Marine Le Pen livre les Algériens en pâture aux Corses dans un meeting animé à Ajaccio
La présidente du parti d’extrême-droite français, Marine Le Pen, a évoqué la visite d’Emmanuel Macron auquel elle a reproché d’avoir fait état de sa volonté d’améliorer la mobilité humaine entre la France et l’Algérie au cas où il serait élu président. Marine Le Pen a ainsi essayé de raviver le feu de la haine raciste qui s’est emparé de cette île depuis les incidents qui avaient eu lieu sur une plage et qui avaient mis aux prises une famille musulmane à des autochtones. Pour la présidente du Front national, la mobilité humaine telle qu’envisagée par son concurrent dans la course à l’Elysée constituerait une «menace pour la Corse».
Marine Le Pen a, en outre, mis en avant sa propension à l’ostracisme, en multipliant les attaques frontales contre les communautés étrangères, et pointant un doigt accusateur en direction des Maghrébins qu’elle accuse de tous les maux, dans une démarche claire d’exacerbation de la haine raciale et du communautarisme en France en général, et en Corse en particulier. Le discours de Marine Le Pen à Ajaccio a franchi un pas supplémentaire dans l’impulsion xénophobe du Front national. Le choix de cette ville pour exprimer autant d’acrimonie envers les musulmans de France participe inexorablement d’une stratégie visant à provoquer des heurts entre les Corses d’origine et les émigrés maghrébins installés sur l’île de Beauté.
Par ces propos, la présidente du Front national esquive, en réalité, la question principale : celle de la volonté autonomiste qui anime la majorité du peuple corse qui revendique le divorce d’avec l’Hexagone. Marine Le Pen a complètement occulté cette réalité, préférant détourner l’attention vers une supposée menace migratoire qui viendrait du Maghreb. «Nous savons tous dans quel sens se ferait cette mobilité humaine», a martelé Marine Le Pen, qui a joint sa voix à celle de tous ceux qui ont critiqué le fondateur du mouvement En Marche ! pour avoir soutenu, à partir d’Alger, que la colonisation «est un crime contre l’humanité». Une affirmation que la fille de Jean-Marie Le Pen conteste, arguant qu’Emmanuel Macron a, ainsi, «renié les valeurs de la France».
Le discours haineux de Marine Le Pen a peu de chance de convaincre les Corses, plus attachés à leur lutte pour l’indépendance de leur île qu’à l’œuvre oratoire de la présidente du Front national avec laquelle ils partagent au moins un aspect, celui de l’irrépressible quête de la souveraineté.
Karim Bouali
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