Un train peut en cacher un autre

Par Sadek Sahraoui – Les ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye, qui tenaient cet après-midi à Alger une réunion destinée à faire le point sur la situation dans l’ex-Jamahiriya, ont affiché des positions globalement convergentes.

Tout le monde a martelé qu’il n’y avait pas d’alternative à l’accord interlibyen du 17 décembre 2015 et convenu que la solution à la crise – nécessairement politique – devait provenir avant tout des Libyens eux-mêmes. La majorité des présents s’est également montrée opposée à toute intervention militaire étrangère et a dénoncé les parasitages dont fait l’objet le dossier libyen. Même les représentants de l’Union africaine et de l’Union européenne ont abondé dans le même sens.

Il est rare en Afrique ou dans le monde arabe qu’un plan de règlement d’un conflit requiert un consensus aussi large. Du moins, le consensus est bien là, transcrit noir sur blanc, dans la déclaration finale adoptée à l’issue de cette 11e réunion des pays voisins de la Libye organisée sous l’égide de l’ONU et de la Ligue arabe. Si tout le monde est d’accord sur la ligne à suivre pour faire taire les armes en Libye, il est à se demander alors pourquoi la crise perdure autant.

Ou ce groupe de pays voisins de la Libye – qui réunit l’Algérie, l’Egypte, la Tunisie, le Tchad, le Niger et le Soudan – n’a pas réellement l’influence suffisante pour pouvoir peser sur le cours des événements, ou alors le consensus qu’il affiche n’est que de façade. Cela peut être aussi les deux à la fois.

Mais la rencontre, le 2 mai, entre Khalifa Haftar et Fayez Al-Sarraj à Abu Dhabi, au cours de laquelle les deux parties ont convenu de réviser l’accord interlibyen autour d’une table de négociations, a montré que l’Egypte à deux fers au feu dans le cas du dossier libyen. Le président Abdelfattah Al-Sissi ne se considère pas obligé, du moins, de privilégier un effort collectif. Le fait que le ministre égyptien des Affaires étrangères ait préféré envoyer son second à Alger, plutôt que de venir lui-même assister à la rencontre, confirme clairement que Le Caire est dans une logique différente de celle prônée par le groupe des pays voisins de la Libye.

Le constat pourrait expliquer, d’ailleurs, pourquoi l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Martin Kobler, a fait savoir dans une allocution prononcée à l’ouverture de la réunion que «la volonté du maréchal Haftar de négocier sur la base de l’accord politique libyen est une source d’optimisme calculé» – il a certainement voulu dire mesuré). C’est que Kobler sait mieux que quiconque que dans la Libye post-Kadhafi, un train peut toujours en cacher un autre.

S. S.

Commentaires

    TARZAN
    10 mai 2017 - 4 h 49 min

    il a été élu grace aux voix
    il a été élu grace aux voix des algériens car les marocains ont suivi les instructions du makhzen en votant mélenchon, et le voilà qui crache sur l’algérie en réservant son premier voyage au maroc!!! il crache sur la baraka et embrasse la poisse (marocaine). ce président ne va pas réussir

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