France : une campagne des législatives plate

La désaffection des citoyens fait craindre un boycott inédit. D. R.

Jamais une campagne électorale pour les législatives n’a été aussi morose. Après celle de la présidentielle, que tout le monde avait qualifiée de pathétique puisque dominée par les révélations sur les affaires, touchant quasiment tous les partis, aux lieu et place d’un débat contradictoire sur les idées, les scrutins des 11 et 18 juin prochains, qui doivent renouveler la composante parlementaire, ne suscitent ni emballement ni appropriation de la part des citoyens. Une indifférence qui laisse présager un taux d’abstention inédit qui battrait des records. 

L’on ne peut imaginer un autre scénario, tant il est vrai que l’élection d’Emmanuel Macron, à travers le comportement de bon nombre de candidats, a semé le trouble dans l’opinion. Si la majorité des candidatures investies par le mouvement du président, la République en marche !, toutes celles de la France insoumise, de Jean-Luc Mélenchon, ou encore du Front national ne souffrent aucune ambiguïté car elles concourent sous les couleurs de leur parti. En revanche, les postulants relevant des Parti socialiste et Les Républicains qui se présentent sous le vocable fourre-tout «la majorité présidentielle», foulant ainsi toute éthique et en opposition aux recommandations de leur entité respective, ont fini par semer le trouble dans les rangs des électeurs. 

Comment comprendre, en effet, la posture des candidats investis officiellement par le PS ou LR mais se retrouvent à louer l’action du nouveau président et, tout à coup, se reconnaissent dans le programme de celui qu'(ils) n’ont eu de cesse de pilonner tout au long du processus électoral présidentiel ?

Parmi les cas ubuesques, l’on note, par exemple, celui de Marisol Touraine, ex-ministre de la Santé dans le gouvernement sortant. Pourtant investie par Solférino mais sur son affiche électorale n’y figure ni le logo du PS, encore moins la couleur rose chère aux socialistes. Il faut bien reconnaître que toutes ces situations grotesques sont favorisées par le fait que le mouvement La République en marche ! n’a pas investi de candidat dans ces circonscriptions laissées libres aux candidats «Macron compatible». 

Dans d’autres régions encore, la 9e des Français de l’étranger notamment, faute de pouvoir trancher en faveur de la candidate Leïla Aïchi, initialement désignée par la Commission nationale des investitures, suite au diktat imposé par tous les «amis» du roi du Maroc, l’on se retrouve avec une joute qui se joue avec deux concurrents se réclamant de la même bannière : candidats d’Emmanuel Macron. 

Immanquablement, de telles décisions et de tels arrangements ne peuvent que renforcer l’idée que le changement spectaculaire, ce à quoi les Français aspirent, n’est tout compte fait qu’une simple promesse de campagne. 

De Paris, Mrizek Sahraoui

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