Indigence politique
Par Kamel Moulfi – L’actualité politique en Algérie est d’une indigence rarement connue ces dernières années. Pas la moindre déclaration fracassante qui puisse servir de repère et inspirer les analystes. Comme si les dirigeants s’étaient mis subitement à respecter une forme de sagesse qui leur évite tout débat politique et surtout le risque de dérapage en cas de polémique, ou alors les partis se sont mis tout simplement en mode veille, en attendant qu’une hypothétique alerte vienne les sortir de leur torpeur. A moins que la cause ne se trouve dans cette succession de périodes dites «creuses», comme le Ramadhan, puis les fêtes de l’Aïd et du 5-Juillet et directement l’incursion dans la période estivale, dans une ambiance caniculaire, qui n’est, on s’en doute, propice à rien d’autre qu’au farniente, c’est-à-dire qui ne nécessite le moindre effort, encore moins la réflexion et l’échange d’idées et d’opinions.
Les observateurs sont contraints d’interpréter les silences et les absences des personnalités habituellement en vue sur la scène politique nationale et de spéculer sur ce qui va se produire de nouveau. Les questions posées par la vie politique restent sans réponse. Djamel Ould-Abbès passera-t-il tout l’été à la tête du FLN ou sera-t-il débarqué bien avant la prochaine rentrée sociale ? Ahmed Ouyahia réagira-t-il à l’attaque frontale lancée contre l’un de ses proches au sein du RND, l’ancien ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb ? Ce ne sont pas les seules questions qui secouent le camp des partis qui soutiennent l’action présidentielle.
Quant à l’opposition politique confondue, elle semble tétanisée, en tout cas affaiblie. Elle a été sanctionnée, au même titre que les partis de la mouvance présidentielle, par l’abstention record qui a marqué les législatives de mai 2017, alors que l’on était en droit d’attendre, au contraire, qu’elle profite du recul du FLN et du RND dans l’électorat. Elle en a été incapable et renvoie ainsi une image peu encourageante à ceux qui espéraient qu’elle constitue une vraie alternative dans la perspective de l’élection présidentielle de 2019 qui arrive à grands pas. Bientôt, les partis politiques commenceront à organiser leurs universités d’été qui seront l’occasion de préparer les élections locales. Les observateurs seront certainement à l’affût.
K. M.
Comment (8)