Abdelkader Messahel : «Les terroristes utilisent onze sources de financement»
Le ministre des Affaires étrangères a souligné, ce lundi à Alger, que les groupes terroristes et leurs sponsors utilisent internet – via le Darknet et les plateformes cryptées – pour radicaliser et recruter «le plus grand nombre possible» d’éléments, «principalement parmi les segments de la population vulnérables psychologiquement, socialement et aussi économiquement». «L’argent reste l’une des principales armes de la guerre menée par le terrorisme», a précisé Abdelkader Messahel à l’ouverture des travaux de la réunion de haut niveau sur la lutte contre le financement du terrorisme en Afrique, qui se tient à Alger.
«En Afrique, cette réalité s’affirme sur le terrain chaque jour un peu plus. L’intéressement financier remplace de plus en plus la conviction idéologique dans les processus et campagnes de recrutement menés par les groupes terroristes», a affirmé le ministre des Affaires étrangères. «Cela est facilité par la densification en Afrique des relations entre les activités de terrorisme et celles du crime organisé transnational et par l’importance des ressources financières mises ainsi en jeu», a déclaré M. Messahel, ajoutant que «cette jonction est aujourd’hui avérée et documentée tant par l’ONU et ses institutions, par l’Union africaine, par la Banque africaine de développement, que par l’OCDE, le Gafi et ses instances régionales».
«Ces facteurs peuvent contribuer à transformer l’Afrique en une importante plaque tournante du terrorisme et de la criminalité transnationale», a mis en garde le chef de la diplomatie, qui a rappelé que le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest a relevé au moins «onze typologies de sources de financement du terrorisme, incluant le commerce et autres activités lucratives, certaines ONG et les prélèvements caritatifs, la contrebande d’armes, le trafic de drogue, la contrefaçon de divers produits dont les médicaments et les psychotropes, la piraterie, la prise d’otage contre rançon, le trafic de biens cultuels, la migration illégale, le transfert de fonds et la mendicité. Bien d’autres sources existent encore, que vous ne manquerez certainement pas de rappeler durant vos travaux».
«Un récent rapport publié en février 2018 par des organismes régionaux et internationaux qualifiés indique – OCDE, Giaba, BAD et Nepad – que les activités du crime organisé représentent 3,6% du PIB des quinze pays d’Afrique de l’Ouest.
Pour leur part, le Réseau mondial contre la contrefaçon et l’Union des fabricants (France) montrent, dans un rapport publié au mois de décembre dernier, «comment le terrorisme utilise la contrefaçon pour se financer», a encore précisé Abdelkader Messahel, qui a mis en avant le besoin de «cerner davantage l’évolution permanente des méthodes, mécanismes, procédés et canaux utilisés autant par les groupes terroristes que les groupes criminels pour déplacer et faire circuler leur argent».
L. S.
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