Les nouveaux cultivateurs du désert intellectuel islamiste
Par Mesloub Khider – «L’hypocrisie, sous les couleurs d’un langage séduisant, voile la perfidie et le mensonge.» (Pindare)
Depuis quelque temps, nombre d’intellectuels surannés et d’idéologues algériens et étrangers, familiers des rédactions de la presse écrite, des plateaux télé ou des maisons d’édition, et surtout abonnés aux mosquées musquées au salafisme masqué, s’activent à cultiver une rhétorique religieuse sertie de pépites modernistes pour mieux nous vendre leurs arguties rénovées, importées pourtant depuis toujours du même désert tout juste capable de façonner une civilisation en sable.
Ainsi, après s’être noyés dans un éthylisme islamiste scélérat, ces plumitifs islamistes prétendent vouloir se sevrer de cette addiction salafiste au moyen d’une cure d’abstinence intégriste. Après s’être réveillés de leur griserie avec la gueule de bois, ils tentent de se refaire une virginité par leur phraséologie modernisée de langue de bois.
Dans un pays comme l’Algérie, spécialiste du bricolage politique et du ratage économique, féru de tripotage idéologique, expert en sabotage culturel, producteur de déphasage intellectuel, réputé pour son saccage scolaire, ses ravages islamistes, ces islamistes light tentent de se muer en horticulteurs par leur nouvelle production phraséologique mielleusement fleurie.
Leur mission affichée, mais nullement réfléchie : la modernisation de l’islamisme.
Il n’est nullement question d’adaptation du corpus coranique à la société moderne. Nulle question d’une refonte radicale de l’islam. Il s’agit juste d’une greffe rhétorique moderniste sur un champ sémantique largement et profondément islamiste ; d’une autoplastie théologique artificielle sur un islam défiguré. L’opération est vouée à l’échec. Le corps de la société viscéralement islamisée va développer des résistances. Le peuple intégriste n’aime pas les mauvaises copies. Il continuera à s’abreuver aux mêmes sources islamistes distribuées par les multiples canaux acheminés directement par les pays du Golfe via les pipelines salafistes télévisuel, médiatique, livresque.
En réalité, cette entreprise vise à moderniser l’islamisme et non pas à réformer l’islam.
Cela revient à vouloir récrire un texte au propre avec les mêmes termes identiques sur la même page de brouillon. Le résultat sera catastrophique, cacophonique. Le nouveau texte saura-t-il se frayer un chemin au milieu des lignes de la page de brouillon ? Saura-t-il se distinguer du salmigondis graphique ? Voilà ce que ça donne quand on a peur d’ouvrir une nouvelle page d’histoire. Quand on craint de jeter à la poubelle (de l’histoire) certaines pages faisandées par le temps, corrompues par les griffonnages islamistes. On se condamne à réécrire l’histoire sur la même page de brouillon.
A force d’user du même brouillon, on se condamne à vivre la tête dans le brouillard, à ingurgiter le même indigeste bouillon. Et comment comptent-ils s’y prendre, ces modernistes improvisés des temps passés pour redonner vie à leur islamisme défraîchi ?
Ces plumitifs islamistes, pour se racheter une virginité à moindre frais, procèdent à l’exemple de cette histoire de ces horticulteurs incultes, appâtés par le gain facile.
Ces «bons» musulmans qui n’ont que la promesse du paradis céleste à la bouche, pour mieux nous faire oublier l’enfer terrestre qu’ils nous font vivre. Aussi leur islam aura-t-il l’emballage d’un l’islam déclaré authentiquement pur, n’ayant subi aucune avarie par les forces obscurantistes salafistes contemporaines. Mais un œil averti percera à jour immédiatement la supercherie. Car Tarik Ramadan et les autres personnalités nationales moins célèbres n’illusionnent que les crédules, pour rendre plus attrayantes leurs compositions métaphysiques.
N’est pas philosophe des Lumières qui veut !
«La fausseté et l’hypocrisie sont le produit de la bassesse et les fruits naturels du despotisme.» (Jean-Baptiste-Antoine Suard)
M.K.
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