Elle fait appel aux banques pour boucler son budget : la Tunisie dans le rouge

Fadhel Abdelkefi
Fadhel Abdelkefi, ministre des Finances par intérim. D. R.

L’économie tunisienne ne va pas bien, et cela se voit. Selon l’agence de presse tunisienne TAP, le ministère des Finances et treize banques du pays ont signé ce week-end une convention pour le financement du budget de l’Etat de 2017. Un budget que le gouvernement a eu le plus grand mal à boucler. Ces banques se sont ainsi engagées le 6 juillet à lui prêter l’équivalent de 250 millions d’euros sur une période de trois ans avec, au choix, deux procédures différentes de remboursement en devises : soit au terme des trois ans à un taux de 2,25%, soit annuellement à 2%.

Dos au mur, le gouvernement tunisien n’avait pas d’autre choix que de recourir à ce procédé. Il faut savoir que le déficit budgétaire tunisien a augmenté depuis la «révolution du Jasmin» : proche de l’équilibre en 2010, il a dépassé 6% du PIB en 2013, avant de décroître à 4,9% en 2014 et 2015, puis remonter à 6% en 2016. La dette publique tunisienne est passée de 40% du PIB en 2010, à plus de 60% en 2016. Fin novembre, la conférence internationale «Tunisia 2020» a permis une levée de 34 milliards de dinars (15 milliards de dollars) répartis entre prêts, dons et reconversion de la dette. Mais la somme s’est avérée insuffisante pour remettre en marche la machine économique tunisienne.

Fadhel Abdelkefi, actuel ministre des Finances par intérim, a salué l’engagement de ces banques à soutenir les finances publiques de l’Etat. Il a précisé qu’il s’agissait là d’un «test». Pour se financer, la Tunisie compte aussi sur la vente des bons du Trésor et sur l’endettement extérieur. Béchir Trabelsi, directeur général de la gestion des réserves et des marchés à la Banque centrale de Tunisie (BCT), a estimé, pour sa part, que «le recours aux banques nationales permettrait aussi de limiter les financements sur le marché international et d’épargner ainsi au moins 15,7 millions d’euros (environ 43,7 millions de dinars) par an». «C’est une façon de diversifier les ressources de financement du budget de l’Etat, mais surtout cela nous permet d’épargner des fonds supplémentaires en devises, étant donné que le coût global de l’opération sur le marché local est très compétitif et avantageux pour la trésorerie publique, comparé aux opérations similaires effectuées sur le marché international, dont le taux d’intérêt exigé dépasse les 4%, voire les 5%», a-t-il déclaré à la TAP.

Sadek Sahraoui

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