Vote pour les législatives : les médias étrangers décrivent un scrutin «sans enjeu»
Le vote de la communauté algérienne établie à l’étranger pour les législatives du 4 mai 2017 a commencé samedi dernier. La presse française est celle qui s’intéresse le plus à cette élection, de par l’importance de la communauté algérienne établie dans ce pays, mais aussi en raison de la proximité des joutes avec le second tour de l’élection présidentielle en France et qui intéresse également les Algériens de France. La plupart des médias ont préféré mettre l’accent sur l’intérêt des émigrés en France pour l’élection présidentielle française.
France Info a publié un article sur son site internet dans lequel il s’est intéressé aux Algériens établis à Marseille. «A Marseille, où vivent 300 000 Algériens, la plus importante communauté de France, le scrutin ne suscite pas beaucoup d’intérêt», écrit France Info. Le média français a fait un radiotrottoir pour mettre en exergue l’idée de l’abstention qui caractérise l’esprit des émigrés algériens établis à Marseille. «Je n’ai jamais voté. Je ne voterai jamais. Ce sont tous des menteurs, il n’y a que la racaille, que la magouille. Ça ne sert à rien de voter», dira un homme en face du journaliste de France Info.
L’électorat algérien en France, qui totalise 763 771 personnes, est réparti en deux zones : la zone nord avec 463 260 électeurs et la zone sud avec 300 511 Algériens. Ils devront choisir 4 députés issus des membres de la communauté parmi les 19 listes de la zone nord et les 14 listes de la zone sud, note le site d’information.
Le média électronique Huffpost Maghreb s’est également penché sur le vote des émigrés algériens en France. Il relève que, contrairement aux scrutins antérieurs, le vote pour les législatives de 2017 aura lieu pour la communauté algérienne durant trois jours, les samedi 29 et dimanche 30 avril, ainsi que le jeudi 4 mai de 8h à 19h. Le Huffpost Maghreb indique également qu’en raison de la situation sécuritaire prévalant en France et l’état d’urgence en vigueur en raison de la menace terroriste, un dispositif sera mis en place par les autorités françaises afin de sécuriser le déroulement du scrutin.
Des électeurs désabusés
L’Echo républicain, un autre média français local, s’est intéressé aux élections législatives du 4 mai 2017. Sous le titre «Elections législatives : on vote aussi en Algérie et le bureau est à Dreux», le média français écrit : «Tous les yeux sont braqués sur le second tour de l’élection présidentielle française. Mais, il y a d’autres élections qui passent plus inaperçues en France : les élections législatives en Algérie.» Le journal informe également les retardataires qu’ils pourront voter à Nanterre le 4 mai.
Radio France International (RFI) a consacré, de son côté, un article à ce scrutin. Dans un article daté d’aujourd’hui, le média francophone a fait un round-up de la campagne électorale pour les élections législatives en Algérie.
RFI a mis l’accent sur le spectre de l’abstention. «Chez les jeunes surtout, il y a un grand désespoir», a déclaré une Algérienne interrogée par le média.
Dans la presse africaine, le site d’informations Africanews a publié un article intitulé «Législatives en Algérie : la diaspora a entamé son vote». «Des élections sans enjeu majeur et pour lesquelles les Algériens ne semblent pas montrer de l’intérêt. Le ministre algérien de la Communication a d’ailleurs fait parvenir aux médias, le 28 mars, une circulaire pour qu’ils ne donnent pas la parole aux personnes qui appellent au boycott de ces élections», rapporte ce média.
«Un scrutin sans enjeu»
Dans la presse moyen-orientale, L’Orient-Le Jour, le journal libanais, a consacré aujourd’hui dimanche 30 avril un reportage sur l’ambiance de la campagne électorale dans lequel il met en évidence le fait que les Algériens se passionnent pour la présidentielle française. «En France, il y a une élection avec un enjeu politique, alors qu’en Algérie, (…) c’est un scrutin sans enjeu», écrit le journal libanais en reprenant l’analyse du sociologue algérien Nacer Djabi.
«Ici, les gens suivent la présidentielle française. Les législatives (en Algérie), on s’en fout complètement», lance à la cantonade le serveur d’un restaurant algérois sous les sourires des clients.
Dans la presse arabe, peu d’articles sont consacrés aux élections législatives en Algérie, encore moins pour le vote de la communauté algérienne établie à l’étranger.
Le quotidien arabophone Al-Qods Al-Arabi a consacré un reportage à la campagne électorale en Algérie en date du 26 avril dernier sous le titre évocateur «Blagues et propagande électorale en Algérie : de Cheb Mami aux anges candidats». Le quotidien a sérié les plus étranges déclarations politiques et les promesses les plus farfelues des candidats à ces élections, tel ce candidat qui a proposé aux citoyens de Tizi-Ouzou de leur construire un grand stade, oubliant que c’est la prérogative du ministère de la Jeunesse et des Sports, ou encore cette autre candidate qui a lancé à Boumerdès de généraliser l’enseignement de la langue amazighe dans toutes les communes du pays, alors que le gouvernement a généralisé l’enseignement de cette langue il y a quelques années.
De son côté, le quotidien Al-Hayat Al-Arabya a publié ce dimanche 30 avril un article sous le titre «Pas de changement attendu dans la carte du Parlement algérien». «Il ne semble pas que la campagne électorale a influencé les attentes des électeurs», écrit le journal, en ajoutant que «les observateurs ne croient pas que les élections de jeudi prochain peuvent offrir une carte politique nouvelle» à l’Algérie.
Ramdane Yacine
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