Remaniement partiel du gouvernement : plusieurs grilles de lecture

Par Sadek Sahraoui – Plusieurs lectures peuvent être faites du mini-remaniement gouvernemental que vient d’opérer le président de la République. La première d’entre elles consiste à avancer sans grand risque d’erreur que l’actuel chef de l’Exécutif n’est pas encore complètement grillé contrairement à ce que de nombreux analystes ont avancé ces dernières semaines. Si le chef de l’Etat a décidé de maintenir Ahmed Ouyahia à son poste, c’est qu’il a toujours confiance en lui et qu’il s’acquitte correctement de la tâche qui lui a été confiée après le spectaculaire limogeage de Tebboune.
Mieux, son maintien à la tête du gouvernement est même un désaveu clair au secrétaire général du FLN, Djamel Ould-Abbès, qui a, à maintes fois, essayé de le discréditer ou, à tout le moins, de l’affaiblir. Ce remaniement de petite ampleur devrait donc conforter le secrétaire général du RND et le rendre beaucoup moins vulnérable face aux critiques et attaques de ses ennemis politiques.
En plus de donner des indications sur le statut actuel d’Ahmed Ouyahia, personnalité que beaucoup présentaient comme partant après le sommet de Kigali de l’Union africaine, ce remaniement indique aussi clairement une volonté du président de la République de débarrasser le gouvernement de ministres devenus avec le temps clivants et sources de conflits.
C’est un peu le cas d’Ould-Ali El-Hadi dont la gestion du secteur de la Jeunesse et des Sports commençait ces derniers temps à être décrié. Les critiques dirigées contre ce militant politique expérimenté (qui est souvent présenté comme proche du cercle présidentiel) se sont intensifiées lorsqu’il s’est immiscé dans les affaires de la FAF pour, semble-t-il, imposer Rabah Madjer à la tête de l’équipe nationale de football. Cette personnalité, appréciée en tant qu’ancien grand joueur, ne fait cependant pas l’unanimité parmi les Algériens, surtout qu’il n’a pas les diplômes requis pour driver l’EN et qu’il traîne visiblement des casseroles. C’est de notoriété publique. Ould-Ali a probablement fait une faute en ne prenant pas en compte une telle donnée.
Quoi qu’il en soit, le «pouvoir» ne pouvait le laisser faire plus longtemps, surtout que tout le monde sait que le «foot» en Algérie revêt une dimension très politique, notamment à moins d’une année de la présidentielle. Il est à prévoir donc que son successeur travaillera main dans la main avec le président de la FAF pour trouver un entraîneur capable de donner la joie aux Algériens et, par la même occasion, de préserver la paix sociale.
Le constat s’applique peut-être aussi au ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, qui n’a pas su prévenir, ni anticiper le scandale des prix exorbitants des voitures faussement montées en Algérie. Le départ du ministre des Relations avec le Parlement, Tahar Khaoua, était aussi prévisible eu égard au caractère litigieux d’un de ses diplômes. L’histoire divulguée il y a quelques mois sur les réseaux sociaux avait d’ailleurs valu au gouvernement beaucoup de critiques. Des critiques dont il se serait d’ailleurs bien passé au vu des problèmes économiques et sociaux auxquels il était alors confronté.
La décision de se séparer du ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Hassen Marmouri, peut, en revanche, correspondre à une volonté de secouer le cocotier du secteur, surtout que le gouvernement semble vouloir en faire un levier de croissance. C’est la raison pour laquelle ce remaniement peut être également perçu comme un rappel à l’ordre du premier magistrat du pays.
S. S.
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