Au feu !
Par M. Aït Amara – Parce que les incendies qui ravagent les forêts cet été ont lieu en Kabylie, la calamité naturelle prend une connotation éminemment politique. L’Etat, sur décision du président de la République en personne, a incarné le rôle du pompier en s’engageant à indemniser les victimes de ces feux dont la survenance a été immédiatement «prise en charge» par le FFS et le RCD, deux partis fortement ancrés dans la région.
La prompte réaction du pouvoir politique face à un événement tragique qui est loin d’être propre aux seules wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa, voire à l’Algérie puisque au moins trois pays du pourtour méditerranéen – le Portugal, la France et l’Espagne – combattent les flammes depuis plusieurs semaines, dénote de la manière la plus claire une forte crainte que les populations de cette région frondeuse se soulèvent encore une fois et créent un climat d’instabilité qui le fragiliserait davantage.
Aussi le pouvoir puise-t-il dans ses dernières réserves pour tenter d’étouffer dans l’œuf toute contestation. Le temps presse et la situation générale du pays n’augure rien de bon. Les réserves de change fondent comme neige au soleil et le biffage de l’ère Sellal par le nouveau Premier ministre qui prouve, ainsi, avoir hérité d’une situation peu enviable, traduisent un malaise profond. Le gouvernement navigue à vue, sans perspective réelle, Abdelmadjid Tebboune parant au plus pressé et s’échinant à rectifier les erreurs de son prédécesseur dont la feuille de route fut de simuler une conversion rapide du tout-hydrocarbures au tout-investissement.
Seulement voilà, le maquillage s’est effacé sous l’effet d’un climat social brûlant et les bonnes blagues de Sellal ont vite laissé place à la triste vérité : l’argent du pétrole a été avalé par des projets budgétivores qui ont – peut-être – amélioré le quotidien d’une bonne partie des Algériens, mais n’ont pas fait avancer le pays d’un iota.
Certains diraient le contraire. Mais, hélas !, quand on regarde la réalité en face, peu de choses prêtent à l’optimisme. Le feu sera, certes, circonscrit en Kabylie, mais le pouvoir ne peut s’échapper par les broussailles.
M. A.-A.
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