Mohammed VI fait suspendre un journal à Bahreïn
Les monarchies moyenâgeuses du Golfe et le Maroc savent se serrer les coudes lorsque leur survie est menacée. Les autorités du minuscule Etat du Bahreïn n’ont pas ainsi trouvé problème à répondre favorablement à la demande de Mohammed VI de faire fermer Al-Wasat, un journal local. Le seul tort commis par ce quotidien arabophone est visiblement d’avoir couvert un peu trop régulièrement la contestation que vit la région du Rif depuis près de sept mois.
Dans un communiqué publié par l’agence officielle BNA, le ministère bahreïni de l’Information justifie cette mesure par la publication par Al-Wasat aujourd’hui d’un article qui «porte atteinte à un pays arabe frère». Tout le monde aura compris qu’il se référerait à un article évoquant les troubles dans la province d’Al-Hoceïma, au Maroc, et l’origine de la colère populaire dans cette région. Le quotidien Al-Wasat est, ajoute-t-on, suspendu «jusqu’à nouvel ordre».
En janvier, les autorités avaient déjà suspendu pendant trois jours la version en ligne du quotidien indépendant Al-Wasat, l’accusant de «semer la sédition» à Bahreïn. Le journal avait été également interdit de parution pendant deux jours en août 2015. Al-Wasat avait été suspendu une première fois en avril 2011, en pleine mobilisation d’un mouvement de contestation inspiré par le printemps arabe et mené par la majorité chiite, qui réclamait des réformes politiques à la dynastie sunnite. Le journal avait été alors accusé d’avoir publié de fausses informations.
Son rédacteur en chef, Mansour Al-Jimri, avait été jugé et condamné à une amende, et le journal autorisé à reparaître. Les autorités ont intensifié la répression de l’opposition, avec la dissolution récente des deux plus grands mouvements politiques : Waad (opposition laïque) et Al-Wefaq (opposition chiite). «Désormais, ils cherchent à faire taire l’unique journal indépendant», a déploré le Bahrain Institute for Rights and Democracy (Bird), une ONG basée en Grande-Bretagne, pressant Washington et Londres, alliés des autorités de Bahreïn, à condamner la suspension d’Al-Wasat.
S. S.
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