Un ministre tunisien aux Italiens : «Attention, l’Algérie est un pays communiste !»
Intervenant ce matin à Rome, lors d’une conférence intitulée «Tunisie, espoir en Méditerranée» et organisée par la fondation Craxi, le ministre tunisien des Affaires locales et de l’Environnement, Riadh Mouakher, a voulu faire passer l’idée que la Tunisie est une sorte d’asile de paix entouré de pays problématiques, en s’en prenant à l’Algérie et à la Libye. «Quand on me demande où se situe la Tunisie, je ne vous cache pas que je préfère répondre qu’elle se trouve sous l’Italie. C’est mal vu de dire que la Tunisie se trouve entre l’Algérie, un pays communiste, et la Libye, un autre pays qui fait peur», a-t-il déclaré sur le ton de la dérision.
Le ministre tunisien semble ignorer qu’il s’adressait à un auditoire dont le pays, l’Italie en l’occurrence, connaît parfaitement l’Algérie. Il semble ignorer également que l’Algérie et l’Italie entretiennent un excellent niveau de coopération. En agissant de la sorte, Riadh Mouakher perpétue, en réalité, une tradition ancrée chez certains responsables tunisiens. Une tradition qui veut que l’on morde la main qui vous nourrit. On se souvient, toutes les aides financières accordées aux Tunisiens après le départ de Zine El-Abidine Ben Ali pour éviter que ce petit pays ne sombre dans le chaos social, n’avaient pas empêché quelques «révolutionnaires» locaux de la 25e heure de s’illustrer par des gestes des plus inamicaux à l’égard de l’Algérie.
En 2015, le bal a été ouvert par le président tunisien en personne. Béji Caïd Essebsi s’était empressé de nier l’existence de terroristes tunisiens et d’insinuer que le problème viendrait plutôt de l’Algérie voisine, lorsque son pays avait été la cible d’une série d’attentats sanglants. «Il y a un Algérien derrière chaque groupe terroriste repéré en Tunisie», avait-il soutenu. Son ministre de la Défense, Farhat Horchani, avait, par la suite, pris le relais et soutenu notamment la thèse selon laquelle la Tunisie serait «victime de ses voisins» et que «le terrorisme provient d’Algérie et de Libye». Une thèse défendue peu de temps avant à Tunis par l’ancien président français Nicolas Sarkozy.
L’Algérie n’avait, alors, pas eu à répondre à ces attaques, car, peu de temps après, le monde avait appris effaré que les Tunisiens constituaient, en réalité, l’un des plus grands contingents étrangers du groupe terroriste Daech en Libye, en Syrie et en Irak.
Sadek Sahraoui
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