Les intégristes reviennent en force : Bouteflika sur les traces de Chadli ?
Par Karim B. – Des extrémistes religieux ont conduit une prière de rue à Sidi Bel-Abbès pour empêcher la tenue du festival de la musique raï dans cette ville. A Ouargla, ils ont dirigé les manifestations qui ont conduit à l’annulation de concerts de musique interprétés par la population locale comme une tentative du pouvoir d’amadouer les habitants du Sud «abandonnés par Alger».
Le retour en force des intégristes dans toutes les villes du pays est un signe qui ne trompe pas. A l’approche de l’élection présidentielle de 2019, les affidés du FIS dissous comptent bien occuper la rue et revenir au-devant de la scène à la faveur du flou politique qui caractérise le pays, en raison de l’absence «physique» du chef de l’Etat et des derniers scandales liés la tentative d’introduction de plus de 701 kilos de cocaïne et des affaires de corruption et de trafic d’influence qui ont en découlé.
Les islamistes n’ont pas changé de méthode. Ils surfent sur la colère des citoyens et profitent de la crise pour reprendre du poil de la bête et s’imposer comme acteurs «incontournables» sur la scène politique nationale.
Le laxisme de l’Etat vis-à-vis des agissements des hordes fanatisées adoubées par le ras-le-bol général qui semble s’emparer d’un grand nombre de citoyens dans tout le pays n’augure rien de bon. La rentrée sociale s’annonce chaude, et rien n’exclut un retour à l’instabilité.
L’attaque terroriste de Skikda est un autre signe révélateur de la stratégie des extrémistes qui ne désespèrent pas de faire revivre aux Algériens les affres de la décennie noire. Se sentant renforcés par la faiblesse de l’Etat, en dépit des efforts titanesques de l’armée et des autres corps de sécurité qui maîtrisent la situation sur le terrain, les islamistes n’en sont pas moins convaincus que la voie est désormais dégagée devant eux pour mener des «actions pacifiques», en poussant à l’occupation de la rue sans commettre les mêmes erreurs du FIS à la fin des années 1980 et au début des années 1990.
Mais le pouvoir politique, lui, semble emboîter le pas au président Chadli Bendjedid et à son Premier ministre, Mouloud Hamrouche, qui ont fait preuve d’une naïveté puérile face au péril intégriste.
Y a-t-il un calcul politique derrière cette propension à la réislamisation de la société ? En tout état de cause, le pays est réellement en danger.
K. B.
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