La chanson oranaise représente un riche patrimoine à découvrir et à faire découvrir
La chanson oranaise, ou le genre oranais en général, compte une riche discographie et représente un patrimoine qui reste à découvrir et à faire découvrir, a estimé, samedi, l’universitaire et chercheur en patrimoine Meliani Hadj, lors d’un forum organisé par le quotidien El-Djoumhouria.
«Il existe un répertoire extraordinaire de la chanson oranaise, surtout dans le genre bédoui, dont un grand nombre a été enregistré. Il faut déterrer ce patrimoine et récupérer celui qui se trouve à l’étranger car ce patrimoine est très important», a insisté le conférencier, qui, selon l’APS, a ajouté que la préservation de cette mémoire est également très importante car de nombreux anciens musiciens, chanteurs et poètes sont encore vivants. Il faut collecter leurs œuvres, recueillir leurs témoignages et reconstituer leurs itinéraires, et il est primordial de les faire sortir de l’oubli, a ajouté Meliani Hadj, mettant en exergue la place qu’occupent ces artistes dans la société oranaise.
«Entre 1962 et 1967, il y avait plus de 120 chikhate, avec des milliers de disques enregistrés. Le moindre quartier d’Oran avait ses musiciens et ses chanteurs, et ce sans parler des medahatte», a-t-il insisté. Le chercheur a également déploré l’absence de biographies des grands artistes oranais comme Blaoui Houari, Ahmed Wahby, Ahmed Saber, entre autres. Par ailleurs, le conférencier a mis l’accent sur les difficultés d’accès aux archives privées. «Les archives existent mais certaines sont gardées jalousement par les héritiers qui refusent de les remettre aux chercheurs. Chaque musicien, chaque chanteur doit être connu et sa biographie aussi», a-t-il soutenu, ajoutant qu’il est temps de sortir des slogans et faire un travail collectif pour faire revivre l’histoire des musiciens et des chanteurs, tous les artistes de la région.
De son côté, le poète Mekki Nouna a lancé un appel aux chercheurs et autres artistes de ressusciter d’anciennes gloires de la chanson oranaise, aujourd’hui méconnues, des noms comme Houari Hamani, auteur de Shab el-baroud , Aïssa Berouane et bien d’autres. Le musicien et chef d’orchestre Kouider Berkane a, de son côté, a déclaré que de nombreux musiciens de haut niveau sont restés dans l’anonymat et qu’il faut absolument faire revivre. «La chanson oranaise a commencé avec le bédoui et la gasba, puis embrassé de nombreux autres thèmes musicaux dont le charqi. Le mérite de Blaoui Houari est d’avoir donné une orchestration à la musique oranaise et avoir fait ressortir sa spécificité», a-t-il dit, estimant toutefois que «la chanson oranaise est en danger et il faut la préserver, loin des égoïsmes des uns et des autres».
Concernant la chanson raï, Kouider Berkane a indiqué que celle-ci est devenue, à quelques exceptions, une chanson purement oranaise car les plus grands tubes de la chanson oranaise sont repris par les stars du raï comme Khaled et, aujourd’hui, la chanson oranaise a ses consommateurs dans le monde entier. En ce qui le concerne, Toumouh Abdallah, parolier connu sur la place d’Oran, a souligné, dans son intervention, que la préservation de la chanson oranaise induit inexorablement la préservation du patrimoine oranais.
Le poète est ensuite revenu sur les nombreuses étapes que la chanson oranaise a connues, notamment l’expérience de Blaoui Houari et celle d’Ahmed Wahby, qui l’ont modernisée et lui ont donné un certain cachet, soulignant que le parler oranais, très spécifique, a aussi donné sa spécificité à la chanson oranaise. «La chanson oranaise est très ouverte sur les autres cultures et influe également sur les autres genres», a-t-il ajouté.
R. C.
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