Mise au point à propos du concept «mtorni»

benaissa mtorni
Silmane Benaïssa. D. R.

Par Abdellali Merdaci (*) – Dans la conclusion de sa longue chronique sur les harkis (16 numéros dans Algeriepatriotique), Kaddour Naïmi me fait l’insidieux honneur de me citer a contrario relativement au concept «mtorni» – plutôt que «mtourni» – dont il semble douter du sémantisme à la fois nouveau et radical (AP, 7 juillet 2018).

Il en a assurément le droit, le bon droit que confère un échange apaisé et démocratique. Il m’oppose ainsi une hasardeuse phénoménologie de bric et de broc se résumant ainsi : on ne peut être jugé «mtorni» si l’on n’a été assigné à quelque digne «cause» au service du «peuple», à laquelle on s’est dérobé. Il s’en explique : «Par ailleurs, parler de ‘‘mtourni’’ (sic) [retourné] est une belle trouvaille, fruit de la créativité langagière populaire. Cependant, n’est-ce pas faire trop d’honneur aux personnes visées. En effet, pour être ‘‘retourné’’ et en venir à défendre une cause vile (contre le peuple), il faudrait, auparavant, avoir défendu une bonne cause, à savoir les intérêts du peuple. Or, certains individus mentionnés n’ont jamais commencé par ce dernier comportement pour échouer, ensuite, dans le premier.»

La doctrine politique de Naïmi est connue : il faut plus incriminer l’Etat (ou l’instance) qui nomme les fonctionnaires d’autorité que ceux qui en bénéficient (AP, 31 mars 2018). Il mettra, de ce strict point de vue, les directeurs des Théâtres régionaux de Béjaïa et d’Oran dans la même case que le Français d’origine algérienne Benaïssa. Tous des factotums du pouvoir, peu importe les trajectoires personnelles, même si à Béjaïa, Omar Fetmouche reste un grand témoin du théâtre national algérien, du Maghreb et de la Méditerranée, pour mériter l’opprobre. Et le tribunitien emprunté délivre, en l’espèce, un blanc-seing à Slimane Benaïssa, qu’il habille grossièrement de pure vertu pour d’affriolantes saisons algériennes.

Le dramaturge Benaïssa était pourtant, selon son entendement, attaché à une «bonne cause» : «Cependant, dans les années 1969-70, Slimane Benaïssa (s’il s’agit de la personne que j’avais alors connue), s’activait au sein de la compagnie ‘‘Théâtre et culture’’ d’Alger, d’orientation ‘‘progressiste’’, autrement dit de ‘‘soutien critique’’ au régime alors existant.»

Rien ne devrait disqualifier Slimane Benaïssa en «mtorni» ? Kaddour Naïmi peut à l’envi corseter les mots et même subodorer naïvement l’existence du semblable Benaïssa Slimane comme s’il y en avait des dizaines dans le théâtre algérien de ces années 1960-70. Mais il reconnaît implicitement la présence d’un comédien de ce nom au service d’une «orientation ‘‘progressiste’’» de soutien au pouvoir de l’époque. C’est, précisément, cette position dans l’art et dans la culture algérienne que Benaïssa allait abdiquer pour se faire le héraut d’un retour à la nationalité française. M’excuserais-je auprès de lecteurs avertis d’insister sur ce qui est une défection, déjà largement décrite et discutée sur ce site ?

Slimane Benaïssa était Algérien, jusqu’à une période critique de l’histoire de notre pays marquée par la charge mortelle et régressive de l’intégrisme islamiste. Il profite de cette malheureuse conjoncture, aidé par les «services» de l’ambassade de France à Alger, pour quitter le pays et se faire naturaliser français. Si cette information est fausse et diffamatoire, que ne sollicite-t-il pas la justice pour en demander réparation ? Je le rappellerais volontiers à ces «courageuses» déclarations à Madame Séverine Labat nettement consignées dans La France réinventée. Les nouveaux binationaux franco-algériens (Paris, Publisud, 2010). Sa démarche n’est ni éthique ni respectable. Comme beaucoup d’artistes, d’écrivains, d’universitaires et de journalistes, il aurait pu, en ces années où l’Algérie était à terre et son unité menacée, faire le choix de l’exil et revenir, auréolé, dans son pays, sans compromis ni compromission. Il ne l’a pas fait. Son départ à Paris dans un fourgon français plombé était une rupture. Dans son cas, le retournement est clair et symptomatique : il est même signé et revendiqué par les «services» de la France officielle à Alger (Cf. La France réinventée, p. 165).

Ce qui m’avait fait réagir, c’était de lire dans un quotidien d’Alger dans une plume emberlificotée une sorte de manifeste compassé en faveur du métissage culturel du dramaturge français d’origine algérienne. Benaïssa y affirmait ses certitudes de néo-Français et s’engageait dans un misérable prosélytisme de converti. Si l’Algérie a certainement des problèmes réels de politique face à l’enfermement et à la clôture du champ politique décidés par tous les pouvoirs qui se sont succédé en cinquante-six ans d’indépendance, comment s’interroger à raison sur sa culture patrimoniale et sur la personnalité de base de ses citoyens, qu’ils soient arabes ou tamazight, qui ne l’ont pas abandonnée et qui n’ambitionnent pas de la dépecer ? Du reste, le vieux débat sur l’interculturel, qui date de près d’un demi-siècle en Europe, et son chapitre sur le métissage culturel appartiennent à une catégorie de la population et de l’intelligentsia françaises. Pourquoi prétendre en assurer le transfert vers l’Algérie et s’y projeter en modèle tutélaire ?

Au moment où je répondais à Slimane Benaïssa dans cet espace de débat libre d’Algeriepatriotique, j’apprenais sa nomination par le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, au poste éminent de commissaire du Festival international du théâtre de Béjaïa. Cette promotion accordée à un homme de culture qui a choisi contre les atroces débâcles de son pays son propre confort personnel, qui a piétiné par son retour à la France les sépultures des martyrs de la Guerre d’indépendance, reste une infamie. Et elle ne mérite pas d’être discutée tout comme la célébration par le même ministre Mihoubi de vindicatifs néo-français, comme Merzak Allouache et Sid Ahmed Aggoumi décorés du Mérite national par l’Etat algérien.

Lorsqu’on a, à l’exemple de Benaïssa, quitté l’Algérie dans la déveine et qu’on y retourne pour y prendre, sans aucun scrupule, une part sauvage dans la paix retrouvée, forgée au prix du sang versé par ses enfants valeureux, on la désertera encore en cas de désastre. Le pays de ces invités, choyés par le ministre de la Culture, est la France, et c’est le titre de citoyen français que Merzak Allouache a retourné, sans ciller, en 2015, contre les Algériens qui lui ont fait le reproche de participer à des rencontres cinématographiques en Israël.

Kaddour Naïmi, qui avait rejoint ce débat, n’avait pas pris la défense de Slimane Benaïssa de 2018 et il feint désormais, avec candeur, se remémorer celui de 1969-70. Or, le dramaturge mis en cause est le Benaïssa actuel qui confiait à Madame Labat, s’exprimant dans son pays d’adoption : «Ici, j’ai un défaut majeur, c’est d’avoir des origines. Là-bas, c’est d’avoir une nationalité. Tout le monde cache sa nationalité française.» (La France réinventée, oc., p. 186). Et il est assez bravache pour ne point la cacher, sa nationalité française, qui l’éveillait aux stridences de La Marseillaise dans des aubes constellées. Il avait trahi, en 1993, son pays pour faire revivre et incarner dans sa personne l’idée de l’Algérie française délégitimée par le combat et le sacrifice des Algériens.

J’ai utilisé, il y a bien longtemps déjà, le terme «harki» dans le seul sens que lui attribue l’histoire du mouvement national algérien, sans lui imposer d’inappropriées béquilles d’expériences politiques, économiques et culturelles internationales. A titre d’exemple, le terme «collabo», qui s’est fixé dans le langage de la Résistance française pendant l’occupation nazie de la France (1940-45), serait impropre et n’aurait pas la même valeur dans un autre pays et une autre culture ; il en va de même pour le terme «koulak», cher à Kateb Yacine, dont la pertinence n’excède pas les limites spatio-temporelles de la Révolution d’octobre 1917 en Russie ; ou le typique «kapo» qu’il est difficile de détacher de l’univers concentrationnaire nazi. Il existe, sûrement, des centaines de termes ombreux dans leur idiome singulier, partout où les hommes insultent leur histoire.Il n’y a pas de «harki» universel. Laissons à l’Algérie la détestable fortune de ce vocable ignominieux, puisque des «harkis», il continuera encore à en naître sous nos cieux et qu’il faudra se résoudre à les reconnaître, les nommer et les combattre.

Celui qui écrit ces lignes n’a pas le souci d’«un retour d’affection» dans son pays ; il ne l’a jamais quitté et – au-delà de son travail d’enseignant et de chercheur – il a apporté son écot au débat culturel national depuis bien longtemps, quoiqu’il lui en ait coûté d’avoir fidèlement défendu l’Algérie, l’intégrité de sa culture et de son identité. Il n’a pas participé à mai 1968 en France pour y disserter à tire-larigot sur le sexe et la révolution, il n’a pas cherché à convaincre les Italiens (convient-il de le noter, la gauche communiste et les syndicats) d’un furieux militantisme frelaté, il n’a pas sillonné les routes de la Chine et tagué sa Grande Muraille ni poussé un vil canasson dans une course truquée, fusse-t-il de Troie. Il a souscrit, en toute humilité, à d’autres préoccupations plus utiles et plus accordées au devenir de sa société.

Il est plus simple lorsqu’on prend l’initiative d’un débat public de le faire dans la clarté, de dire de quelle histoire nous venons. Ce n’est pas toujours facile, ni évident.

A. M.

(*) Professeur de l’enseignement supérieur, écrivain et critique.

Comment (23)

    Anonyme
    24 juillet 2018 - 16 h 53 min

    Je suis presque saccagé par un article pareil et Il y ‘a de quoi. Un intellectuel qui ose blamer ses compatriotes pour avoir emigré dans des conditions particulieres. Il les accable de noms d’oiseau (mtorni, harki, mtourni..) . C’est vraiment bas comme raisonnement.
    Je regrette , mais le debat doit se faire sur l’oeuvre et non l’homme. Des qu’on commence a donner des etiquettes a quelqu’un, on s’eloigne du vrai debat et on essayer de le discrediter parce qu’on a pas d’autres d’arguments.
    Merdaci, je le dis encore une fois , tu as contribué a vulgariser la langue de Moliere depuis des annees. Je dirais aussi que tout enseignement d’une langue est ideologique. Tu as peut etre fait plus que le dramaturge que tu as vainement discredité en matiere de francisation et d’occidentalisation.
    Si on suit ton raisonnement , tout ceux qui vivent a l’exterieur sont des mtornis, meme si vous ne l’avez dit, vous l’avez surement pensé.
    La federation de France du FLN a apporte un soutien enorme a la revolution algerienne en matiere d’argent et d’hommes.
    Les manifestations des emigres a paris pendant la guerre ne suffisent pas a vos yeux?
    Les footballeurs du FLN n’ont -ils pas delaisse des carrieres immenses pour rejoindre Tunis.
    Oui certains ont fui par peur pour leurs vies, est-ce une trahison?
    Abane , Krim, Benkhedda, Ouamrane….. avaient-ils trahi en rejoignant la Tunisie pendant la guerre ?
    Tu n’arretes pas de vilipender certains ecrivains pour leur ecrits et leurs interviews ? c’est ton droit. Mais de la a les comparer au bachgha Boualem qui a tué beaucoup des ses compatriotes, c’en est trop.
    Je suis contre les declarations intempestives de Sansal sur l’Algerie et sur les propos de Daoud sur les Palestiniens faites comme pour plaire aux gens qui leur tendent le micro ou une page de journal, mais de la a les declarer Harkis ou mtornis , c’est de la surenchere gratuite.
    Ou qu’ils soient les Alegriens ont besoin d’union pour traverser ces temps difficiles. Nos tares et nos differences sont microscopiques par rapport a ce qui nous uni. Notre union est indispensable pour nous rassembler. Il n’y a pas de salut sans notre UNION. Je rappellee a nos lecteurs que la revolution de 1954 a uni toutes les regions et a gagne la guerre. Toutes les tentatives de soulevement avant 1954 ont echoue car elles etaient regionales ( Mokrani, L’emir Abdelkader, Les Ouled Sidi cheikh, Bouamama..). Alors inspirons nous-en loin des querelles qui n’ont pas de sens.

    Nasser Chali,
    Enseignant, Toronto.

    Je viens de voir la piece  » Babour Ghrak  » de Benaissa. J’avais le souffle coupe et les larmes aux yeux.
    Merci Benaissa, continuez dans ce sens. vous faites du bon travail!

    Anonyme
    13 juillet 2018 - 21 h 28 min

    Ya si boufahimo
    Au risque de me répéter je dis que la france durant les 40 premières années de la colonisation n’a eut face à elle que des Chefs religieux pour la combattre (de 1830 à 1870) d’ou elle a conclu que pour venir à bout de la résistance algérienne il fallait éradiquer l’Islam de ce pays…Lavigerie est apparu à ce moment….la suite tout le monde la connait….

    Hafidh Lalaoui
    12 juillet 2018 - 18 h 43 min

    Cher @ Anonyme 12 juillet 2018 – 16 h 01 min , vous parlez de la guerre de libération comme d’une guerre de religion mais je vous conseille d’apprendre à dire à propos des habitants de l’Agérie qu’ils sont d’abord et avant tout des … ALGERIENS ! Etre musulman n’est pas une nationalité. C’est juste une religion comme les autres ! On aurait pu être de chrétiens si le cours de l’histoire avait pris une autre tournure et qu’on n’avait pas connu la colonisation arabo-musulmane ! La guerre d’algérie a été commise contre des algériens par le colonialisme français et non contre … des musulmans ! Sinon la France aurait eu comme ennemi pas seulement les 9 millions d’habitants de l’époque en Algérie mais plus de un milliard de musulmans qui vivent partout dans le monde, ce qui est une abération !!

    Kharacho
    12 juillet 2018 - 14 h 11 min

    @Anonyme 11 juillet 2018 – 19 h 22 min , où avez vous lu que je défends « le colonialisme français » ??? N’importe quoi !! Une information que doit savoir : la guerre d’Algérie n’est pas une guerre de religion, n’est pas une guerre entre chrétiens et musulmans, c’est une guerre entre un colonisateur la France et un pays qui a subit cette colonisation l’Algérie ! C’est une guerre pour libérer le peuple algérien du colonialisme français et de la spoliation de ses terres ! certes l’islam nous a servi comme ciment, pour la mobilisation, mais il y aussi d’autres causes nobles, donc d’autres causes autre que la religion, que nous défendions !

    Même si on n’était pas musulman , même si on était pas des arabo-musulman , on aurait libérer notre pays de toute façon !

      Anonyme
      12 juillet 2018 - 16 h 01 min

      tu n’as rien compris à la colonisation française de notre pays qui ne ressemble à aucune autre dans le monde….C’était une colonisation de peuplement une colonisation totale qui nous a dépossédée de notre terre et a tenté de nous déposséder de notre religion et de notre identité….Ce fut une guerre de religion et ce n’est pas pour rien que des mausolées furent dynamités et des cheikhs de zaouïas déportés….Nos mosquées ont étés transformées en étables pour la cavalerie ennemie et nos écoles coraniques ont étés fermées….La france débarquant dans notre pays n’a eut comme opposition que les chefs religieux (ils le furent tous sans exception de l’Émir Abdelkader à bouamama en passant par cheikh el haddad et leurs cris de guerre etait « Allahou akbar »…Si la colonisation n’avait pas une arrière pensée religieuse et identitaire on n’aurait pas eut des livres d’histoires nous enseignant que nos ancêtres étaient les gaulois. Si tu avait fait l’école coloniale tu aurais eut droit aux leçons de catéchisme et à chanter la marseillaise..Alors arrêtes de te raconter des histoires…La colonisation française a été odieuse et criminelle et ne ressemble à aucune autre dans le monde.

        Kharacho
        12 juillet 2018 - 18 h 15 min

        @Anonyme 12 juillet 2018 – 16 h 01 min , encore une fois, je t’apprends que le colonialisme n’a pas détruit que des mosquées et des zouiyas . Il n’a pas ciblé que des « musulmans » comme tu les nommes toi. Il a décimé aveuglément des villages entiers en Kabylie et au Aurès, par exemple ! Donc si tu ne penses qu’à tes mosquées et tes zoauiya , sache que des ALGÉRIENS, pas tous nécessairement « musulmans » au sens où tu l’utilise toi , ont péri sous le napalm et les bombardements ! Souviens-toi aussi que la confrérie des Oulémas (tes amis) a mis beaucoup de temps pour comprendre ce qui se passe en Algérie et pour enfin se décider à rallier la cause nationale de lutte de libération du pays ! Koune S’baah , comme on dit !!

          Anonyme
          12 juillet 2018 - 21 h 07 min

          voici e que disait ton idole le cardinal de lavigerie  » : « Il faut relever ce peuple, il faut cesser de le parquer dans son Coran, comme on l’a fait trop longtemps, par tous les moyens possibles, il faut lui inspirer, dans ses enfants du moins, d’autres sentiments, d’autres principes, il faut que la France lui donne, je me trompe, lui laisse donner l’Evangile, ou qu’elle le chasse dans les déserts, loin du monde civilisé… Hors de là , tout sera un palliatif insuffisant et impuissant « . (C. Lavigerie : Lettre pastorale du 6 avril 1868). »

    Abou Langi
    12 juillet 2018 - 8 h 54 min

    Reprocher à Si Qeddour d’en faire trop sur ce sujet c’est l’hôpital qui se fout de la charité . Car en matière de rallonges on ne sait plus qui devrait prendre de la graine de qui tellement les mises aux point, les précisions et les compléments se percutaient.

    Comme au billard ou aux boules on tire avec les unes sur les autres. « Si Qeddour » a fini par fâcher tout le monde et irriter tous ses amis ainsi que les plus éminents de ses laudateurs qui naguère l’encenser pour se faire mousser eux-mêmes.

    A force de ressasser et de trop en faire on finit par irriter ses plus fervents admirateurs . Si Qeddour dans sa longue longue et harassante diatribe contre tous les zoizos qui gazouillaient à contre-chant a fini par pousser à la singularisation. Un de ses amis lui aurait dit qu’il « s’attaquait aux seuls écrivains qui le font encore rêver ».
    On sait qu’avec le temps le sens des mots se perd et s’émousse dans les méandres de l’étymologie. Ils se générisent . Mais c’est avec le temps. Là le mot harki est frais dans nos mémoires. Il a gardé toute sa virulence tant on nous l’a ressassé depuis 62 .Il renvoie immédiatement à son contexte dès qu’on l’emploie. Personne ne saurait dire qu’il l’emploie en toute innocence.

    Les contributions de Si Qeddour n’étaient pas des fictions. Et même si c’était la cas , celle-ci ne sont pas tout à fait neutres, : c’est d’ailleurs ce caractère allégorique qui renvoie toujours aux représentations qu’on se fait des sujets traités qui a valu à Sansal, KD, Benaissa tout le foin sous lequel on les a ensevelis.
    Ceci dit je ne voudrais pas employer des mots qui fâchent m^me si ce sont eux qui sièrent le mieux au sujet. Mais Merdaci et Si Qeddour se sont partagés la tâche- c’est aussi le cas de le dire. L’un est l’autre n’ont pas fait dans l’économie pour nous débiter et salir les plus illustres de nos écrivains qu’ils ont accusés de trahison , pour le moins. La division du travail à la Salomon.

    Cela me rappelle le Bon , la brute et le truand au cimetière de Sad Hill. Mais ça c’est une autre histoire.

      Abou langi
      12 juillet 2018 - 10 h 22 min

      Je ne manque pas d « R ». « Encensaient » et « siéent ».
      Jipalta pour le reste.

    Karamazov
    11 juillet 2018 - 17 h 25 min

    Outre que c’est d’une grande gentillesse pour Si Qeddour qui n’a pas su ménager sa peine pour se fendre en éloges pour Le Professeur et qui voit ainsi ses éminentes contributions d’une inégalable portée scientifique ravalées au rang de vulgaires élucubrations ou ragots de pilier de bar , cette mise au point est une magistrale leçon de sémantique et d’étymologie.

    Il est vrai qu’il y a contribution et contribution. Si le terme de « mtorni » prend toute son ampleur tant il domine et sied au champ sémantique qu’il traite ,le mot « harki » , lui, parait comme l’œuvre d’un faussaire tant qu’a force de rabâchage il lui usurpe la fonction.
    C’est la différence qu’il y a entre concept et mot.

    Cette mise au point est salutaire et remet les mots à leur place. Pas que les mots !

    Sidhoum Sid Ali
    11 juillet 2018 - 16 h 34 min

    Messieurs @Hamid , @LOUCIF et @Hakikatoune , merci pour vos contributions ! Bravo pour vos idées, vos explications claires et nettes ! Vous êtes dans le vrai , dans le réel et pas dans la démogogie politique partisane ou dans le patriotisme théatral ou le patriotisme du … « m’as-tu vu ?? !! !!

    Anonyme
    11 juillet 2018 - 16 h 30 min

    de très savantes explications, de subtiles définitions et de lointaines traces de préhistoriques mtornis algériens….mais tout ceci n’enlève rien au sens de mtorni qui est apparu pendant la colonisation et qui marquaient du sceau de l’infamie tous ceux qui tombaient dans les filets des évangélisateurs…..Il ne faut jamais oublier que les pères blancs étaient toujours dans le sillage des armées coloniales pour tenter de sauver les âmes égarées des indigènes que nous étions…. et pour récupérer les enfants orphelins rescapés des enfumades…Tout mtorni en plus était un rebelle en moins….Alors toutes ces justifications alambiquées sur le choix librement consentis c’est du pipo….Un certain boufahimou a même dit que les intellectuels qui avaient opté pour la nationalité française dans les années du terrorisme étayent dans le même sac que les mtornis! Pas du tout la nationalité n’a rien à voir avec la religion. Reppelez-vous que les peres blancs de Lavigverie à el harrach avaient fondé une distillerie pour fabriquer du vin, autre moyen subtil d’apporter la ciilisation aux indigènes arabes avec les « coteaux d’el harrach » et de « ain bessem »…..

      Kharacho
      11 juillet 2018 - 17 h 10 min

      @Anonyme 11 juillet 2018 – 16 h 30 min , il ne faut pas oublier aussi que quand la colonisation arabo-musulmane ou musulmane a envahi l’Algérie (ou la Numidie ou l’Afrique du Nord) on a aussi prétendu « sauver les âmes égarées » que nous étions avant son débarquement !

      Cher internaute, toutes les religions sont les mêmes. Elles utilisent les mêmes méthodes et les mêmes stratagèmes pour se répandre et s’implanter !! Toi tu penses que l’islam t’a sauvé, c’est ton choix et c’est ton droit !! Mais n’oublie jamais que c’est Dieu qui a créé toutes les religions révélées et elles sont donc TOUTES légitimes !

        Anonyme
        11 juillet 2018 - 19 h 22 min

        C’est ton droit le plus absolu de défendre la colonisation de l’Algérie et même de trouver des circonstances atténuantes à tous les évangélistes qui marchaient derrière les 400 généraux français qui avaient pris d’assaut une population sans défense……la colonisation de peuplement qui a frappé notre pays pendant plus d’un siècle restera parmi les plus génocidaires de toutes les guerres humaines…. Les colonisateurs français ont eut tout le temps qu’il faut pour former des générations de mtornis qui, comme certains commentateurs, s’auto désignent comme les avocats pour défendre à titre posthume des saint arnaud et autres clauzel ou négrier….Ceci dit chacun est libre de choisir la religion qu’il veut même celle de ceux qui ont massacrés 10 millions des siens…. Oui les pères blancs ont joué un rôle de supplétifs aux cotés des millions de légionnaires qui ont déferlé sur notre pays…

    BEKADDOUR MOHAMMED
    11 juillet 2018 - 12 h 05 min

    Nous sommes en Juillet, avec son principe saint de notre Indépendance, et ses réalités de 1962 à ce 2018, L’Indépendance était exposée à d’impensables difficultés, des Français ennemis ou simplement rationnels parièrent sur un possible échec, j’en ai affronté au moins deux, un consul et un évêque à Oran, le premier a voulu « Entourni », je l’ai refroidi, pas tué ! Juste dégoûté de sa nostalgie. Le second est une vipère qui vit une retraite dorée à Cherchell, un évêque type Lavigerie, qui doit depuis sa retraite nous concocter un mariage pour tous, afin d’abattre Le Principe d’Une Indépendance vertueuse… Alors vont-ils réussir à « Retourner » El Jazaïr, à retourner en Algérie, à nous tourner !!! Vont-ils nous imposer un nouveau référendum !!!

      Anonymous
      11 juillet 2018 - 13 h 06 min

      @BEKADDOUR MOHAMMED, waouh, oh mon Dieu …. quel langage, quels tons dans vos propos !!! Waach dak chez eux ????

    LOUCIF
    11 juillet 2018 - 11 h 43 min

    A l’attention de Monsieur @Anonyme 11 juillet 2018 – 8 h 34 min .

    Cher frère algérien, il faut que vous sachiez que la religion chrétienne n’est pas la religion du colonisateur. Il faut que vous vous mettiez dans la tête que la guerre de libération n’est pas une guerre de religion mais une lutte pour la libération du pays, une lutte indépendance contre le colon français, même si l’islam a joué un rôle de ciment entre les algériens ! La religion chrétienne est une religion comme une autre, elle n’est pas le privilège du colon français mais de plusieurs autres nations, pays. C’est une religion comme celles des autres livres révélés (Coran , Torah, ) et d’autres croyances ! Il faut savoir que les moudjahidine dans nos maquis ou qui militaient à l’étranger pour l’indépendance n’étaient pas tous SANS EXCEPTION des musulmans pratiquants. Il y avait parmi eux des chrétiens, des communistes et des athées qui participaient à la lutte armée comme les moudjahiddine musulmans ! Le vrai sens de moudjahiddine est « martyrs ». Or il en existe dans tous les pays du monde des martyrs, chaque pays à ses propres martyrs ! Les chrétiens, les communistes et les athées qui sont morts pour l’Algérie sont eux aussi NOS martyrs .

    Quand on choisit une autre religion que celle de l’islam, même dans notre pays, on n’est pas m’torni, on fait simplement un choix de conscience, un choix de culte, un choix de foi , comme vous vous l’avez fait , je suppose, pour l’islam. ! Même si on vous a appris qu’un musulman qui quitte sa foi pour choisir une autre religion est un traitre (m’torni ou je ne sais quoi) et qu’il faut décréter l’apostasie contre lui, le chasser, l’exclure, il faut savoir que ce n’est pas Dieu qui a ordonnée tout cela mais « l’homme » lui-même ! Dieu ne peut pas être contre une religion donnée , c’est absurde puisque c’est lui qui a révélé tous les livres religieux existants ! Bon courage mon frère et mes respects !

    Hakikatoune
    11 juillet 2018 - 11 h 17 min

    J’estime qu’il faut arrêter de montrer du doigt sans arrêt tous les algériens cadres, les médecins, les enseignants, les intellectuels, les journalistes, les écrivains, ainsi que les simples citoyens qui se sont exilés dans les années 90 et qui ont pris par la suite la nationalité française ou celle du pays d’accueil ! Il faut reconnaître qu’ils l’ont fait d’abord pour sauver leur peau et c’est très, très sérieux comme histoire pour beaucoup d’entre eux. On n’a qu’à voir le nombre d’assassinats et de crimes après l’arrêt du processus électoral, qui a touché certes pas seulement les cadres. Si par la suite, ils ont jugés utile de prendre la nationalité française (ou canadienne, ou britannique ou Belge …) c’est souvent pour se considérer comme citoyens à part entière dans les pays d’accueil et pour accéder à des droits élémentaires de citoyen (accès au logement, à la santé, à l’intégration par le travail etc..etc..) et se sentir quelque part protéger. Ils ne vont pas se laisser fragiliser et se laisser tomber dans la précarité surtout que beaucoup sont partis en famille. Il faut être sadique pour ne pas comprendre cela.

    Certes ils auraient pu ne demander que la carte de séjour, mais il faut savoir tous les tracas pour renouveler périodiquement cette carte ! Et puis, il y a une autre réalité : certains n’étaient pas bilingue et l’arabisation du pays a eu raison d’eux ! Tant mieux pour ceux qui ont pu resté car ils maîtrisent les deux langues mais quand on arrive à 40 – 50 ans et qu’on ne maîtrise que la langue française seulement, ce n’est pas de sa faute ! Si des personnes s’amuse à dire pourquoi ils n’ont pas fait l’effort d’apprendre leur langue nationale même à 50 ans, je leur réponds pourquoi aussi tous les algériens ne font pas l’effort d’apprendre leur deuxième langue nationale qui est le Tamaziht et ils comprendront pourquoi ! Il faut arrêter avec les « ils n’ont qu’à » !!

    Que je sache, à ma connaissance, dans leur très, très grande majorité ces algériens exilés n’ont jamais trahi leur pays et non jamais travaillé en intelligence avec les services des pays étrangers pour nuire ou déstabiliser l’Algérie ! La très, très grande majorité est restée patriote et aiment toujours son pays ! Maintenant s’il y a deux ou trois chats d’algériens qui sont dans ce cas ce n’est pas le cas des milliers et des milliers de cadres et d’intellectuels etc… qui ont quitté leur pays pour devenir des ennemis du pays ! Maintenant si critiquer la politique du pouvoir, si critiquer Bouteflika et son gouvernement, si critiquer l’islam politique c’est de la haute trahison, le débat n’est plus un débat ! Et puis pour ceux qui disent qu’ils ont reçu un paye, un salaire de l’Etat algérien dans les années passés et qu’ils n’ont pas le droit de critiquer le pays, est-ce qu’il faut de ce fait être obligé de jouer aux laudateurs, à la serpillière et à la carpette du pouvoir ??? Le salaire qu’ils ont reçu est la contre-partie de leur labeur, de leur travail comme tous les autres citoyens ! De toute façon, le salaire qui ont perçu ne sort pas de la poche du pouvoir, de Bouteflika ou de Ouyahia ou de Ould Abbes , mais c’est celui du budget de l’Etat Algérien, de la rente pétrolière, des revenus de l’économie , donc de l’argent qui appartient à tous les citoyens algériens !

    PS 1 : Par exemple, il y a une haine contre Yasmina Khadra, kamel Daoud ou Slimane Benaissa que je comprends pas beaucoup et que j’estime trop exagérée sauf à considérer qu’il y a une jalousie derrière ou une accointance trop proche avec le pouvoir en place pour faire le travail de sape pour compte ! Çà n’a rien à voir par exemple avec le cas Ferhat Mehenni, bien que je comprenne pourquoi il en est arrivé là , et je condamne sans réserve son projet d’indépendance de la kabylie. Il faut reconnaître que ces trois intellectuels que j’ai cité n’ont pas attendu d’être à l’étranger pour montrer leur orientation politique, leurs critiques sur l’intégrisme religieux, leur point de vue sur l’islam politique, sur la société algérienne en général, sur l’écriture de l’histoire lointaine ou récente de notre pays et sur la nature du pouvoir algérien évidemment etc… etc..

    PS 2 : on peut retourner les critiques envers ceux qui sont restés dans le pays et les suspecter d’être complice ou en accointance avec le pouvoir qui les as protéger d’une manière ou d‘une autre …. au Club des Pins ou ailleurs !! Et oui, chacun le droit de critiquer et de développer son point de vue, n’est-ce pas ??!!! !

      Hamid
      11 juillet 2018 - 14 h 18 min

      Je suis tout à fait d’accord avec Hakikatoun et je déplore l’attitude de Bekkadour.
      Ancien cadre de l’Algérie que j’ai servie sans me servir, ayant connu la geole coloniale à 17 ans, j’ai dû fuir mon pays bienaimé dans des circonstances dramatiques, à l’âge de 53 ans. J’ai dû ramener un à un les membres de ma famille pour vivre en France dans des conditions proches de celles d’ un SDF. Deux de mes enfants ont » laissé des plumes » lors de cet exil qui les a traumatisés à vie. Craignant à juste titre pour ma vie dans le nouveau pays de résidence, mes bourreaux ayant le bras long, j’ai pris la précaution de me naturaliser sans avoir aucunement le sentiment d’avoir trahi quelque cause que ce fût.
      J’en veux à ceux qui sont responsables du chaos algérien, ceux qui ont voulu troquer le développement progressiste du pays contre l’économie de bazar, source de leur enrichissement illégitime. J’en veux à ceux qui, pour parvenir à cette fin ont introduit de façon inopportune un multipartisme de façade et trompeur qui a fait surgir l’islamisme qu’ils croyaient maîtrisable.
      Ceux qui sont restés au pays ne couraient pas de danger personnel soit qu’il n’aient pu partir. En tout cas, ils avaient le choix de rester.
      M. Bekkadour, vous m’offensez et me faites souffrir atrocement par votre jugement de faux héros, de Gandhi tranquille. Vous ne savez pas ce que c’est l’exil et le mal atroce de perdre ses parents sans possibilité de revenir à la hâte les accompagner à leur dernière demeure.
      Dieu vous pardonne!

        hamid
        11 juillet 2018 - 19 h 32 min

        @bekkadour: Veuillez m’excuser. Je m’adressais à M. Abdellali Merdaci, l’auteur de l’article. Je regrette cette bourde. Il reste que M. Abdellaoui outrage tous ceux qui ont été contraints de fuir leur patrie et dont ils parlent comme s’il s’agissait de gens frivoles entichés de la Tour Eiffel. C’est comme s’il blâmait les « harragas » contraints, eux, par un système défaillant à rechercher d’autres cieux plus cléments économiquement.

    Anonyme
    11 juillet 2018 - 8 h 34 min

    J’avais à peine 6 ans quand j’ai croisé le mot mtorni qui désignait les voisins algériens qui pratiquaient la religion catholique…J’allais à la meme école maternelle que les enfants des mtornis du côté du quartier de lavigerie à el harrach …Sur le chemin de l’école on croisait parfois les fameux pères blancs qui portaient de longues barbes et les enfants des mtornis couraient vers eux pour avoir des bonbons….Les pères blancs les connaissaient presque tous de visage et les appelaient par leurs prénoms….Preuve qu’ils les avaient peut-être baptisés ou qu’ils connaissaient leurs parents qui fréquentaient leur église chaque dimanche…Tout ceci pour dire que le mot mtorni désignait celui qui avait adopté la religion du colonisateur et désigne toujours Celui qui renie l’Islam pour adopter une autre religion….Evidemment le mtorni de l’époque de la colonisation est beaucoup plus blâmable que celui d’aujourd’hui car il avait une double casquette Mtorni/harki

      bougie
      11 juillet 2018 - 10 h 03 min

      Margueritte Taos Amrouche et Jean Amrouche étaient des algériens de confession catholique ,leurs parents s’étaient convertis au dix – neuvième siècle avant leur mariage ,ils étaient algériens que je sache ! Saint Augustin était chrétien alors que l’islam n’existait pas encore ,les berbères étaient souvent christianisés avant l’arrivée des envahisseurs arabes .La religion ne fait pas l’homme ,on n’est pas condamné à avoir la religion des parents ,c’est un choix qui doit être libre à l’âge ou on peut choisir ,jeune adulte et non imposée dès le berceau sans pouvoir changer et devenir un apostat .La liberté de culte doit être totale et l’athéisme un choix personnel si l’on veut .La religion ,la politique , l’origine doivent rester à leur place ,il ne doit pas y avoir de religion « d »état  » c’est un non sens chacun est libre de sa pensée sans l’imposer à l’autre !

      Anonyme
      17 juillet 2018 - 22 h 20 min

      PS: au fait, est-ce que la bâtisse du monastère de saint joseph situé dans l’enceinte de la grande mosquée d’Alger, batie par les pères blancs dans les années 1870 et qui a servi de noviciat des Pères blancs, a été rasée ou pas encore…..Peut être que les responsables ont décidé de la laisser en l’état pour le cas ou …

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