Le patron de la DGSI française : «Les terroristes se recrutent chez nous»
Par Karim Bouali – Le nouveau directeur général de la sécurité intérieure française a affirmé, dans un entretien à l’AFP, que la menace terroriste «est principalement le fait d’individus présents en France». Laurent Nunez a expliqué que les terroristes se recrutaient parmi les islamistes «qui ont été empêchés de se rendre en Syrie ou en Irak» ou les «primo-terroristes qui peuvent passer à l’action sans qu’il y ait eu de signes avant-coureurs».
Les propos du responsable sécuritaire français confirment ce que l’Algérie a toujours proclamé, à savoir que le terrorisme ne se cantonne pas à un pays ou à une région particulier. Une mise en garde que les capitales occidentales ont longtemps ignorée, adoptant la politique de l’autruche et refusant de regarder la réalité en face.
«Malgré le recul sur le terrain de Daech, la propagande djihadiste demeure active avec l’envoi de tutoriels de modes opératoires qui ne se limitent pas à des attaques au couteau, voitures-béliers, fabrication d’explosifs…», a souligné le patron de la DGSI, qui en veut pour preuve la récente attaque de Barcelone : «Un groupe d’amis ou une fratrie, a priori inconnus des services, qui conspire en cercle fermé, sans contact avec des personnes radicalisées ou présentes sur zone, échappant ainsi à une détection».
Cette prise de conscience va-t-elle pousser les Occidentaux à abandonner leur superbe et à envisager le phénomène avec plus de pertinence et de perspicacité ? Il faut rappeler que l’ancêtre de la DGSI, la DST, a toujours mis en garde contre la menace terroriste, coopérant sans calcul politicien avec les services de renseignement algériens dans le but d’éradiquer le phénomène qui trouvait, néanmoins, des soutiens insoupçonnés auprès de certaines officines, à l’image de la DGSE, dont l’objectif n’était pas de combattre le terrorisme, mais de déstabiliser l’Algérie. «La seule façon de lutter contre le passage à l’acte, c’est le travail de renseignement que nous menons, en lien étroit avec nos partenaires nationaux et étrangers», a souligné Laurent Nunez.
La France, comme un certain nombre d’autres pays d’Europe, a décidé d’adapter ses lois pour faire face plus efficacement à la menace terroriste. L’arsenal juridique européen a, pour rappel, permis aux extrémistes islamistes – du FIS entre autres – de trouver refuge en Europe, en s’appuyant sur le très élastique principe de défense des droits de l’Homme. Depuis les attentats qui ont secoué la France, la Belgique, la Grande-Bretagne, l’Espagne et l’Allemagne, le champ d’action des extrémistes activant en Europe s’est considérablement réduit.
«La loi nous apporte des mesures qui nous permettent d’agir dans l’urgence ou quand les techniques de renseignement n’ont pas suffi à caractériser la menace», explique le patron de la DGSI qui met en avant la nécessité de mener des perquisitions aux domiciles des suspects qui étaient réglementés d’une façon incapacitante dans l’ancienne loi et qui deviennent «indispensables» et «beaucoup plus ciblées que par le passé». «La loi nous permettra aussi de continuer à procéder à des assignations à résidence et autres mesures individuelles de surveillance», a-t-il ajouté, estimant que «c’est un signal fort donné aux individus pour entraver toute velléité de passage à l’acte et un dispositif qu’il est important d’inscrire dans le temps».
«Nous sommes en train d’identifier des territoires considérés comme sensibles, a-t-il expliqué, pour mettre en place des plans d’action ciblés qui associeront, au-delà des services de sécurité intérieure, l’ensemble des services de l’Etat».
Il reste à savoir si les responsables politiques joueront le jeu ou placeront leur carrière et leurs manigances électoralistes avant l’intérêt général, comme cela a toujours été le cas.
K. B.
Comment (22)