Heures sombres
Par Mrizek Sahraoui – Depuis au moins le Brexit, les votes dans l’Union européenne, pour la présidentielle et les législatives, présentent quasiment tous des similitudes, une similarité qui se traduit par la présence des partis populistes jouant les premiers rôles quand ils ne sont pas carrément plébiscités premières forces politiques dans bien de pays.
L’Italie, qui a organisé ce dimanche les élections législatives et sénatoriales pour désigner les 630 députés et 315 sénateurs, ne déroge pas à la règle qui tend à devenir une tradition dans une Europe où, faute de leaders charismatiques, visionnaires et mobilisateurs, un déficit d’hommes d’Etat conjugué aux difficultés économiques et aux flux migratoires, qui donnent toutes leurs chances aux partis nationalistes, les plaçant en position d’accéder aux affaires avec pour seul programme la mise à l’index de l’immigration.
Marquées par le retour en fanfare de Silvio Berlusconi, l’ancien président du Conseil contraint de quitter le gouvernement en 2011, ces élections, à l’issue incertaine, avec un système électoral complexe qui prévoit un scrutin majoritaire à un tour avec, toutefois, une dose de représentation proportionnelle, se présentent comme un nouveau test permettant de déterminer jusqu’où peuvent aller les Italiens – à l’image des Français dont près de onze millions ont donné leur voix au Front national, en mai dernier, des Britanniques et leur sortie de l’Europe, des Allemands dont leur vote de septembre dernier a mis en difficulté la chancelière Angela Merkel – dans leur empathie à l’égard des partis xénophobes. Et, dans le même temps, celui-ci renseignera sur le degré du rejet de l’étranger devenu la matrice des programmes des partis européens de toutes obédiences.
Même si la possibilité de voir gagner les partis d’extrême droite est minime, puisque le nouveau système électoral exige au moins 40% des suffrages pour espérer former un gouvernement, il n’en reste pas moins que les derniers sondages d’il y a quinze jours – la date limite de publication des sondages étant de deux semaines avant le jour du vote – donnaient une avance à la coalition de droite menée par Berlusconi et d’extrême droite, la Ligue du Nord de Matteo Salvini, avec 37% d’intentions de vote.
Les partis populistes européens creusent doucement mais sûrement leur sillon vers le sommet du pouvoir, une situation politique d’autant plus probable qu’elle risque de replonger l’Europe dans ses heures sombres de son histoire, avec la bénédiction des partis républicains incapables de se sortir des luttes intestines. Parfois d’ego.
M. S.
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