Maroc : un nouveau Premier ministre moins zélé que ses prédécesseurs ?
L’ancien ministre des Affaires étrangères marocain, Saâd-Eddine El-Othmani, qui vient d’être nommé Premier ministre en remplacement d’Abdelilah Benkirane, est connu pour être moins zélé que son prédécesseur sur la question des relations avec l’Algérie. Va-t-il contribuer à la reconstruction de la confiance entre les deux voisins, rompue à cause des manœuvres et campagnes médiatiques répétitives orchestrées par le Makhzen pour saborder tous les efforts de rapprochement ?
Il faut rappeler que Saâd-Eddine El-Othmani s’était fixé comme principal objectif, au lendemain de sa nomination en tant que ministre des Affaires étrangères dans le premier gouvernement Benkirane, en 2011, de relancer les relations avec le voisin de l’Est, la première depuis 2004. Il avait consacré son premier déplacement à l’étranger à Alger. Reçu en janvier 2012 par le président Bouteflika, il s’est engagé au nom de son pays à multiplier les efforts pour aboutir à une normalisation rapide des relations entres les deux pays. Or, encore une fois, l’obstination des Marocains à vouloir faire du chantage sur la question du Sahara Occidental pour obtenir la réouverture des frontières terrestres fermées depuis 1997 a fait capoter le dialogue. D’ailleurs, les relations entre Alger et Rabat vont davantage s’envenimer après l’agression menée, le 1er nombre 2013, par des nervis du Makhzen contre le consulat d’Algérie à Casablanca, où un drapeau algérien a été arraché sous le regard des autorités.
En 2016, une déclaration de Saâd-Eddine El-Othmani, saluant les propos tenus par le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal sur l’avenir des relations algéro-marocaines, lui a valu une salve de critiques de la presse à la solde du Makhzen, qui n’a pas cessé ses attaques depuis jusqu’à avoir sa tête. Dans son interview au journal Achark Al-Awsat, Sellal affirmait que l’Algérie privilégiait «une approche globale pour traiter tous les dossiers dans le cadre d’un dialogue direct» avec le royaume du Maroc.
Dans une autre déclaration qui a suscité l’ire des zélateurs de la politique anti-algérienne du Makhzen, Saâd-Eddine El-Othmani a dit, à propos de la fermeture des frontières, qu’il n’en connaissait pas les raisons, ajoutant que s’il les connaissait vraiment, il se dépêcherait de les résoudre. Pour les plumitifs du Makhzen, cela confirme encore une fois que les affaires étrangères n’était pas son terrain de prédilection.
Cela dit, il faut attendre pour le juger à l’épreuve et voir quelle orientation il va imprimer à la politique du gouvernement qu’il est appelé à former. Même si l’on sait à d’avance que les grandes lignes stratégiques sont dictées par le palais.
R. Mahmoudi
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