernements successifs n’ont pas eu assez d’audace pour le faire». Cela aurait certainement aidé à améliorer les relations entre les deux pays et, du coup, les enfants de la troisième ou quatrième génération des Français d’origine algérienne sentiraient que la France respecte le pays de leurs parents et de leurs ancêtres». Et d’ajouter : «Les gouvernements successifs en France n’ont pas eu le courage de clore définitivement ce dossier, comme l’ont fait d’autres pays colonisateurs, tels que la Grande-Bretagne.» Il juge néanmoins que la responsabilité est partagée entre la France et l’Algérie, en disant que l’Algérie «n’a pas pensé un jour à tourner la page pour construire de nouvelles relations basées sur le respect mutuel».
Bernard Kouchner avait, pour rappel, suscité une vive polémique, en 2007, alors qu’il était ministre des Affaires étrangères sous Nicolas Sarkozy, en déclarant à un hebdomadaire français que les relations entre l’Algérie et la France pouvaient être améliorées «lorsque la génération de l’indépendance algérienne ne sera plus au pouvoir».
R. Mahmoudi
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