L’autre grand chantier

filles
Il s'avère que les jeunes Algériennes sont plus studieuses que les garçons. D. R.

Par Sadek Sahraoui Aidés par des spécialistes, la plupart des médias se sont consacrés ces derniers jours à décortiquer les résultats du baccalauréat et à essayer de comprendre particulièrement pourquoi les filles réussissent mieux que les garçons en Algérie. En réalité, l’intérêt de la presse pour l’école et la qualité des enseignements qui y sont prodigués ne s’est pas manifesté uniquement à l’occasion de la publication des résultats du BEM ou du bac. C’est presque à longueur d’année que les journalistes en parlent tant le sujet intéresse beaucoup et concerne l’avenir de nos bambins et celui du pays. Et c’est tant mieux car sans une école de qualité, notre pays ne pourra pas aller loin. A contrario, il y a un débat non moins important qui a du mal à s’enclencher. C’est celui sur l’université.

L’idée ici n’est pas de pousser à la révolte ou de dire que rien ne s’est fait ces dernières années pour rehausser le niveau de l’enseignement supérieur. Non, ce n’est pas du tout le cas. Il s’agit d’essayer de comprendre, par exemple, pourquoi les filières des sciences humaines ne sont pas aussi performantes que les filières scientifiques. Cela se vérifie d’ailleurs à travers le fait que nos médecins, nos informaticiens et nos électroniciens s’exportent beaucoup mieux que nos psychologues, nos philosophes, nos sociologues, nos linguistes ou nos politologues.

A quoi est dû ce décalage ? Est-ce un problème de programme ou de qualité des enseignants ? Les autorités considèrent-elles que les sciences humaines ne sont pas dignes d’intérêts ? En l’absence d’une étude sérieuse, il est bien évidemment impossible de connaitre avec exactitude les raisons de la médiocrité dans laquelle se débattent les sciences humaines en Algérie. Pourtant, il n’est de secret pour personne que la maîtrise de ces sciences est extrêmement importante pour comprendre la société et soigner ses maux. Elles sont d’égale importance que tout le reste.

Le constat est difficile à comprendre lorsque l’on sait qu’il fut un temps où l’Algérie était, par exemple, réputée pour avoir des écoles d’excellente qualité en sociologie, en psychologie et en sciences politiques. Pourquoi et comment ce précieux héritage a-t-il été dilapidé ? Quelles qu’en soient les réponses, le temps est venu de prendre le taureau par les cornes et de remédier très vite au problème, car pour le moment, l’université est en train de dépenser inutilement de l’argent pour «former» des gens dont les diplômes ne valent pas grand-chose. Et ce n’est là qu’un euphémisme.

S. S.

Comment (5)

    Du cote d'chez Swann
    25 juillet 2018 - 0 h 46 min

    La pensée étant humaine, jusqu’à acceptation pour les autres, il n’y’a donc rien d’anormal d’en user à satiété. Or, à force de penser sans moyens suffisants on finit par se heurter au mur des refus, ça ne passe pas, car la logique, cette autre faculté humaine que les autres semblent malheureusement pour nos croyances (déjà !) mieux parfaire l’usage, elle rejette tout simplement ce qui n’est pas de son gout. Cependant, la pensée n’est pas en soit une arme invincible toutes faite pour mater tout ce qui bouge. Elle comporte des imperfections qu’il faudrait améliorer sans cesse pour que ses produits soient compétitifs sur le marché des idées. Ces imperfections sont naturelles, innées, intrinsèques, immunitaires même… car nécessaires pour la survie de cette pensée qui semble à son tour dotée d’une certaine conscience de nous,et qu’ ignore comment; sinon pourquoi elle nous fait toujours jouer des tours à nous-mêmes malgré l’outil pourtant bien performant de la logique? Et c’est justement de ces mêmes tours qu’il s’agit, quand on parle de modes de pensée, de produit intellectuel et d’école.
    La pensée arrive malgré tout à nous faire mentir à nous-mêmes, à nous faire avaler nos propres mensonges les yeux fermés, et à nous faire croire que les autres, cette fois-ci les humains, devraient les avaler même les yeux ouverts. Et plus écarquillés nos yeux sont… plus grosses les couleuvres que nous seront capables d’avaler. Et c’est pour cela qu’il faut s’abstenir de s’étonner de quoi que se soit pour ne plus tomber dans le piège de la pensée. Et c’est pour cela justement que ceux qui se contentent de croire excellent contre la pensée pour endiguer le risque de tomber dans le piège de la logique…et végètent ainsi en dehors du monde pratique.
    Ainsi, il y’a ceux qui confondent science et croyance et ceux qui ne veulent croire qu’en la science. Or la science comme les croyances sont toutes les deux filles de la pensée qui habille la première de logique pour qu’ici bas il faut se lever tôt, cravacher, suer et se faire chier s’il le faut pour gagner un bout de pain pour lequel il faudrait encore faire la queue chez le boulanger. Et c’est en plus la science qui va t’le faire gagner, pas la croyance. La seconde est habillée d’émotions pour faire oublier les peines de la première, et parait-il au paradis, d’après les textes religieux, c’est tout l’inverse qui se produirait…un clin de pensée et tout est exhaussé.

    Malgré tout cela, nos écoles continuent à aliéner nos enfants au lieu de leur inculquer les sciences, et il vous sera plus difficile de dissuader un universitaire d’une croyance inutile que de convaincre un analphabète athée de l’existence d’un bon dieu.

    N.B: Tout ce que je dis est sans façons.Je respecte les idées sceptiques tout autant que les religions.

    A3ZRINE
    24 juillet 2018 - 21 h 25 min

    Vous voulez révolutionner les sciences humaines, alors changez de langue et vous verrez l’évolution ou plutôt la révolution !!!

    MELLO
    24 juillet 2018 - 19 h 35 min

    L’education nationale ne merite ,aucunement, ce traitement au rabais s’exprimant en taux de reussite depuis l’examen de sixieme. Les differents ministres qui s’y sont succedes , puisque le secteur est politise’, n’agissent qu’en terme de taux de reussite, sans pouvoir ou savoir apporter une reforme en conformite’ avec la personnalite’ Algerienne. L’Algerien, de par sa nature , s’exprime et raisonne verbalement, c’est a dire qu’il est loin de l’ecrit : l’expression orale predomine dans la societe’ Algerienne. Les Sciences Humaines sont des matieres basees sur la redaction , comme ce sont les premieres matieres a etre arabisees ,elles ont subi un refoulement psychologique de la part des eleves, un rejet fondamental de ce qu’on leur enseigne. Contrairement aux matieres scientifiques , l’art de demonstration par des formules permet aux eleves de s’adonner plus facilement a cet exercice. De plus, ces matieres repondent aux memes criteres d’appelation que les langues etrangeres.
    Quant au cursus des eleves en general , les filles se placent un double objectif ,celui d’aller le plus loin possible dans les etudes ,ce qui leur permettra de sortir de la maison pour echapper au carcan de la fraterie . Par contre leurs camarades du sexe oppose’, la liberte d’agir est fondamentale, c’est ainsi que le gain facile d’argent devient ineluctable ,car l’environnement est propice avec l’installation de tables sur le trottoir ou encore ce phenomene de produits prohibes qui happe nos jeunes. Partis de 50/50 en premiere annee fondamentale, le taux arrive a 70/30 pour les filles en 9e AF , pour tourner autour de 80/20 au BAC en faveur des filles. A l’universite, cette balance reste maintenue, mais les filles sortent plus rapidement du cursus universitaire.
    La feminisation de tout ce secteur , notament eleves et etudiants , permet au pouvoir d’avoir une assurance qu’il n y est pas de revendications ou autre mouvement.
    Le grand chantier a ouvrir ,c’est de revenir au bilinguisme dans les cycles primaire, moyen et secondaire, pour bien preparer l’eleve aux etudes superieures lesquelles sont dispensees en langue etrangere. Le deuxieme projet reste l’orientation apres le BAC selon le voeux de l’eleve, car on ne doit pas «  jouer » avec l’avenir des enfants.

    Anonyme
    24 juillet 2018 - 18 h 56 min

    Les sciences humaines n’ont pas la côte non plus en France.
    D’ailleurs la filière psycho a toujours été considérée comme la filière poubelle à savoir les étudiants qui ne savent pas ce qu’ils veulent faire ou qui ne peuvent s’inscrire dans une autre filière.
    Histoire c’est pareil hormis faire prof aucun débouché.
    Science Po piston cooptation fils et fille à papa. Ça vaut pour les écoles de commerce sélection par le fric pas au mérite. Idem pour les stages piston et cie jusqu’au débouché professionnel seuls les fils et filles à papa qui ont leur voie toute tracée et s’en sortent même et surtout avec un niveau médiocre.
    La qualité de l’enseignement universitaire en France a énormément baissé.
    PS : au moment où je vous écris je regardais un documentaire sur la Palestine et les enfants palestiniens leur éducation, filmés en classe etc…magnifique.

    Abou Stroff
    24 juillet 2018 - 15 h 09 min

    pour comprendre pourquoi les filières des sciences humaines ne sont pas aussi performantes que les filières scientifiques, il suffit d’avancer deux arguments imparables:
    1- les filières des sciences humaines (contrairement aux filières dites scientifiques) sont des filières arabisées. si nous acceptons l’hypothèse que l’arabe n’est pas, au moment présent, une langue véhiculant une pensée scientifique, alors, il n’est nul besoin de s’interroger sur la médiocrité qui règne au sein des facultés des sciences humaines où la derwacha remplace la pensée rationnelle.
    2- si les sciences humaines se mettaient à être performantes alors, le pouvoir en place composé essentiellement d’individus incultes pour ne pas dire de parvenus serait dans un embarras extrême. car, les algériens lambda se mettraient à réfléchir et à poser des questions qui fâchent, du genre: pourquoi, en algérie, le « chef » se comporte toujours comme si l’algérie et les algériens lui appartenaient, corps et âme.
    moralité de l’histoire: dans un système basé sur la distribution de la rente et la prédation, les couches sociales qui dominent doivent agir de telle sorte à ce que les individus lambda ne dépassent jamais le statut d' »automates » (d’où l’accent mis sur les filières dites scientifiques. un médecin ou un physicien n’est guère armé pour remettre en cause l’ordre établi, n’est ce pas?) ou de tubes digestifs ambulants (le tubes digestifs n’a pas les moyens de faire la révolution, n’est ce pas?).
    PS: une pensée scientifique au sein des facultés des sciences sociales serait antinomique avec l’idéologie religieuse qui domine la société algérienne dans son entièreté.

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