Guerre médiatique ouverte entre Riyad et Doha

Tammam bin Ahmed Al-Thani. D. R.

Entre l’Arabie Saoudite et son fidèle allié, le Qatar, la tension ne cesse de monter depuis la diffusion par la chaîne de télévision à capitaux saoudiens, Al-Arabia, d’une dépêche, tirée de l’agence de presse officielle qatarie, dans laquelle l’émir Tammam bin Ahmed Al-Thani, critique l’escalade contre l’Iran et estime que l’existence de la base militaire américaine à Aidid, au Qatar, «a protégé (son pays) contre les convoitises de certains pays voisins», sans les nommer.

Dans cette déclaration attribuée au prince du Qatar, celui-ci a aussi critiqué le classement, par les pays du Golfe, des organisations comme le Hezbollah libanais ou le Hamas palestinien comme des organisations terroristes. Réagissant à ces attaques, le gouvernement qatari parle d’une action de piratage qui aurait ciblé le site électronique de l’agence officielle, et menace de poursuivre les auteurs qui, selon un communiqué diffusé ce mercredi par la chaîne Al-Jazeera, vise à «semer des doutes sur la position officielle de l’Emirat» et à «ternir l’image du prince Tammam et de sa diplomatie».

Al-Arabia revient à la charge, en donnant des preuves que le site n’a pas été piraté et que, du coup, les propos attribués à Tammam étaient bien de lui. La chaîne saoudienne diffuse des images vidéo d’un JT de la chaîne d’Etat qatarie, mis en ligne sur Instagram, et Google Plus qui, d’après les journalistes d’Al-Arabia, sont deux applications imperméables.

Cette polémique cache une profonde dissension entre Riyad et Doha, accentuée par la visite effectuée par le président américain en Arabie Saoudite pour un sommet Etats-Unis-monde musulman qui n’a finalement profité qu’aux Saoudiens. Le Qatar, qui était le principal moteur du «printemps arabe» qui a éclaté en 2011 et, par ricochet, le principal sous-traitant des Américains dans leur politique moyen-orientale, s’est vu, lors de cette rencontre, marginalisé.

Le roi Salmane d’Arabie Saoudite a réussi à imposer l’agenda régional de son pays (guerre contre le Yémen, le conflit avec l’Iran…), en se confirmant, grâce à la signature d’un marché important d’armement avec Washington, comme l’unique interlocuteur arabe des Etats-Unis et en recevant le feu vert pour poursuivre sa politique suicidaire qui, comme on le voit aujourd’hui, hypothèque l’avenir de tous les pays du Conseil de coopération du Golfe.

R. Mahmoudi

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