Clin d’œil d’Ouyahia aux pieds-noirs : est-ce une demande de pardon ?
Par R. Mahmoudi – Au moment où le FMI a, dans un nouveau rapport, appelé le gouvernement algérien à plus d’efforts visant à encourager les recettes hors hydrocarbures (lire article par ailleurs), le Premier ministre fait une sortie pour le moins surprenante, en exhortant les hommes d’affaires algériens à faire appel aux «pieds-noirs» pour booster les exportations.
Cette déclaration prélude-t-elle à une réhabilitation officielle de cette catégorie de Français et d’Européens ayant vécu en Algérie durant l’époque coloniale ? Est-ce une réponse à la demande du président français, Emmanuel Macron, lors de sa visite en Algérie, en février dernier, qui avait fait allusion à cette question ? Qui peut encore se définir, en France ou ailleurs, comme pied-noir ? Que peuvent-ils réellement apporter à l’économique algérienne dans la conjoncture actuelle ? Et, surtout, à quel prix ? Autant de questions qui restent posées.
Sujet tabou en Algérie, la question des pieds-noirs, tout comme celle des harkis, ne saurait être traitée sous le seul prisme des relations économiques ou d’un partenariat entre hommes d’affaires. Il y a encore trop de litiges et trop de zones d’ombre, au moins avec une partie de ces anciens «Français d’Algérie» pour que les relations puissent se normaliser si facilement. Il y a d’abord le litige lié aux revendications récurrentes de certains anciens propriétaires français en Algérie. Beaucoup d’entre eux ont eu recours à la justice pour tenter de «récupérer» des biens abandonnés à l’indépendance de l’Algérie. Selon des comptes-rendus de la presse, certains de ces anciens propriétaires auraient eu gain de cause et attendraient d’être rétablis dans leurs «droits».
Autre aspect conflictuel lié à l’agitation des pieds-noirs d’Algérie : un bon nombre d’entre eux s’affichent aux côtés de harkis et autres nostalgiques de l’Algérie française dans des actions et manifestations publiques en France. Les plus zélés d’entre eux ont même annoncé, en novembre dernier, la création d’«un gouvernement provisoire pied-noir en exil», tout en revendiquant un «bout de territoire» en Algérie.
R. M.
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